« Théorie du gen­der », « théorie du genre sex­uel » ou « idéolo­gie du genre » : les appel­la­tions abon­dent pour dén­i­gr­er les études de genre (gen­der stud­ies). Les études de genre sont un domaine de recherche pluridis­ci­plinaire ayant établi une dis­tinc­tion entre sexe biologique et genre, et donc mis en évi­dence la con­struc­tion sociale, his­torique et cul­turelle de ce dernier. L’expression la « théorie du genre », adoubée par le Vat­i­can, est util­isée au sin­guli­er par les ten­ants du camp réac­tion­naire pour mas­quer la plu­ral­ité des approches de ces études. L’ex­pres­sion sert ain­si d’épouvantail pour s’en pren­dre tour à tour à l’éducation sex­uelle à l’école, aux tran­si­d­en­tités, et plus générale­ment à toute remise en ques­tion de la dif­férence entre les sex­es et du mod­èle tra­di­tion­nel de la famille hétéronor­mée.

La dénon­ci­a­tion de la « théorie du genre » donne sou­vent lieu à de nom­breuses théories du com­plot dis­crim­i­nant les per­son­nes trans. « En mai 2021, le mag­a­zine Valeurs actuelles titrait “Le délire trans­genre”, tan­dis qu’Éric Zem­mour, sur l’antenne de CNews, com­para­it les soins con­sen­tis aux enfants trans avec les expéri­men­ta­tions du doc­teur Men­gele dans les camps nazis », rap­pelle la mil­i­tante trans Maud Roy­er dans une de ses chroniques. Dans l’article « Com­plo­tisme et trans­pho­bie : l’alliance des haines », les jour­nal­istes Per­rine Bon­temps et Vic­tor Mot­tin mon­trent com­ment les sphères trans­pho­bes et d’extrême-droite instru­men­talisent le terme, l’associant à une « idéolo­gie trans », des « dérives sec­taires » ou même une « épidémie » qui « s’inflitre[rait] dans [les] écoles ». La « théorie du genre » serait un out­il au ser­vice d’un « pro­jet com­mun entre l’Éducation nationale, les médecins et les chercheurs pour rem­plac­er les enfants cis­gen­res par des enfants trans­gen­res », selon les per­son­nes trans­pho­bes et réac­tion­naires, explique dans cet arti­cle Arnaud Alessan­drin, soci­o­logue du genre, de la san­té et des dis­crim­i­na­tions à l’université de Bor­deaux.

Pour aller plus loin

Maud Roy­er, Le Lob­by trans­pho­be, édi­tions Textuel, 2024. 160 pages.