Le mot anglais care sig­ni­fie « soin ». Le tra­vail du care désigne les activ­ités, essen­tielle­ment pris­es en charge par les femmes, dans lesquelles le souci des autres est cen­tral. Il com­prend égale­ment l’ensemble des activ­ités domes­tiques réal­isées au sein de la famille ou leur délé­ga­tion à des per­son­nes employées pour cela. Mise au point par la philosophe améri­caine Car­ol Gilli­gan, l’éthique du care est un con­cept plus large, qui place la parole, la dis­cus­sion et la rela­tion aux autres comme base de nos choix moraux. L’éthique du care désigne ain­si l’ensemble des visions ou des sen­si­bil­ités morales fondées sur le souci des autres. En ce sens, elle est néces­saire­ment ancrée dans les pra­tiques quo­ti­di­ennes du soin et l’expérience de la vul­néra­bil­ité de la vie. Avec cette théorie, la philosophe cherche à val­oris­er ces actions du care.

Mais au sein du sys­tème cap­i­tal­iste, le peu de val­ori­sa­tion des métiers du care assumés majori­taire­ment par les femmes, ali­mente les iné­gal­ités entre femmes et hommes d’une part, entre femmes issues de groupes soci­aux dif­férents d’autre part. Dans un arti­cle du dossier « Tra­vailler » de La Défer­lante (n°17, févri­er 2025), la jour­nal­iste Camille Regache mon­tre com­ment le quo­ti­di­en des assis­tantes mater­nelles s’inscrit dans une « chaîne du care » – chaîne au sens poly­sémique d’une délé­ga­tion du soin, et de pos­si­bil­ités entravées pour celles qui ont la respon­s­abil­ité du soin. « Ce sont des femmes des class­es pop­u­laires qui, pour des rémunéra­tions faibles, per­me­t­tent à d’autres femmes d’avoir une activ­ité rémunérée », com­mente Car­o­line Ibos, direc­trice du lab­o­ra­toire d’études de genre et de sex­u­al­ité de l’université de Paris 8 : l’émancipation des unes se fait au détri­ment des autres.

Pour aller plus loin

Char­lotte Bien­aimé, « Qui gardera les enfants ? », Un pod­cast à soi n° 5, 2018, Arte Radio.

Eva Sadoun, Loin des yeux, loin du care, 6 épisodes, en cours, Calme toi, KR Sound et Lita.