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Des colonies de vacances inclusives

Loin de n’être que des lieux d’évasion et de loisirs, les séjours pour enfants et adolescent·es repro­duisent la plu­part du temps les logiques de dis­crim­i­na­tions présentes dans l’ensemble de la société. Cer­taines ini­tia­tives ten­tent donc de faire bouger les lignes, comme celle de Tou­stes en colo, un camp d’été inclusif lancé l’année dernière, qui repense les séjours esti­vaux, armé des lunettes du fémin­isme.
Publié le 05/08/2022

Modifié le 16/01/2025

Des colonies de vacances inclusives - Newsletter La Déferlante
Marie Rouge

Quest-ce qui cloche dans les colonies de vacances ? Pas mal de choses à en croire Méli­na Rav­e­leau et Thibaut Wojtkows­ki, à l’origine des séjours Tou­stes en colo. Avant de créer leur asso­ci­a­tion, ces deux « ani­ma­teurices » ( néol­o­gisme désig­nant à la fois les ani­ma­teurs et les ani­ma­tri­ces) ont tra­vail­lé pen­dant de nom­breuses années au sein de struc­tures spé­cial­isées dans laccueil des jeunes. Des expéri­ences qui leur ont par­fois lais­sé un goût amer. Thibaut évoque, par exem­ple, cet enfant choqué de s’être enten­du répon­dre par un encad­rant que, pour la répar­ti­tion des cham­bres, il fal­lait bien que « les bites soient avec les bites et les vagins avec les vagins ». Méli­na se sou­vient d’une jeune fille trans qui sest scar­i­fiée après quun ani­ma­teur dune autre colo lui a lancé « un mec en jupe, cest dégueu­lasse ».

Après une pre­mière édi­tion en 2021, l’association à but non lucratif organ­ise cet été deux nou­velles ses­sions dans le Jura, pour des jeunes de 12 à 17 ans. « Celles et ceux qui vien­nent chez nous se sen­tent exclu·es des séjours clas­siques, donc il y a beau­coup de jeunes trans, des per­son­nes en sit­u­a­tion de hand­i­cap ou neu­roatyp­iques [qui présen­tent un fonc­tion­nement cog­ni­tif par­ti­c­uli­er : autisme, trou­bles de l’apprentissage…]. Il y a aus­si une vraie diver­sité au niveau de lorig­ine sociale », pré­cise Méli­na Rav­e­leau. Lannée dernière, ils et elles étaient une dizaine dinscrit·es.

Out­re linclu­siv­ité, le but du pro­jet édu­catif est de remet­tre les aspi­ra­tions des jeunes au cen­tre du séjour. Ain­si, dès leur arrivée, il leur est demandé quels pronom et prénom ils et elles souhait­ent utilis­er, et dans quel type de cham­bres ou dor­toirs ils et elles souhait­ent dormir. « Lannée dernière, cer­tain·es ont dor­mi dans des cham­bres mixtes, dautres dans des dor­toirs non mixtes, et dautres en cham­bre indi­vidu­elle », détaille Méli­na. Les règles de vie et le pro­gramme quo­ti­di­en sont ensuite cocon­stru­its entre les ani­ma­teurices et les jeunes. Chaque activ­ité est pen­sée, en con­for­mité avec les goûts des participant·es et de manière à ne pas créer de dis­crim­i­na­tions.

L’hétérosexualité est pensée comme une orientation sexuelle par défaut

« La plu­part des colonies de vacances ne réfléchissent pas à la manière dont elles repro­duisent les normes de genre », analyse Gabrielle Richard, soci­o­logue spé­cial­iste des ques­tions queer et autrice de Hétéro, l’école ? Plaidoy­er pour une édu­ca­tion antiop­pres­sive à la sex­u­alité. Lhétéro­sex­u­al­ité y est donc générale­ment pen­sée comme une ori­en­ta­tion sex­uelle par défaut qui jus­ti­fie l’organisation en dor­toirs non mixtes, réaf­fir­mant de fait une bina­rité des sex­es.

