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Collages la colère féministe en noir et blanc

Depuis sep­tem­bre 2019, des slo­gans fémin­istes s’affichent sur les murs de nos villes. Der­rière ces let­tres noires sur fond blanc : les colleureuses, ensem­ble de 150 col­lec­tifs hétéro­clites, spon­tanés et par­fois dis­cor­dants mais qui ont en com­mun d’œuvrer pour la réap­pro­pri­a­tion de l’espace pub­lic en mêlant activisme et réflex­ions fémin­istes.
Publié le 07/02/2022

Modifié le 16/01/2025

Col­lages Fémin­istes Mar­seille

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue papi­er La Défer­lante n°5 Par­ler (mars 2022)

lles sont apparues en pleine nuit, au tout début du mois de sep­tem­bre 2019, sur les murs de Paris. Des let­tres majus­cules peintes en noir sur feuilles blanch­es pour for­mer les prénoms de vic­times de fémini­cides et des slo­gans rap­pelant la réal­ité des vio­lences con­ju­gales et l’urgence à agir.

« 06.07.19 Lau­ra meurt étran­glée par son mec » , « Papa, il a tué maman », « 13.08.19 Iri­na, égorgée par son con­joint ». Der­rière ces affichages, celles qu’on allait bien­tôt appel­er « les colleuses », puis « les colleureuses ¹ », décidées à crier leur colère face à l’inaction du gou­verne­ment français. Les pre­miers mes­sages ont été plac­ardés dans les rues de Paris à la veille de l’ouverture du Grenelle des vio­lences con­ju­gales, alors que 101 femmes avaient déjà été tuées par leur com­pagnon ou ex depuis début 2019. En quelques semaines, des jeunes muni·es de seaux et de bross­es ont tapis­sé les murs et lancé des appels sur les réseaux soci­aux pour créer ou ral­li­er un col­lec­tif sous la ban­nière « Col­lages Fémini­cides Lyon/Lille/Gap/Metz… »

Deux ans plus tard, on dénom­bre plus de 150 groupes, grâce à l’engagement fluc­tu­ant de militant·es novices. Iels sont 1 500 colleureuses à Paris, des cen­taines à Mar­seille, une quar­an­taine au Havre, près de vingt à Reims… « Cette adhé­sion rapi­de et mas­sive peut s’expliquer par l’alliance du virtuel et du réel, décrypte Thel­ma Car­ri­er, qui écrit actuelle­ment une thèse sur ces col­lec­tifs. Ces col­lages ont attiré des pro­fils jeunes capa­bles d’alimenter les réseaux soci­aux. Des per­son­nes, comme à Nantes, lan­cent une page Insta­gram et un appel à les rejoin­dre, puis com­men­cent à coller tout en dif­fu­sant les pho­tos de leurs ses­sions. Et en créant de nou­velles représen­ta­tions, engen­drent de nou­veaux ral­liements, et ain­si de suite. »

Armelle, Auri­ane, Lola… Aucune n’avait mil­ité aupar­a­vant. Si les col­lages mar­quent le début de leur activisme, c’est parce qu’ils s’accordent avec leur envie de con­stru­ire un mou­ve­ment qui leur cor­re­spond. Un choix « assez courant dans le mil­i­tan­tisme, pour­suit Thel­ma Car­ri­er. Que ce soit par mécon­nais­sance de ce qui existe déjà ou par volon­té de tranch­er avec l’existant. D’où leur refus de la mix­ité et de se  con­stituer en asso­ci­a­tion. » Ce mode d’action fait vibr­er leur fibre fémin­iste, d’après Marie, colleureuse parisi­enne de 26 ans : « Quand on pro­pose une ses­sion et qu’on y va en groupe, on est dans le con­cret. On prend con­science de notre pou­voir d’agir à notre échelle. Surtout que l’on voit le résul­tat dès le lende­main, lorsque les gens lisent nos mes­sages sur les murs. »

