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La photographe Nona Faustine visibilise l’histoire de l’esclavage

Publié le 28/07/2023

Modifié le 16/01/2025

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue papi­er La Défer­lante n°11 Habiter, en août 2023. Con­sul­tez le som­maire

Dans sa série White Shoes, l’artiste africaine-améri­caine Nona Faus­tine se con­fronte à l’histoire de l’oppression raciste. À New York, elle pho­togra­phie des lieux et des bâti­ments, ni spec­tac­u­laires ni con­nus pour leur his­toire, afin de don­ner à voir le rôle cen­tral qu’ils ont joué dans la traite des esclaves. Dans cette optique, Nona Faus­tine doc­u­mente avec pré­ci­sion leur impli­ca­tion dans le sys­tème esclavagiste : site de vente aux enchères d’hommes, de femmes et d’enfants, fer­mes d’esclaves, sites côtiers où accostaient les navires négri­ers. Ces auto­por­traits mis en scène ren­dent un corps et une voix à celles et ceux qui ont dis­paru, mais aus­si à celles et ceux qui en por­tent l’héritage à présent. L’artiste rend tan­gi­ble la com­plex­ité de l’histoire de l’esclavage, de ses par­ties exposées à celles qui sont cachées, voire invis­i­bles.

 

Photo : Nona Faustine. Crédit : Courtesy Nona Faustine and MACK.

« Walk To Free­dom Fred­er­ick Dou­glass » (Marche vers la lib­erté Fred­er­ick Dou­glass), Church St & Lispe­nard St, NYC, 2015. Nona Faus­tine se met ici en scène dans les pas de Fred­er­ick Dou­glass. Cet ancien esclave abo­li­tion­niste explique dans son auto­bi­ogra­phie que c’est en arrivant à cet endroit,en 1838, alors qu’il se rend chez son cama­rade de lutte David Rug­gles, qu’il se sent « en terre libre ». Pho­to : Nona Faus­tine. Crédit : Cour­tesy Nona Faus­tine and MACK.

« Like A Pregnant Corpse The Ship Expelled Her Into The Patriarchy » (Comme une dépouille en gestation le bateau l’a expulsée vers le patriarcat), Atlantic Coast, Brooklyn. Rappelant la déshumanisation à chacune des étapes de l’esclavage, Nona Faustine met en scène son corps comme rejeté par le bateau après la traversée, sur la côte atlantique de Brooklyn, où étaient débarquées les personnes réduites en esclavage. Photo : Nona Faustine. Crédit : Courtesy Nona Faustine and MACK.

« Like A Preg­nant Corpse The Ship Expelled Her Into The Patri­archy » (Comme une dépouille en ges­ta­tion le bateau l’a expul­sée vers le patri­ar­cat), Atlantic Coast, Brook­lyn. Rap­pelant la déshu­man­i­sa­tion à cha­cune des étapes de l’esclavage, Nona Faus­tine met en scène son corps comme rejeté par le bateau après la tra­ver­sée, sur la côte atlan­tique de Brook­lyn, où étaient débar­quées les per­son­nes réduites en esclavage. Pho­to : Nona Faus­tine. Crédit : Cour­tesy Nona Faus­tine and MACK.

« Benevolent spirits, tracing steps free bare feet from this world to the other » (Des esprits bienveillants, esquissant des pas libres pieds nus de ce monde à l’autre), 2021. Les chaussures blanches, les white shoes, qui jalonnent l’ensemble de ce travail et donnent leur nom à la série, suggèrent les nombreuses adaptations à la culture blanche dominante qui ont été et sont encore exigées des personnes racisées. Photo : Nona Faustine. Crédit : Courtesy Nona Faustine and MACK.

« Benev­o­lent spir­its, trac­ing steps free bare feet from this world to the oth­er » (Des esprits bien­veil­lants, esquis­sant des pas libres pieds nus de ce monde à l’autre), 2021. Les chaus­sures blanch­es, les white shoes, qui jalon­nent l’ensemble de ce tra­vail et don­nent leur nom à la série, sug­gèrent les nom­breuses adap­ta­tions à la cul­ture blanche dom­i­nante qui ont été et sont encore exigées des per­son­nes racisées. Pho­to : Nona Faus­tine. Crédit : Cour­tesy Nona Faus­tine and MACK.

