Warning: Attempt to read property "ID" on int in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-content/themes/Divi/includes/builder/post/PostStack.php on line 62

Devenir des hommes

Com­ment se con­stru­it-on en tant qu’« homme » lorsqu’on est né au début du XXIe siè­cle ? La pho­tographe Camille Ghar­bi a recueil­li le point de vue de dizaines de jeunes hommes partout en France. Cha­cun racon­te com­ment il com­pose avec les lois de la mas­culin­ité.
Publié le 23/10/2023

Modifié le 16/01/2025

Photos : Camille Gharbi / « Devenir des hommes » / Grande Commande Photojournalisme
Elouan, 21 ans, étu­di­ant en métiers des arts et de la cul­ture. Pho­tos : Camille Ghar­bi / « Devenir des hommes » / Grande Com­mande Pho­to­jour­nal­isme

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°12 Rêver, paru en novem­bre 2023. Con­sul­tez le som­maire.

Ma série Devenir des hommes s’intéresse à la con­struc­tion des mas­culin­ités chez les jeunes hommes, en France. Pour la réalis­er, je suis allée à la ren­con­tre de per­son­nes non binaires et d’hommes âgés de 18 à 25 ans, orig­i­naires de divers milieux socio­cul­turels et habi­tant un peu partout dans l’Hexagone. J’ai com­mencé cha­cun des entre­tiens par la même ques­tion : « Devenir un homme, qu’est-ce que cela évoque pour vous ? » J’ai invité chaque inter­locu­teur à par­ler des valeurs dans lesquelles il a été éduqué, de celles qu’il revendique aujourd’hui, ou, au con­traire, dont il aimerait se défaire. J’ai inter­rogé cha­cun sur les moments où il s’est sen­ti obligé de se con­former à ce qu’on attend d’un homme. Plusieurs phras­es très vio­lentes d’injonction à per­former la viril­ité m’ont été rap­portées.

À par­tir des anec­dotes, des métaphores qui ont émergé, j’ai créé des images. Ces pho­togra­phies met­tent en lumière l’homophobie et la misog­y­nie latentes sur lesquelles se fondent les valeurs vir­iles. À l’issue des entre­tiens ou un peu plus tard, j’ai réal­isé un por­trait de chaque par­tic­i­pant, dans un lieu choisi par lui, un « lieu à soi », dans lequel il estime pou­voir évoluer sans inter­férence avec le regard des autres. Car il s’agit de pho­togra­phi­er un moment d’intériorité. Je ne demande pas de pos­er, je ne donne pas de direc­tives par­ti­c­ulières. L’image est con­stru­ite en lumière naturelle, ou avec l’éclairage présent sur le lieu. En mêlant ain­si images et témoignages, j’ai voulu esquiss­er un por­trait pro­fond et diver­si­fié de cette jeunesse mas­cu­line qui con­stitue une par­tie du monde de demain. Car ques­tion­ner les mas­culin­ités est une démarche poli­tique, tant la tox­i­c­ité des liens entre viril­ité, vio­lence, et dom­i­na­tion ont des réper­cus­sions sur l’ensemble de la société.

Photos : Camille Gharbi / « Devenir des hommes » / Grande Commande Photojournalisme

Elouan, 21 ans, étu­di­ant en métiers des arts et de la cul­ture.
« La viril­ité, je dirais que c’est un ensem­ble de com­porte­ments qui est con­som­mé entre hommes, qui n’existe que par la con­fir­ma­tion des autres hommes, et qui est asso­cié à des valeurs d’indépendance, émo­tion­nelle notam­ment, de dureté et de dom­i­na­tion. Moi, je m’identifie comme non binaire, même si je sais que je suis tou­jours perçu comme un homme. Mais je ne me recon­nais pas dans leurs codes, et je vois le mal qu’ils engen­drent. »

Photos : Camille Gharbi / « Devenir des hommes » / Grande Commande Photojournalisme

Hon­orin, 21 ans, étu­di­ant en médecine.
« L’obsession de la viril­ité, c’est le con­trôle : sur tes sen­ti­ments, ton corps, ta vie, ton tra­vail, ta famille, ta place dans l’espace pub­lic… Et com­ment tu mets en pra­tique ce con­trôle ? En dom­i­nant. Quand on est un garçon, un homme, on a cette oblig­a­tion de résul­tat, de tou­jours tout savoir faire. Les hommes, on ne leur demande pas leur con­sen­te­ment. Pour être un homme, il faut. Alors que non ! C’est : “Tu peux.” Tu peux être autrement. Si on nous appre­nait déjà ce qu’est le con­sen­te­ment visà-vis de nous-même, je pense qu’on pour­rait com­pren­dre le con­sen­te­ment des autres plus facile­ment. »