Transmission et horizontalité sans hiérarchie

Au Havre, un fémini­cide local provoque chez Lola² et ses amies, toutes la trentaine, un élec­tro­choc et la volon­té de pren­dre part à ce com­bat dès novem­bre 2019. Tan­dis que pour Adèle, 20 ans, « créer un col­lec­tif à Yssingeaux [com­mune de 7 000 habi­tants en Auvergne] représen­tait une néces­sité. Car les vio­lences n’épargnent pas la cam­pagne et que toute notre généra­tion doit être sen­si­bil­isée au change­ment en cours. »

À écouter Irène Despon­tin Lefèvre, doc­tor­ante sur les mobil­i­sa­tions fémin­istes, ces néo-militant·es ont « mis en pra­tique des codes inscrits dans l’histoire du fémin­isme. L’horizontalité via l’absence de hiérar­chie, la trans­mis­sion grâce à des for­ma­tions pra­tiques et théoriques, et la lib­erté d’action avec une respon­s­abil­i­sa­tion des participant·es. » Un fonc­tion­nement mis sur pied par Col­lages fémini­cides Paris (CFP), que les col­lec­tifs suc­ces­sifs ont répliqué qua­si automa­tique­ment, à l’instar de celui de Reims, comme s’en expliquent ses fon­da­tri­ces, Yas­mine et Alice, 21 ans : « On lutte con­tre les iné­gal­ités, donc il nous sem­ble logique de ne pas en recréer au sein de notre mou­ve­ment en con­sid­érant que la parole d’un·e d’entre nous vaut moins que celle d’un·e autre. » Lola du Havre con­firme que « à force d’avoir été discriminé·es, on a appliqué ce qu’on veut voir dans la société ». « L’égalité totale reste illu­soire en pra­tique, tem­père Mar­gaux, 30 ans, colleureuse à Paris. Mais des leadeuses – sans le côté cheffes – peu­vent trans­met­tre et ain­si per­me­t­tre à d’autres pro­fils de gag­n­er en con­fi­ance et de pren­dre le relais. »

À l’origine des pre­miers col­lages : une anci­enne femen, Mar­guerite Stern qui a depuis été écartée du Col­lec­tif fémini­cides Paris pour ses posi­tions jugées trans­pho­bes et islam­o­phobes ³. Fin août 2019, elle lance un appel via Twit­ter pour « une ses­sion de col­lage col­lec­tive » sur la ques­tion des fémini­cides. « J’ai eu l’idée après avoir accom­pa­g­né une amie qui colle des por­traits de femmes à Mar­seille, raconte‑t elle. Au mois de mars 2019, j’ai fait mon pre­mier col­lage. Il venait d’une colère : celle d’entendre des hommes com­menter mon apparence physique dans la rue depuis mes 13 ans. Très vite, cela s’est élar­gi à d’autres vio­lences sex­istes et sex­uelles, notam­ment aux fémini­cides avec celui de Julie Douib [assas­s­inée par son ex-con­joint en mars 2019]. L’annonce du Grenelle des vio­lences con­ju­gales avait sus­cité l’espoir d’aboutir à une poli­tique ambitieuse, et le soir du pre­mier col­lage, on a voulu sus­citer une réac­tion pour qu’enfin des mesures con­crètes soient pris­es. » Mar­guerite Stern évoque une autre ambi­tion, celle de « voir des femmes militer dans cet espace où elles sont con­stam­ment vio­len­tées, afin qu’elles pren­nent con­science de leur force ».