« There are few markers left but your black body is the marker. The land does hold the memory of your existence. You only have to put it there in its natural state to remember – Harriet Tubman »(Il reste peu de traces mais ton corps noir en est une. La terre conserve la mémoirede ton existence. Il suffit d’y placer ton corps à l’état naturel pour te souvenir – Harriet Tubman), Sylvester Manor, Shelter Island, New York, 2021. Sur cette île Shelter s’étendait une plantation où des Africain·es réduit·es en esclavage et des peuples des Premières Nations travaillaient, vivaient, mouraient et étaient enterré·es. Cette terre avait été prise au peuple Manhasset, ses premier·es habitant·es, malgré leurs protestations. En 1737, des personnes esclavisées y construisirent ce manoir pour Brinkley Sylvester, dont le grand-père – Nathanial Sylvester, un colon anglais – et le grand-oncle possédaient deux plantations à la Barbade, 8 000 acres de l’île de Shelter et 200 esclaves. Le dernier d’entre eux a été libéré en 1820. Des nombreuses personnes réduites en esclavage qui ont laissé leur empreinte sur cette terre, il ne nous reste que les noms : Hannah, Jacquero, Hope, Isabell, Obium, Semnie, Tammero, Oyou, Comus, Matilda – et bien d’autres encore. Photo : Nona Faustine. Crédit : Courtesy Nona Faustine and MACK.

« There are few mark­ers left but your black body is the mark­er. The land does hold the mem­o­ry of your exis­tence. You only have to put it there in its nat­ur­al state to remem­ber – Har­ri­et Tub­man »(Il reste peu de traces mais ton corps noir en est une. La terre con­serve la mémoire de ton exis­tence. Il suf­fit d’y plac­er ton corps à l’état naturel pour te sou­venir – Har­ri­et Tub­man), Sylvester Manor, Shel­ter Island, New York, 2021. Sur cette île Shel­ter s’étendait une plan­ta­tion où des Africain·es réduit·es en esclavage et des peu­ples des Pre­mières Nations tra­vail­laient, vivaient, mouraient et étaient enterré·es. Cette terre avait été prise au peu­ple Man­has­set, ses premier·es habitant·es, mal­gré leurs protes­ta­tions. En 1737, des per­son­nes esclav­isées y con­stru­isirent ce manoir pour Brink­ley Sylvester, dont le grand-père – Natha­nial Sylvester, un colon anglais – et le grand-oncle pos­sé­daient deux plan­ta­tions à la Bar­bade, 8 000 acres de l’île de Shel­ter et 200 esclaves. Le dernier d’entre eux a été libéré en 1820. Des nom­breuses per­son­nes réduites en esclavage qui ont lais­sé leur empreinte sur cette terre, il ne nous reste que les noms : Han­nah, Jacquero, Hope, Isabell, Obi­um, Sem­nie, Tam­mero, Oyou, Comus, Matil­da – et bien d’autres encore. Pho­to : Nona Faus­tine. Crédit : Cour­tesy Nona Faus­tine and MACK.

« Dorothy Angola, Stay Free, In Land Of The Blacks » (Dorothy Angola, reste libre, au Pays des Noirs), Minetta Lane, Village, NYC, 2021. Nona Faustine se met en scène à Minetta Lane, à Greenwich Village, où Dorothy Angola fut l’une des premières femmes esclavisées débarquées par la Compagnie néerlandaise des Indes occidentales, entre 1626 et 1640, dans ce qui n’était pas encore New York. Après son affranchissement partiel, Dorothy Angola s’est battue en justice pour garantir à ses enfants l’héritage de ses terres. Elles étaient situées à un kilomètre de La Nouvelle-Amsterdam, au « Pays des Noirs », là où se dresse aujourd’hui le Village. Photo : Nona Faustine. Crédit : Courtesy Nona Faustine and MACK.

