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Les meilleures blagues sont féministes

Publié le 28/04/2022

Modifié le 16/01/2025

Depuis quelques années, une généra­tion d’humoristes emporte l’adhésion de son pub­lic en décon­stru­isant les stéréo­types de genre. De quoi ringardis­er pour de bon les sail­lies sex­istes d’un Jean-Marie Bigard ? Rien n’est moins sûr : dans l’univers hyper con­cur­ren­tiel du stand-up, la pra­tique de l’humour fémin­iste n’est pas tou­jours chose aisée.

Blanche Gardin s’avance, seule en scène. Dans la salle du théâtre parisien L’Européen, un pub­lic com­posé essen­tielle­ment de « bobos » venu·es assis­ter, un soir d’automne 2018, son spec­ta­cle Bonne nuit Blanche. Je suis assise entre deux cou­ples trente­naires hétéro­sex­uels et blancs et une grande actrice (qui, con­traire­ment à la chan­son, ne sem­ble pas avoir touché le fond de la piscine). L’humoriste est alors en pleine ascen­sion : chargée quelques mois plus tôt de présen­ter la céré­monie des Césars, alors que la tem­pête #MeToo com­mençait tout juste à gron­der, elle avait mul­ti­plié les traits d’humour sur ces actri­ces qui « couchent pour avoir des rôles ». À l’époque, un peu cham­boulée, je m’étais rangée à l’avis de la majorité : ce devait être du dix­ième degré.
Mais au théâtre ce soir-là, plus les min­utes avan­cent, plus je me rata­tine sur la ban­quette. Entre deux franch­es rigo­lades, Blanche Gardin verse dans le « je suis fémin­iste mais », sort des gags sur le har­cèle­ment sex­uel, les tenues des vic­times, sur le fait que con­traire­ment à « pédé », « gouine » ne serait pas une insulte… Alors que ces blagues font hurler de rire la salle, je me sens trahie à un endroit très intime, mon humour. Une sor­tie sur les actri­ces de plus de 50 ans, présen­tées comme des tables en teck sur lesquelles « aucun homme ne pour­rait se bran­ler », finit de me ren­dre malade, moi et la grande actrice calfeu­trée der­rière ses lunettes de soleil, qui par­ti­ra sans mot dire. Le pub­lic se dis­sout dans la ville, exta­tique. On salue un humour dérangeant et fémin­iste à la fois, parce qu’il ose tout. Qu’est-ce que le rire fémin­iste ? Un out­il mil­i­tant ou la man­i­fes­ta­tion d’une lib­erté chère­ment acquise par les femmes ?
[…]

 

Anne-Laure Pineau

Journaliste pigiste indépendante, membre du collectif Youpress et de l’AJL (Association des journalistes lesbiennes, gay, bi·es, trans et intersexes). Pour ce numéro, elle a écrit le scénario de la BD sur Diana Sacayan. Voir tous ses articles


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