« Des meufs hyper badass » qui se donnent du courage

« Un sen­ti­ment d’empowerment et de soror­ité », « l’impression d’être un groupe de meufs hyper badass », « un gang de filles qui imposent leur présence et leur parole », voilà pêle-mêle les sen­ti­ments qui gag­nent ces colleureuses lorsque, après s’être coordonné·es sur What­sApp, iels se retrou­vent à trois ou qua­tre pour coller quelques heures. Et même si la peur demeure omniprésente, beau­coup d’entre elleux appréhen­dent désor­mais l’espace urbain sous un autre angle. « Des ses­sions de col­lage dans un ancien quarti­er où je tra­vail­lais et où on m’a si sou­vent vio­len­tée et silen­ciée m’ont per­mis d’y repren­dre place et de m’y faire enten­dre », assure Mar­gaux. « La réap­pro­pri­a­tion de la rue con­stitue depuis tou­jours l’une des grandes reven­di­ca­tions portées et recher­chées par les actions des fémin­istes, comme Las Tesis et leur choré­gra­phie El vio­lador eres tú, pré­cise Irène Despon­tin Lefèvre. Coller ne requiert pas de com­pé­tences par­ti­c­ulières, mais les mem­bres se trans­met­tent le courage d’y aller. Cela fait par­tie des pra­tiques de social­i­sa­tion des fémin­istes de gauche. »

Un mode d’action que le temps et la société avaient gen­ré : « Les par­tis poli­tiques et syn­di­cats avaient ten­dance à réserv­er ce moment de la vie mil­i­tante aux hommes, à cause des risques que les sor­ties noc­turnes feraient peser sur les femmes », explique l’historienne spé­cial­iste des mou­ve­ments révo­lu­tion­naires Mathilde Lar­rère ⁴. Pour­tant, dès la Révo­lu­tion française, les fémin­istes ont recou­ru aux affich­es pour dif­fuser leurs com­bats, tout comme les femmes de Mai 68 qui ont investi les ate­liers d’impression afin de véhiculer leurs mes­sages dans l’espace pub­lic. Seule la forme a changé, pas­sant de grands textes infor­mat­ifs en 1789 à l’introduction d’images en 1968, jusqu’aux let­tres peintes sans fior­i­t­ures sur des feuilles A4 aujourd’hui.

Des let­tres et des feuilles der­rière lesquelles iels se pro­tè­gent. Dans l’ombre con­stam­ment, anonymes, pour laiss­er toute la lumière au com­bat qu’iels mènent. « Peu importe qui colle, seuls comptent nos mes­sages qui sen­si­bilisent la société aux vio­lences sex­istes et sex­uelles, les dénon­cent et sou­ti­en­nent les vic­times. Ignor­er l’identité de celleux qui les ont plac­ardés per­met juste­ment aux gens qui les lisent, de se les appro­prier pleine­ment », estime Marie, de Col­lages fémin­istes Paris, à l’unissonde toutes les colleureuses ren­con­trées. Si par­fois iels posent à côté de leurs oeu­vres pour des pho­tos, c’est parce que ces col­lages les touchent par­ti­c­ulière­ment, ou en signe de sou­tien à la vic­time. Et tou­jours sans affich­er le moin­dre sourire tant la cause est sérieuse.

Cet anony­mat s’avère plus dif­fi­cile à assur­er dans des petites villes, au point qu’au Havre « la déci­sion a été actée de ne pas divulguer l’identité des autres colleuses et de ne pas appa­raître sur notre Ins­ta », explique Lola. Adèle, du col­lec­tif Adel­phité d’Yssingeaux, n’a pas hésité à « cass­er com­plète­ment son anony­mat, mis à mal par une arresta­tion lors de la pre­mière séance de col­lage. Désor­mais, des slo­gans recou­vrent les murs de mon domi­cile, comme ça on peut me con­tac­ter directe­ment pour des con­seils, des infos. »

À l’épreuve de l’inclusion des minorités

Marie, colleureuse parisi­enne, racon­te se sen­tir comme « con­nec­tée aux adelphes du col­lec­tif à chaque col­lage croisé. On voit alors qu’on agit tous·tes pour la même cause. » « Le for­mat une let­tre = une feuille, voilà la force de ce mou­ve­ment, en ce qu’il per­met de per­son­ni­fi­er une lutte et un groupe », estime Irène Despon­tin Lefèvre. Les col­lages seraient ain­si comme les ram­i­fi­ca­tions d’une toile d’araignée liant les mem­bres entre elleux.