« Dorothy Ango­la, Stay Free, In Land Of The Blacks » (Dorothy Ango­la, reste libre, au Pays des Noirs), Minet­ta Lane, Vil­lage, NYC, 2021. Nona Faus­tine se met en scène à Minet­ta Lane, à Green­wich Vil­lage, où Dorothy Ango­la fut l’une des pre­mières femmes esclav­isées débar­quées par la Com­pag­nie néer­landaise des Indes occi­den­tales, entre 1626 et 1640, dans ce qui n’était pas encore New York. Après son affran­chisse­ment par­tiel, Dorothy Ango­la s’est battue en jus­tice pour garan­tir à ses enfants l’héritage de ses ter­res. Elles étaient situées à un kilo­mètre de La Nou­velle-Ams­ter­dam, au « Pays des Noirs », là où se dresse aujourd’hui le Vil­lage. Pho­to : Nona Faus­tine. Crédit : Cour­tesy Nona Faus­tine and MACK.

« She was a culmination of all things in heaven and earth, how many times had she been here before » (Elle était la somme de toutes choses sur la terre comme au ciel, combien de fois était-elle déjà passée par là), Seneca Village, Central Park, NYC, 2021. Avant la création de Central Park, Seneca Village était la plus grande communauté de propriétaires africains-américains. Ses habitant·es ont construit des maisons, des églises et des écoles. Ils et elles disposaient également d’un cimetière, à l’emplacement actuel de Central Park West, de la 82e à la 89e Rue. La ville de New York en a revendiqué le droit de propriété et y a construit Central Park en 1858, mais, explique Nona Faustine, « après avoir mené une campagne de désinformation contre les habitant·es à qui elle prenait les terres pour s’attirer les faveurs de l’opinion publique ». Photo : Nona Faustine. Crédit : Courtesy Nona Faustine and MACK.

« She was a cul­mi­na­tion of all things in heav­en and earth, how many times had she been here before » (Elle était la somme de toutes choses sur la terre comme au ciel, com­bi­en de fois était-elle déjà passée par là), Seneca Vil­lage, Cen­tral Park, NYC, 2021. Avant la créa­tion de Cen­tral Park, Seneca Vil­lage était la plus grande com­mu­nauté de pro­prié­taires africains-améri­cains. Ses habitant·es ont con­stru­it des maisons, des églis­es et des écoles. Ils et elles dis­po­saient égale­ment d’un cimetière, à l’emplacement actuel de Cen­tral Park West, de la 82e à la 89e Rue. La ville de New York en a revendiqué le droit de pro­priété et y a con­stru­it Cen­tral Park en 1858, mais, explique Nona Faus­tine, « après avoir mené une cam­pagne de dés­in­for­ma­tion con­tre les habitant·es à qui elle pre­nait les ter­res pour s’attirer les faveurs de l’opinion publique ». Pho­to : Nona Faus­tine. Crédit : Cour­tesy Nona Faus­tine and MACK.

« ... a thirst for compleat freedom... had been her only motive for absconding, Oney Judge » (… sa soif de liberté totale… a été l’unique raison de sa fuite, Oney Judge), Federal Hall, NYC, 2016. Nona Faustine incarne Oney Judge (1773-1848), devant le Federal Hall de New York, en 2016. Réduite en esclavage par George Washington, Oney Judge est devenue servante de Martha Washington, l’épouse du premier président des États-Unis d’Amérique. Au début des années 1830, elle s’échappa de la maison présidentielle lorsqu’elle apprit que Martha Washington s’apprêtait à transférer son titre de propriété à sa petite-fille. Dans une interview de 1845, elle raconte son évasion : « Tandis que [les propriétaires] faisaient leurs bagages pour aller en Virginie, je faisais les miens pour partir, je ne savais pas où, car je savais que si je retournais en Virginie, je n’obtiendrais jamais ma liberté. J’avais des ami·es parmi les gens de couleur de Philadelphie, j’ai fait porter mes affaires à l’avance et j’ai quitté la maison des Washington pendant que la famille dînait. ». Photo : Nona Faustine. Crédit : Courtesy Nona Faustine and MACK.

