Le cybersexisme est une forme particulière de cyberharcèlement, ciblant les femmes et les minorités de genre. Les campagnes de cybersexisme s’appuient sur des stéréotypes de genre nuisant à l’image ou à la réputation des personnes visées. Cela va des moqueries sur l’apparence physique à la diffusion non consentie d’images à caractère sexuel. Ces campagnes sont amplifiées par les algorithmes des plateformes sociales. D’après une étude de l’Economist Intelligence Unit (britannique), en 2021, 85 % des femmes avaient déjà été exposées (comme victimes ou comme témoins) à une forme de violence sexiste en ligne. Certaines sont plus touchées que d’autres : les femmes noires ont 84 % plus de risques d’être citées dans des tweets injurieux ou posant problème que les femmes blanches, selon une étude d’Amnesty International (2018), et 45 % de femmes de la Gen Z et Millenials ont subi des attaques personnelles contre 31 % des femmes plus âgées. Plusieurs travaux montrent par ailleurs que les campagnes de cybersexisme sont plus nombreuses pendant les périodes de campagne électorale : elles sont utilisées pour intimider les femmes politiques ou les journalistes.
Lors des dernières élections générales au Kenya en 2022, Martha Karua, ex-ministre de la Justice et candidate à la vice-présidence a par exemple été « ciblée par des trolls qui l’ont présentée comme une grand-mère qui aurait dû rester à la maison pour s’occuper de ses petits-enfants plutôt que de se consacrer à la politique », rapporte Mathilde Saliou dans son article « Réseaux sociaux, armes de désinformation massive ».
Pour aller plus loin
- Ketsia Mutombo, Laure Salmona, Politiser les cyberviolences. Une lecture intersectionnelle des inégalités de genre sur Internet, Le Cavalier bleu, 2023, 224 pages.
- France Télévisions, « Cybersexisme : pourquoi tant de haine ? », Dans les yeux d’Olivier, saison 13, 2025, 1 heure 30.