Une union qui s’est fis­surée six mois à peine après la nais­sance du mou­ve­ment, en jan­vi­er 2020, à la suite des pris­es de posi­tion de Mar­guerite Stern sur le voile et la tran­si­d­en­tité. L’ex-femen reprochait au groupe mont­pel­liérain un tweet en faveur de l’inclusion des per­son­nes trans­gen­res : « On voy­ait de plus en plus de col­lages sur ces ques­tions aux dépens de ceux sur les fémini­cides, ce que je trou­vais indé­cent, explique-t-elle. Mais je n’ai jamais caché mes opin­ions sur ces sujets, même au début des col­lages à Paris. Pour­tant, les colleuses ont con­tin­ué de venir. » Pour de nombreux·ses néo-militant·es soucieux·ses de ne repro­duire aucune vio­lence, c’est le point de rup­ture.

Le col­lec­tif Col­lages fémini­cides Paris décide de se désol­i­daris­er de sa fon­da­trice, préférant s’engager pour plus d’inclusion des minorités de genre. « Les pro­pos de Mar­guerite Stern étaient injurieux, elle n’avait donc plus sa place au sein de notre mou­ve­ment, juge Mar­gaux. Nos col­lages s’attaquent aux vio­lences sex­istes et sex­uelles, mais ils ques­tion­nent quelque chose de plus pro­fond : la manière dont on traite les indi­vidus et surtout les minorités. » Pour Armelle, de Mar­seille : « Tout le monde doit se sen­tir safe lors des col­lages. Com­ment pour­rais-je militer avec des per­son­nes qui se mon­tr­eraient dis­crim­i­nantes envers une amie voilée ? »

Pour se met­tre en cohérence avec sa ligne poli­tique récem­ment mise à jour, Col­lages fémini­cides Paris devient alors Col­lages fémin­istes Paris et rebap­tise ses mem­bres « les colleureuses ». Ses slo­gans sont retra­vail­lés pour être plus inclusifs et des groupes con­sacrés à la tran­si­d­en­tité et au racisme sont créés. « Un salon de notre groupe Dis­cord regroupe un tas de ressources théoriques qui nous ser­vent à nous for­mer et à nous décon­stru­ire », pré­cise Marie. Moins impactés par cet épisode, nom­bre de col­lec­tifs situés en région ont mal­gré tout dû se posi­tion­ner. « Comme à Nantes où des réu­nions ont été organ­isées pour tranch­er la ligne poli­tique », racon­te Thel­ma Car­ri­er.

Nouvelles façons de militer et de travailler en commun

C’est peut-être là le revers de la médaille pour le mou­ve­ment des col­lages, lui qui a sus­cité tant d’engouement chez de jeunes fémin­istes au point de rassem­bler pléthore de pro­fils aux con­vic­tions dif­férentes. Si Col­lages fémin­istes Paris demeure un col­lec­tif, il lui a fal­lu struc­tur­er plus fine­ment son activ­ité sans renier ses valeurs d’horizontalité et de libre engage­ment. Pos­si­bil­ité a donc été don­née à chacun·e de rejoin­dre l’un des nou­veaux groupes de tra­vail con­sacrés aux réseaux soci­aux, au finance­ment (surtout pour le paiement des amendes), à l’inclusivité…

Le foi­son­nement des forces et des volon­tés a égale­ment fait émerg­er de nou­velles façons de militer au sein des col­lec­tifs. À Mar­seille, des groupes de débat en col­lab­o­ra­tion avec des asso­ci­a­tions ont été lancés, tout comme des inter­ven­tions au sein des écoles. À Yssingeaux, Adèle a con­tac­té le Cen­tre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) pour réalis­er des actions en com­mun. À Paris, des colleureuses ont pub­lié un livre sur l’histoire de Col­lages fémin­istes Paris quand d’autres organ­i­saient en juin 2021 une marche con­tre les fémini­cides.

Les col­lec­tifs entre­ti­en­nent peu de rela­tions entre eux, de peur d’attirer l’attention de la police. Une seule fois, plusieurs groupes ont impul­sé une ses­sion de col­lages simul­tanés à tra­vers la France, ciblant les tri­bunaux pour dénon­cer les défail­lances de la jus­tice dans les affaires de vio­lences con­ju­gales. En dépit de cet éclate­ment, « les colleureuses se sont imposé·es dans l’éventail des forces fémin­istes et sont devenu·es un mou­ve­ment avec lequel on doit compter », souligne Mathilde Lar­rère.