« … a thirst for com­pleat free­dom… had been her only motive for abscond­ing, Oney Judge » (… sa soif de lib­erté totale… a été l’unique rai­son de sa fuite, Oney Judge), Fed­er­al Hall, NYC, 2016. Nona Faus­tine incar­ne Oney Judge (1773–1848), devant le Fed­er­al Hall de New York, en 2016. Réduite en esclavage par George Wash­ing­ton, Oney Judge est dev­enue ser­vante de Martha Wash­ing­ton, l’épouse du pre­mier prési­dent des États-Unis d’Amérique. Au début des années 1830, elle s’échappa de la mai­son prési­den­tielle lorsqu’elle apprit que Martha Wash­ing­ton s’apprêtait à trans­fér­er son titre de pro­priété à sa petite-fille. Dans une inter­view de 1845, elle racon­te son éva­sion : « Tan­dis que [les pro­prié­taires] fai­saient leurs bagages pour aller en Vir­ginie, je fai­sais les miens pour par­tir, je ne savais pas où, car je savais que si je retour­nais en Vir­ginie, je n’obtiendrais jamais ma lib­erté. J’avais des ami·es par­mi les gens de couleur de Philadel­phie, j’ai fait porter mes affaires à l’avance et j’ai quit­té la mai­son des Wash­ing­ton pen­dant que la famille dînait. ». Pho­to : Nona Faus­tine. Crédit : Cour­tesy Nona Faus­tine and MACK.

« They Tagged the Land with Trophies and Institutions from their Rapes and Conquests » (Ils ont jalonné le pays de trophées et d’institutions issus de leurs viols et conquêtes),Tweed Courthouse, New York City, 2013. L’ancien palais de justice Tweed est situé dans un quartier du sud de Manhattan. Construit entre 1861 et 1881, il est adjacent – et, selon diverses découvertes archéologiques, traverse – l’African Burial Ground, contenant les restes de plus de 400 personnes africaines-américaines enterrées là entre le xviie et le début du xixe siècle. Huit tombes datant de cette époque se trouvent sous les fondations de l’ancien tribunal. En 2002, des archéologues ont exhumé vingt-trois squelettes intacts d’ancien·nes esclaves, la plupart devant le bâtiment, sous des marches récemment rénovées, à quelques centimètres de la surface, entourés de câbles électriques. Ils s’y trouvent encore. Photo : Nona Faustine. Crédit : Courtesy Nona Faustine and MACK.

« They Tagged the Land with Tro­phies and Insti­tu­tions from their Rapes and Con­quests » (Ils ont jalon­né le pays de trophées et d’institutions issus de leurs vio­ls et conquêtes),Tweed Cour­t­house, New York City, 2013. L’ancien palais de jus­tice Tweed est situé dans un quarti­er du sud de Man­hat­tan. Con­stru­it entre 1861 et 1881, il est adja­cent – et, selon divers­es décou­vertes archéologiques, tra­verse – l’African Bur­ial Ground, con­tenant les restes de plus de 400 per­son­nes africaines-améri­caines enter­rées là entre le xvi­ie et le début du xixe siè­cle. Huit tombes datant de cette époque se trou­vent sous les fon­da­tions de l’ancien tri­bunal. En 2002, des archéo­logues ont exhumé vingt-trois squelettes intacts d’ancien·nes esclaves, la plu­part devant le bâti­ment, sous des march­es récem­ment rénovées, à quelques cen­timètres de la sur­face, entourés de câbles élec­triques. Ils s’y trou­vent encore. Pho­to : Nona Faus­tine. Crédit : Cour­tesy Nona Faus­tine and MACK.

Nona Faus­tine est née et a gran­di à New York. Son tra­vail pho­tographique se con­cen­tre sur les stéréo­types raci­aux et de genre. Sa série White Shoes a fait l’objet d’un livre, pub­lié aux édi­tions Mack (2021).

Nona Faustine

Nona Faustine est née et a grandi à New York. Son travail photographique se concentre sur les stéréotypes raciaux et de genre. Sa série White Shoes a fait l’objet d’un livre, publié aux éditions Mack (2021). Voir tous ses articles

Habiter : brisons les murs

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