Pas facile, de com­pos­er avec ces règles pour les jeunes qui ne ren­trent pas dans les cas­es « hétéro » ou « cis­genre ». « Pour elles et eux, la colo ne rem­plit pas son plein poten­tiel, pour­suit Gabrielle Richard. Les colonies de vacances représen­tent un espace en marge de la vie de tous les jours, où on peut respir­er. Ce sont des con­textes qui pour­raient être par­ti­c­ulièrement prop­ices à des jeunes qui souhait­eraient explor­er des manières d’être alter­na­tives. »


Il faudrait réfléchir col­lec­tive­ment à la manière dont les colonies de vacances repro­duisent les rap­ports de pou­voir


Cest dans cette idée que sont apparues, depuis quelques années, des colonies de vacances alter­na­tives. Au Cana­da, le Rain­bow Camp pro­pose des séjours pour les jeunes LGBTQ+, leurs allié·es et les enfants issu·es de familles queer. En Cal­i­fornie, le Gen­der Camp vise, lui, plus par­ti­c­ulière­ment les enfants trans ou non binaires (sur ce même sujet, ne man­quez pas dans le prochain numéro de La Défer­lante, le port­fo­lio signé Lind­say Mor­ris). En France, l’association Tou­stes en colo ne sadresse pas unique­ment aux enfants LGBTQ+, elle pro­pose « des séjours bien­veil­lants et respectueux de tou­stes les jeunes, quels que soient leur genre, leurs orig­ines, leurs ori­en­ta­tions roman­tiques ou sex­uelles, leur reli­gion, leur état de san­té, leur physique et leurs opin­ions ».

« Je leur serai redevable à vie »

La for­mule de séjour est plébisc­itée par Noémie, la mère de Madeleine, 17 ans, qui a fait son com­ing out trans non binaire au retour de son séjour : « Cette expéri­ence lui a fait du bien et lui a don­né con­fi­ance. Iel a pu met­tre des mots et nous en par­ler. » Même son de cloche ent­hou­si­aste du côté de Simon (le prénom a été mod­i­fié), désor­mais majeur, qui a par­ticipé à Tou­stes en colo lannée dernière et, aupar­a­vant, à dautres séjours ani­més par Méli­na Rav­e­leau. « Ce sont les pre­miers endroits où jai pu être out en tant que mec trans, explique-t-il. Deux semaines dans l’été où on peut être soi-même, sans quil y ait de ques­tions gênantes, cest très impor­tant. Mon par­cours ne serait absol­u­ment pas le même si je navais pas eu cette expéri­ence. Je leur serai redev­able à vie. »

Son seul regret est que lorgan­isme ne soit pas plus con­nu. « Il faudrait que plus de jeunes puis­sent béné­fici­er de ce genre despace ! », assure-t-il. Alors com­ment faire en sorte que cette ini­tia­tive fasse des émules ? « On aimerait bien inter­venir dans le cadre du BAFA sur les ques­tions dinclu­sion », avance Thibaut Wojtkows­ki. Le dossier dhabil­i­ta­tion est en cours de pré­pa­ra­tion, sans garantie de suc­cès. La soci­o­logue Gabrielle Richard, elle aus­si, appelle de ses vœux une évo­lu­tion de la for­ma­tion ini­tiale. « Lorsqu’on forme des ani­ma­teurs et des ani­ma­tri­ces, il faudrait réfléchir col­lec­tive­ment à la manière dont les colonies de vacances ne sont pas exemptes des rap­ports de pou­voir. » Être mieux outillé·e pour ne plus exclure mal­gré soi.

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Marie Kirschen

Marie Kirschen est journaliste, spécialiste des questions féministes et LGBT+. En 2021, elle a publié Herstory, Histoire(s) des féminismes chez La Ville brûle. Voir tous ses articles


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