Le spécisme est un concept forgé dans les années 1970 par le psychologue britannique Richard D. Ryder et popularisé par le philosophe Peter Singer dans son livre La Libération animale. Il désigne la structure sociale qui hiérarchise les formes de vie selon leur espèce et naturalise la domination et l’exploitation des animaux non humains par les humain·es. C’est un système de discriminations analogue au sexisme et au racisme. Le spécisme désigne également la façon dont les humain·es hiérarchisent les animaux entre eux, faisant de certains des animaux de compagnie et en destinant d’autres à l’abattoir. Il crée une fausse dichotomie entre la figure de l’« Homme » et celle de l’« Animal », sans aucun fondement scientifique. Il rend possible l’exploitation des animaux dans l’industrie agroalimentaire, textile, du divertissement, etc.
Dans une rencontre avec l’écrivaine Neige Sinno, l’écrivaine et sociologue Kaoutar Harchi explique que le spécisme s’articule avec d’autres systèmes d’oppressions comme l’adultisme, le racisme ou le patriarcat. Chaque fois, la marginalisation de tel ou tel groupe autorise à en traiter violemment les membres sans que cela soit réprouvé : « Certains hommes font aux animaux ce qu’ils rêveraient de faire aux femmes, aux êtres humains. […] Ce mouvement d’un temps volé, précipité, arraché, je le retrouve dans les crimes racistes, les féminicides, les infanticides, les mises à mort d’animaux. »
Pour aller plus loin
- Pauline Chanu, « Le monde après le spécisme. En finir avec l’oppression des animaux », France Culture, octobre 2025, quatre épisodes d’une heure.
- Kaoutar Harchi, Ainsi l’animal et nous, Actes Sud, 2024. 320 pages.
- Peter Singer, La Libération animale, traduit par Françoise Bouillot, Pierre Reignier, Johan-Frédérik Hel-Guedj et Gabrielle Pozzo Di Borgo, Payot et Rivages, 2024 [1975]. 500 pages


