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Comment le genre façonne le marché du travail

La crise san­i­taire a mon­tré à quel point les femmes con­stituent le gros des troupes des travailleur·euses précaires. Une inégalité struc­turelle ignorée par les dis­posi­tifs de pro­tec­tion sociale

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Publié le 30/07/2021

Modifié le 04/03/2025

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue papi­er La Défer­lante n°3 Se bat­tre, (sep­tem­bre 2021.)

À l’exception des pro­fes­sions médicales, les activités économiques qui ont été main­tenues sur site, jugées si indis­pens­ables qu’elles jus­ti­fi­aient le dan­ger auquel les travailleur·euses étaient exposé·es, se caractérisent toutes par des con­di­tions de tra­vail et d’emploi inférieures à la moyenne nationale.

C’est ce qu’a con­staté la Dares¹, qui s’est penchée en mai dernier sur ces travailleur·euses « de la deux­ième ligne », comme les appelle le gou­verne­ment. Leur salaire est inférieur de 30 % à celui des autres salarié·es du privé, leurs con­trats sont deux fois plus sou­vent courts, avec de faibles durées de tra­vail heb­do­madaire et un risque supérieur de chô­mage et d’accidents du tra­vail. Sur ces postes, les femmes sont les plus nom­breuses et occu­pent les métiers où les salaires sont les plus faibles. Elles sont cais­sières, aides à domi­cile, agentes d’entretien. Les hommes – sou­vent racisés et issus de l’immigration – sont ouvri­ers du bâti­ment et de la manu­ten­tion, con­duc­teurs de véhicule ou agents de sécu­rité. 

Beau­coup de femmes ont ain­si con­tin­ué à tra­vailler sur site pen­dant toute la durée de l’épidémie ; par ailleurs, ce sont prin­ci­pale­ment les femmes qui ont subi de plein fou­et la crise économique qui s’en est suiv­ie, parce qu’elles com­posent le gros des troupes des travailleur·euses pré­caires.

Carrières interrompues par les congés maternité 

Présentes dans les secteurs les moins bien rémunérés, parce qu’il s’agit d’activités dites féminines ou fémin­isées, elles représen­tent deux cinquièmes des salarié·es mais deux tiers des salarié·es payé·es au Smic. Elles sont égale­ment sur­représen­tées par­mi les con­trats courts (80 % des sig­nataires de CDD récur­rents sont des femmes, les hommes étant surtout con­cernés par l’intérim) et dans l’emploi à temps par­tiel (con­sul­tez notre glos­saire de con­cepts) (près d’une femme sur trois, con­tre moins d’un homme sur dix). Exclues des emplois à durée indéter­minée et à temps plein, elles ont longtemps subi un niveau de chô­mage plus élevé que les hommes. Aujourd’hui, si cet écart s’est réduit dans la caté­gorie A de Pôle emploi (per­son­nes sans aucun emploi), elles demeurent plus nom­breuses en caté­gories B et C (cumul de chô­mage et d’activité réduite). 

C’est à ces ten­dances struc­turelles que vient s’ajouter l’effet négatif des car­rières inter­rompues par les con­gés mater­nité, freinées par les dif­férences à l’embauche, à la rémunéra­tion et à la pro­mo­tion. On ne saurait, dès lors, résumer l’inégalité de genre sur le marché du tra­vail à une somme de dis­crim­i­na­tions inter­per­son­nelles qu’il con­viendrait d’enrayer à coups de chartes et de for­ma­tions à l’égalité.

Cette iné­gal­ité appa­raît, au con­traire, con­sti­tu­tive de la struc­ture même du marché du tra­vail, seg­men­té entre un marché pri­maire con­sti­tué de CDI et de temps pleins, occupés prin­ci­pale­ment par des hommes blancs, qual­i­fiés, cor­recte­ment rémunérés et pou­vant pré­ten­dre à des évo­lu­tions pro­fes­sion­nelles ; et un marché sec­ondaire d’emplois « atyp­iques », à temps par­tiel et de courte durée, peu rémunérés, aux con­di­tions dif­fi­ciles et prin­ci­pale­ment occupés par des pop­u­la­tions minorisées, qu’il s’agisse de femmes ou de per­son­nes racisées.

Les dis­posi­tifs de pro­tec­tion sociale ignorent – ou ne la com­pensent qu’au min­i­mum – cette seg­men­ta­tion du marché du tra­vail, et en par­ti­c­uli­er sa dimen­sion gen­rée. Ain­si, une car­rière com­plète et à temps plein est néces­saire pour béné­fici­er d’un niveau de pen­sion décent – ce que ne parvi­en­nent à cor­riger ni les majo­ra­tions liées à la venue d’un enfant ni les pen­sions de réver­sion dues aux veuves, les hommes à la retraite perce­vant en moyenne le dou­ble de ce que perçoivent les femmes. De même, le mon­tant des allo­ca­tions chô­mage, paramétrées pour des CDI à temps plein, est d’un tiers plus élevé pour les hommes – écart que la réforme du chô­mage qui doit entr­er en vigueur cette année ne fera que creuser. Enfin, le mon­tant du Smic, avec lequel un·e salarié·e à temps plein peut vivre 200 euros au-dessus du seuil de pau­vreté, ne per­met en revanche pas à un·e salarié·e à temps par­tiel et sans sécu­rité de l’emploi de sub­sis­ter, encore moins si la per­son­ne a la charge d’une famille mono­parentale.

La dépendance économique permet les emplois précaire

La dimen­sion gen­rée de la seg­men­ta­tion du marché du tra­vail n’a rien d’un hasard. Elle épouse par­faite­ment la struc­tura­tion de la société, révélant une imbri­ca­tion étroite entre économie domes­tique et économie de marché, laque­lle jus­ti­fie l’existence d’emplois qui n’ont pas pour objec­tif d’of­frir à celles qui les occu­pent la pos­si­bil­ité de gag­n­er leur vie, mais seule­ment de met­tre à prof­it leurs savoir-faire féminins afin d’éventuellement com­pléter le revenu d’un con­joint. Pour les femmes les plus pau­vres, sou­vent issues de l’immigration, il n’est d’ailleurs sou­vent que la con­tin­u­a­tion marchande du tra­vail domes­tique (con­sul­tez notre glos­saire de con­cepts), qu’on fait alors pour le mari ou la famille d’autrui. Ce n’est pas seule­ment que le tra­vail pré­caire empêche l’indépendance économique des femmes : leur dépen­dance économique et poli­tique est ce qui per­met à ces emplois pré­caires typ­ique­ment féminins d’exister.

Cette analyse peut être éten­due à cer­tains hommes dans des secteurs dits « atyp­iques ». Le tra­vail sans statut, ni pro­tec­tion sociale, ni salaire min­i­mum, au ser­vice des plate­formes de VTC ou de livrai­son, exis­terait-il s’il n’y avait pas de main-d’œu­vre d’hommes racisés, migrants ou fils d’immigrés, sans titre de séjour ou per­spec­tives pro­fes­sion­nelles ? Il est prob­a­ble que non. Et eux non plus n’ont pas cessé de rouler pen­dant l’épidémie de Covid.

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¹ Direc­tion de l’animation de la recherche, des études et des sta­tis­tiques du min­istère du Tra­vail.

Les mots importants

Temps partiel

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