Travailleur·euse du sexe

Les travailleur·euses du sexe ou TDS sont des per­son­nes qui exer­cent la pros­ti­tu­tion pour gag­n­er leur vie. Le terme anglais sex work­er est apparu à la fin des années 1970. Il a été forgé par la mil­i­tante fémin­iste pro-sexe et écrivaine cal­i­forni­enne Car­ole Leigh qui con­sid­érait que le mot « pros­ti­tuée » était stig­ma­ti­sant et con­noté néga­tive­ment. L’emploi de l’expression « tra­vail du sexe » per­me­t­tait égale­ment d’élaborer des straté­gies d’alliance pour les per­son­nes tra­vail­lant dans les indus­tries du sexe. Aujourd’hui encore, l’usage du terme « tra­vail du sexe » fait débat. Cer­taines fémin­istes y voient une euphémi­sa­tion de la pros­ti­tu­tion, qui est à leurs yeux une vio­lence gen­rée spé­ci­fique dont il faut réclamer l’abolition. D’autres esti­ment que le terme per­met de décrire une sit­u­a­tion de fait : l’exercice d’une activ­ité rémunéra­trice. Pour les per­son­nes con­cernées qui l’utilisent, il revêt égale­ment une forte dimen­sion iden­ti­taire. 


Celles et ceux qui exer­cent cette activ­ité, forte­ment réprimée et pré­carisée, ne béné­fi­cient pas des mêmes droits que le reste de la pop­u­la­tion active française : absence de pro­tec­tion sociale, de revenus décents, de droit au loge­ment, de droit à la retraite, etc. Depuis décem­bre 2024, les travailleur·euses du sexe belges, au con­traire, béné­fi­cient des mêmes droits et avan­tages soci­aux que les autres : con­trats de tra­vail leur ouvrant des droits à l’assurance mal­adie, à la retraite et aux con­gés payés, de mater­nité ou de mal­adie. Les travailleur·euses du sexe font par ailleurs face à des vio­lences spé­ci­fiques à leur pro­fes­sion, con­tre lesquelles ils et elles ne sont pas protégé·es : vols, agres­sions, agres­sions sex­uelles, vio­ls, assas­si­nats, etc.  

Dans l’article « Des tra­vailleuses du sexe privées de droit » de La Défer­lante, la jour­nal­iste Sarah Bos donne la parole à des travailleur·euses du sexe à Toulouse et à Paris. Tous·tes rela­tent des con­di­tions d’exercice dif­fi­ciles dans un cli­mat légal et social très répres­sif. San­dra assure « bien vivre de son tra­vail », mais explique devoir met­tre en place des mécan­ismes de pro­tec­tion face au dan­ger poten­tiel que cer­tains clients représen­tent. L’article revient aus­si sur les inco­hérences juridiques aux­quels sont confronté·es les travailleur·euses du sexe : « Les TDS payent des impôts, mais leur sit­u­a­tion admin­is­tra­tive tient du casse-tête : ils et elles ne peu­vent que dif­fi­cile­ment louer un loge­ment, puisque leur pro­prié­taire peut alors être poursuivi·e pour prox­énétisme hôte­lier. »


Pour aller plus loin

Océan, « La poli­tique des putes »,  Nou­velles écoutes, mars 2020

Char­lotte Bien­aimé, « Le prix du sexe », Un pod­cast à soi, Arte Radio, févri­er 2

On en parle dans La Déferlante

Présenté comme un journal de bord collaboratif, le programme de la neuvième édition de la Scholar and feminist conference est un document précieux : il témoigne de l’intense travail de préparation de la fameuse Conférence universitaire et féministe sur la sexualité organisée au Barnard College, le 24 avril 1982, événement marquant des Sex Wars. Crédit : Hannah Alderfer, Marybeth Melson / Design and production : Hannah Alderfer, Beth Jaker, Marybeth Nelson / Academic Coordinator : Carole S. Vance.
Retour sur
Féminisme Sexualité VSS

Sex Wars : quand les féministes se déchiraient sur la pornographie

Aux États-Unis, à la fin des années 1970 et lors de la décen­nie suiv­ante, des mil­i­tantes se sont vio­lem­ment opposées sur les ques­tions sex­uelles. Analysant la pornogra­phie comme source des vio­lences faites aux femmes, cer­taines fémin­istes ont ten­té de la faire inter­dire, au grand dam de leurs con­tra­dic­tri­ces, qui y ont vu une dan­gereuse ten­ta­tive de cen­sure.
Béa Uhart pour La Déferlante
Reportage
Transphobie Travail

Des travailleuses du sexe privées de droits

Absence de pro­tec­tion sociale, sit­u­a­tion dégradée dans la rue, vio­lences : un grand nom­bre de travailleur·euses du sexe (TDS) aler­tent sur la pré­cari­sa­tion de leurs con­di­tions pro­fes­sion­nelles. À Toulouse et Paris, plusieurs d’entre elles témoignent auprès de « La Défer­lante » de leur sen­ti­ment de ne pas être écoutées.
La Déferlante 9 - Pourquoi luttez-vous ? : « Le plaisir un malentedu permanent » association Grisélidis
Pourquoi luttez-vous ?
Travail

« Le plaisir, un malentendu permanent »

Découvrez la newsletter des luttes féministes

Chaque vendredi matin retrouvez en alternance :

  • L’actu des féminismes : un article explorant l’actualité au prisme des questions féministes, queer et antiracistes
  • On aime, on partage : une sélection de livres, articles, événements et initiatives que nous souhaitons vous faire découvrir.