Antispécisme

L’antispécisme est un concept à la fois théorique et militant qui remet en question la légi­ti­mi­té morale de la supré­ma­tie humaine sur les autres animaux. Il vise à décons­truire les fon­de­ments idéo­lo­giques de la société spéciste et à pro­mou­voir l’égalité entre tous les êtres sensibles, indé­pen­dam­ment de leur espèce. L’antispécisme affirme que les dif­fé­rences entre les animaux, humains ou non humains, ne jus­ti­fient pas la domi­na­tion d’une espèce sur les autres. Au sein du mouvement anti­spé­ciste, les réfor­mistes (parfois aussi appelés « wel­fa­riste », de welfare – bien-être – en anglais) reven­diquent, au nom du bien-être animal, l’amélioration des condi­tions de vie et de mort des animaux. De leur côté, les anti­spé­cistes abo­li­tion­nistes ont pour objectif de faire dis­pa­raître les ins­ti­tu­tions et les dyna­miques sys­té­miques qui jus­ti­fient la domi­na­tion humaine sur les autres espèces. Ils et elles militent contre l’industrie agroa­li­men­taire dans son ensemble ou contre les expé­ri­men­ta­tions scien­ti­fiques menées sur les animaux. Ces militant·es reprochent aux anti­spé­cistes réfor­mistes de légitimer l’exploitation animale en cherchant seulement à en améliorer les conditions.

Le spécisme s’articulant avec d’autres formes d’oppressions, l’antispécisme tisse des liens avec d’autres luttes. Ainsi, au Brésil, les militant·es anti­spé­cistes du véganisme populaire font des pas­se­relles entre l’oppression spéciste, le colo­nia­lisme et le patriar­cat. Dans un reportage qui suit leurs pas, l’activiste Sandra Guimarães explique l’entrecroisement de ses combats : « Le féminisme dénonce la subor­di­na­tion des femmes et des personnes mino­ri­sées par le genre ; l’antispécisme, celle des animaux, traités comme des res­sources ou des objets sans droits propres. Dans les deux cas, il s’agit de décons­truire les idéo­lo­gies qui natu­ra­lisent ces oppressions. »


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