L’Organisation mondiale de la santé définit la santé mentale comme un « état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté ». Promue « grande cause nationale » du gouvernement français en 2025, la santé mentale s’est imposée dans les discours politiques, notamment depuis la crise du Covid-19, comme le nom d’une politique publique justifiant l’intervention de l’État dans l’organisation des soins psychiatriques et le bien-être des citoyen·nes.
Le concept de santé mentale est qualifié de « bras armé du capitalisme » par tout un courant de psychiatrie critique. Selon le psychiatre Mathieu Bellahsen, les dirigeants politiques l’utilisent volontiers pour psychologiser des problèmes qui relèvent davantage de la souffrance sociale – ce qui permet de ne pas s’attaquer aux causes de celle-ci. Ainsi, pour expliquer le mal-être grandissant des étudiant·es, les différents gouvernements ont plusieurs fois incriminé la crise du Covid, mais n’ont jamais remis en cause leur propre politique : introduction de Parcoursup, ou indifférence face aux difficultés d’accès à l’enseignement supérieur, par exemple. « Reconnaître que les conditions matérielles d’existence ont un impact sur la santé mentale permettrait d’identifier des pistes d’action politique », analyse la journaliste Sylvie Fagnart, autrice de notre article : « Santé mentale, c’est notre monde qui est malade ».
Pour aller plus loin
- Mathieu Bellahsen, La Santé mentale. Vers un bonheur sous contrôle, La fabrique éditions, 2014. 192 pages.
- « Santé mentale et racisme : soigner, discipliner, s’émanciper ». Captation d’un débat organisé par La Fabrique des soignants à La Flèche d’or (Paris 20e), 22 juin 2025. 161 min.
- « Santé mentale : le mal du siècle ? », France Culture, 7 mai 2025. 37 min.
- Le mot « Santé mentale » expliqué par Tanhee

