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Y aura-t-il des comédies féministes à Noël ?

Publié le 23/12/2022

Modifié le 16/01/2025

Comme toute bonne réunion familiale qui se respecte, Noël est souvent l’occasion de voir ressurgir des stéréotypes en cascade : déballage de jouets genrés, femmes affairées en cuisine et, à la fin du repas, une bonne comédie hétérocentrée émaillée de quelques blagues racistes. Pourtant, si dans la répartition des tâches en famille, l’évolution est lente, sur les écrans, les choses sont peut-être en train de changer.  

On se sou­vient du drame roman­tique Car­ol, en 2015, dans lequel deux femmes vivant dans les années 1950 tombaient amoureuses sur fond de fêtes de Noël. On peut aujour­d’hui décou­vrir Ma belle-famille, Noël et moi – dans lequel Kris­ten Stew­art prévoit de deman­der sa copine en mariage entre le fro­mage et la bûche. Dans Que souf­fle la romance, un jeune homme gay dés­espéré­ment céli­bataire, tente de bern­er sa famille en invi­tant son meilleur ami à dîn­er au réveil­lon. Rien de très révo­lu­tion­naire dans ces intrigues. Mais les per­son­nages : des gays, des les­bi­ennes, des femmes indépen­dantes, font souf­fler sur les films de Noël un air de renou­veau. Pro­posées depuis quelques années par la plu­part des plate­formes VOD et SVOD ces comédies de fin d’année aux thé­ma­tiques fémin­istes ou LGBT+ sont pro­duites aux États-Unis, en Espagne, mais aus­si en France.

Les trois épisodes de Christ­mas Flow, sor­tis l’année dernière sur Net­flix, met­tent en scène la ren­con­tre amoureuse d’un rappeur misog­y­ne et d’une jour­nal­iste fémin­iste. Sans aller très loin dans son mes­sage poli­tique, la min­isérie témoigne mal­gré tout d’un change­ment d’époque : « Il y a beau­coup de digues qui ont sauté ces dernières années, explique sa coscé­nar­iste Mar­i­anne Levy, parce que l’intimité est dev­enue quelque chose qui est mis en débat. Ça per­met de don­ner de la place à des créa­tions qui embrassent ces ques­tion­nements. » De fait, les intrigues inter­ro­gent de plus en plus sou­vent les stéréo­types et les logiques d’oppression. Dans Christ­mas Flow, l’amoureux rappeur prend con­science de ses biais sex­istes et finit par mod­i­fi­er les paroles de ses chan­sons : « Nous avons voulu inter­roger la lim­ite de l’art, la respon­s­abil­ité de l’artiste et le traite­ment médi­a­tique du fémin­isme », analyse Mar­i­anne Levy.

« Les gens ont envie de regarder des choses dif­férentes. »

Ce change­ment de per­spec­tives, à l’œuvre dans les comédies de Noël, racon­te plus large­ment l’évolution de l’ensemble des pro­duc­tions. « Ce n’est pas qu’une ques­tion d’image et de “fem­i­nism wash­ing”, analyse la scé­nar­iste et réal­isatrice Léa Dom­e­n­ach, mais c’est aus­si que les gens ont envie de regarder des choses dif­férentes. » La série Jeune et Gol­ri (OCS) qu’elle a cosignée avec Agnès Hurs­tel, en 2021, a reçu le prix de la meilleure série française au fes­ti­val Séries Mania.

Ma belle-famille, Noël et moi, met en scène un couple de lesbiennespassant les fêtes dans leur famille très conservatrice.

Ma belle-famille, Noël et moi, met en scène un cou­ple de les­bi­ennes pas­sant les fêtes dans leur famille très con­ser­va­trice.

Pour autant, « il n’y a pas encore d’industrie du ciné­ma où les films fémin­istes sont majori­taires » explique Pauline Le Gall, jour­nal­iste et autrice d’un essai inti­t­ulé Utopies fémin­istes sur nos écrans (édi­tions Daronnes, 2022). Peut-être parce que les réal­isa­teurs restent  […]

en grande majorité des hommes, a pri­ori moins con­scients des oppres­sions de genre. Selon la dernière étude du Cen­tre nation­al du ciné­ma et de l’image ani­mée (2020), 25,9 % seule­ment des films français pro­duits en 2019 ont été réal­isés ou coréal­isés par des femmes. Ce n’est pas mieux aux États-Unis, où, égale­ment en 2020, le rap­port annuel du Cel­lu­loïd Ceil­ing dénom­brait 16 % de réal­isatri­ces à l’œuvre sur les 100 pre­miers films du box-office états-unien. Pour­tant Léa Dom­e­n­ach croit à une ten­dance de fond, au-delà de l’effet #MeToo : « Il y a aus­si une prise de con­science qu’on racon­tait tou­jours là même chose, du même point de vue. Il y a dix ans, on ne nous [les réal­isatri­ces] appelait pas et on voy­ait nos copains qui nous pas­saient devant. Aujourd’hui, ce n’est plus du tout le cas. Ils cherchent des femmes. »

