Faits alternatifs

Traduction de l’anglais alter­na­tive facts, l’expression a été utilisée pour la première fois en 2017 par Kellyanne Conway, conseillère de Donald Trump, pour défendre le porte-parole de la Maison-Blanche, Sean Spicer. Celui-ci avait affirmé que la cérémonie d’investiture du président élu avait attiré un nombre de spectateur·ices jamais atteint dans l’histoire du pays. Démentie par les vidéos de l’événement, cette infor­ma­tion avait été qualifiée d’« alter­na­tive » par la conseillère. Depuis, l’administration Trump utilise régu­liè­re­ment cette expres­sion pour minimiser ou requa­li­fier les mensonges du président ou de ses conseiller·es lorsqu’ils sont relevés par les médias. Cette manœuvre rappelle le concept de « muta­bi­li­té du passé » développé par George Orwell dans son roman 1984, dans lequel le parti tota­li­taire au pouvoir modifie en per­ma­nence la version offi­cielle des évé­ne­ments historiques.

Dans une rencontre avec les jour­na­listes Lorraine de Foucher, Salomé Saqué et Marine Turchi (La Déferlante no 19), cette dernière, jour­na­liste à Mediapart, explique comment cette pratique de l’administration Trump complique consi­dé­ra­ble­ment le travail des jour­na­listes : « Le New York Times a fait du fact checking pendant tout le premier mandat de Donald Trump, sans que ça empêche sa réélec­tion. Je ne dis pas qu’il faut arrêter, mais ça nous ques­tionne au sein des rédac­tions, car aucun dialogue n’est possible avec des personnes qui s’informent en mettant sur le même plan des faits, des opinions et des théories du complot. »


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