Photos : Camille Gharbi / « Devenir des hommes » / Grande Commande PhotojournalismePhotos : Camille Gharbi / « Devenir des hommes » / Grande Commande Photojournalisme

Photos : Camille Gharbi / « Devenir des hommes » / Grande Commande Photojournalisme

Photos : Camille Gharbi / « Devenir des hommes » / Grande Commande Photojournalisme

 

Photos : Camille Gharbi / « Devenir des hommes » / Grande Commande Photojournalisme

Anna, 25 ans, étu­di­ant en man­age­ment ter­ri­to­r­i­al.
« Être un homme, ce sont des injonc­tions à être dom­i­nant, dur, tou­jours dans la per­for­mance. Je trou­ve ça épuisant. Je n’ai pas été éduqué comme ça parce que je suis né femme, mais les autres hommes me font part de leurs dif­fi­cultés. Cer­tains amis me dis­ent que ma présence leur a per­mis de s’ouvrir à d’autres manières d’être eux-mêmes. Tout ça, c’est surtout chez les mecs hétéro­sex­uels. Chez les mecs gay, en tout cas ceux que je con­nais, il y a beau­coup plus de douceur. Le fait de ne pas être dans la norme pousse à se ques­tion­ner, à se met­tre à la place des autres, quelque chose comme ça. »

 

Photos : Camille Gharbi / « Devenir des hommes » / Grande Commande Photojournalisme

Antho­ny, 19 ans, étu­di­ant en théâtre.
« Quand tu es hétéro­sex­uel, tu vas avoir tou­jours ce réflexe de te dire : “Il faut que les gens com­pren­nent que je suis hétéro. Il faut que tout le monde sache que je suis hétéro.” Donc tu vas con­trôler ta pos­ture, ta voix, tes gestes… À l’intérieur de nous, il y a une phrase qui est gravée, une phrase toute bête : “Tu es un homme.” C’est une prison, en fait, parce que ça nous force à tou­jours chercher ce rap­port de supéri­or­ité. Plus on l’est, plus on paraît… vir­il. En fait, c’est le mot “vir­il” qui ne devrait plus exis­ter. Ça ne sert à rien. »

Photos : Camille Gharbi / « Devenir des hommes » / Grande Commande Photojournalisme

Scar, 19 ans, étu­di­ant en graphisme.
« Ça fait cinq ou six ans que je me con­sid­ère comme non binaire. Je laisse aux gens la pos­si­bil­ité de me gen­r­er comme ils veu­lent. J’ai tou­jours eu du détache­ment par rap­port à ça. Quand j’étais petit, on me pre­nait sou­vent pour une fille, mais ça ne m’a jamais vrai­ment dérangé. Chez les garçons, c’est sou­vent péjo­ratif, mais juste­ment, moi, je ne vois pas la féminité comme une insulte. Grâce au fémin­isme, les normes de la féminité ont évolué depuis super longtemps, mais celles de la mas­culin­ité, on a moins ten­dance à les ques­tion­ner. »

Photos : Camille Gharbi / « Devenir des hommes » / Grande Commande Photojournalisme

Alex, 22 ans, pho­tographe (à gauche), et Adrien, 23 ans, édu­ca­teur spé­cial­isé.
« Dans l’enfance, l’image de l’homme typ­ique, c’était vrai­ment celle du rug­by­man, fort, com­péti­tif. C’était cette norme-là qui pré­valait, et à laque­lle on était poussés à s’identifier, l’un comme l’autre, dans les coins où on a gran­di. Il n’y avait pas d’identification pos­si­ble à une autre forme de mas­culin­ité. Alors très vite, quand tu n’adhères pas à ce type de mod­èle, on te caté­gorise comme gay, même si tu ne t’es pas encore posé ces ques­tions-là. Parce qu’on assim­i­le com­plète­ment mas­culin­ité, viril­ité, et sex­u­al­ité. »

Camille Ghar­bi : Pho­tographe, instal­lée en région parisi­enne. Alliant dans son tra­vail approches doc­u­men­taire et plas­ti­ci­enne, elle suit au long cours des prob­lé­ma­tiques sociales con­tem­po­raines, par­mi lesquelles les vio­lences de genre. Elle signe le port­fo­lio du numéro #12.

Camille Gharbi

Photographe, installée en région parisienne. Dans son travail, entre approche documentaire et plasticienne, elle suit au long cours des problématiques sociales contemporaines, parmi lesquelles les violences de genre. Voir tous ses articles

Rêver : la révolte des imaginaires

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°12 Rêver, paru en novem­bre 2023. Con­sul­tez le som­maire.


Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-includes/functions.php on line 5471

Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-includes/functions.php on line 5471

Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-content/plugins/really-simple-ssl/class-mixed-content-fixer.php on line 107