L’arrivée des plate­formes de vidéo à la demande sur le marché de la dif­fu­sion a per­mis d’élargir l’offre de films et de séries, et donc, mécanique­ment, des pro­duc­tions fémin­istes et queer. Mais les lois de l’audience ren­dent les films plus frag­iles : « On est vrai­ment dans un pro­duit mar­ket­ing, pas dans une logique intel­lectuelle ou artis­tique, explique Car­o­line San Mar­tin, doc­teure en études ciné­matographiques. C’est un pro­duit qui marche. Le jour où ça ne marchera plus, ça chang­era. » En d’autres ter­mes, si, un jour, les thé­ma­tiques fémin­istes et LGBT+ passent de mode, ces films tomberont aux oubli­ettes.

« 25,9 % SEULEMENT DES FILMS FRANÇAIS PRODUITS EN 2019 ONT ÉTÉ RÉALISÉS OU CORÉALISÉS PAR DES FEMMES. »

L’arrivée des plate­formes de vidéo à la demande sur le marché de la dif­fu­sion a per­mis 2019d’élargir l’offre de films et de séries, et donc, mécanique­ment, des pro­duc­tions fémin­istes et queer. Mais les lois de l’audience ren­dent les films plus frag­iles : « On est vrai­ment dans un pro­duit mar­ket­ing, pas dans une logique intel­lectuelle ou artis­tique, explique Car­o­line San Mar­tin, doc­teure en études ciné­matographiques. C’est un pro­duit qui marche. Le jour où ça ne marchera plus, ça chang­era. » En d’autres ter­mes, si, un jour, les thé­ma­tiques fémin­istes et LGBT+ passent de mode, ces films tomberont aux oubli­ettes.

Un mod­èle de famille blanche et bour­geoise

Autre lim­ite à la portée de ces comédies, le sché­ma nar­ratif pro­pre au film de Noël : la famille reste le motif cen­tral qu’un élé­ment per­tur­ba­teur vient déséquili­br­er. « Même quand elle ne cor­re­spond pas au sché­ma tra­di­tion­nel, avec des per­son­nes homo­sex­uelles en son sein, on y retrou­ve représen­tés tous les codes de la bour­geoisie », déplore Car­o­line San Mar­tin. Pauline Le Gall renchérit : « La majorité des pro­duc­tions est hétéronor­mée et blanche et les car­cans nor­mat­ifs sont encore très présents. »

Peut-on, dès lors, con­tin­uer à regarder des comédies de Noël tout en se revendi­quant fémin­iste ? La réponse se trou­ve peut-être auprès de Rox­ane Gay, autrice de l’essai à suc­cès Bad Fem­i­nist (Denoël, 2014). Dans une inter­view pour un doc­u­men­taire don­née en 2020, elle explique, par un exem­ple élo­quent, le titre de son ouvrage : « J’aime les comédies roman­tiques même si elles véhicu­lent des idées fauss­es sur ce que sont les his­toires d’amour dans la vraie vie et pour moi, c’est ça être une mau­vaise fémin­iste ! »

Et parce que c’est Noël, La Défer­lante vous a con­coc­té une petite sélec­tion :

  • Smi­ley (2022) est une série espag­nole qui racon­te l’histoire de deux hommes gays, que tout oppose, unis par le même désir du grand amour.
  • Dans Ma belle-famille, Noël et moi (2020), une jeune femme les­bi­enne voit ses plans de demande en mariage pen­dant le repas de Noël con­trar­iés par sa belle-famille.
  • Que souf­fle la romance (2021) met en scène un jeune homme gay qui, le soir de Noël, tente de cacher à sa famille qu’il est tou­jours céli­bataire.
  • Noëlle (2019) n’est pas un film roman­tique mais une comédie fémin­iste et soro­rale où la petite-fille du père Noël retrou­ve son frère pour assur­er la dis­tri­b­u­tion des cadeaux le soir de Noël.
  • Un Noël d’enfer (2020), pre­mier télé­film de Life­time, société de pro­duc­tion de films de Noël, racon­te l’histoire d’un jeune avo­cat gay qui retourne chez sa mère pour les fêtes et tombe amoureux d’un ancien cama­rade de lycée.

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Marie-Agnès Laffougère

Journaliste indépendante, elle travaille pour Têtu, Livres Hebdo et Radio France sur des sujets liés au genre et aux questions LGBT+. Voir tous ses articles


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