Au fil du temps, les coups de pinceau des col­lec­tifs ont fait appa­raître des nou­veaux mes­sages, plus inclusifs, tan­dis que les anciens subis­saient un ravale­ment de façade. L’effet con­jugué d’un posi­tion­nement plus affir­mé en faveur des minorités de genre et de l’arrivée de nouveau·elles activistes aux pro­fils et expéri­ences plus divers­es. « On a validé une liste de slo­gans qu’on utilise régulière­ment aux Colleureuses de Paris, détaille Auri­ane, 27 ans. Quand on veut en écrire de nou­veaux, on implique – ou on leur demande con­seil – les militant·es des pôles thé­ma­tiques con­cernés (tran­si­d­en­tité, racisme, validisme…) pour ne pas heurter des gens. » À Reims, Yas­mine et Alice ont imposé, après en avoir débat­tu, « la val­i­da­tion des mes­sages pour éviter de se retrou­ver avec des pro­pos haineux ou vio­lents ». Au Havre, en revanche, lib­erté a été don­née à toutes de coller ce qu’elles souhait­ent afin d’être en accord avec leurs opin­ions.

« Chacun·e peut adapter ses slo­gans aux prob­lé­ma­tiques locales, pour­suit Armelle, 28 ans. À Mar­seille, on a réal­isé une grande ses­sion autour du stade pour dénon­cer des pro­pos homo­phobes tenus lors d’un match. » Du côté d’Yssingeaux, les rares col­lages à car­ac­tère LGBTQI+ « n’ont pas été com­pris par les habitant·es. On a donc fait le choix de priv­ilégi­er des con­cepts plus sim­ples et acces­si­bles pour que cela ait une util­ité », explique Adèle.

Même dégradés, les messages ont déjà été immortalisés

Arrachés par des mas­culin­istes, recou­verts de slo­gans anti-IVG, quand ils ne sont pas net­toyés par des agent·es des ser­vices munic­i­paux, les mes­sages des colleureuses dis­parais­sent par­fois en quelques heures. « Quand une fémin­iste par­le, on va com­menter sa coupe de cheveux, son apparence. C’est un moyen d’éviter de dis­cuter du fond du sujet. De la même manière, plutôt que de con­tester les mes­sages véhiculés par les col­lages, on s’en prend au sup­port, analyse Mathilde Lar­rère. Une façon de refuser la légitim­ité du débat que les fémin­istes posent. »

Mais les mes­sages dégradés ont de toute façon déjà été immor­tal­isés grâce à la pub­li­ca­tion de pho­tos sur Insta­gram. Des murs réels aux murs virtuels, les col­lec­tifs ont dès leurs débuts mul­ti­plié les sup­ports de dif­fu­sion afin de péren­nis­er des col­lages qu’ils savaient voués à dis­paraître. « Cet usage du numérique se traduit par la pro­duc­tion de traces plus insti­tu­tion­nal­isées, qui impactent moins le quo­ti­di­en. Mais qui don­nent l’impression que ce mou­ve­ment inonde toutes les rues de France, décrypte Irène Despon­tin Lefèvre. Or, sur les réseaux soci­aux, on suit les comptes qui nous cor­re­spon­dent. D’où un effet trompe‑l’oeil, car beau­coup de villes n’ont jamais eu le moin­dre col­lage. »

Cette dif­fu­sion mas­sive a certes per­mis de fédér­er des sou­tiens, mais mar­que surtout une dif­férence avec les mou­ve­ments précé­dents : la trans­mis­sion d’archives et d’une mémoire. À tel point que, au col­lec­tif Col­lages fémin­istes Paris, trois pho­tographes pro­fes­sion­nelles cap­turent bénév­ole­ment les moments et les oeu­vres de la vie mil­i­tante. De quoi, selon Marie, « inscrire notre lutte dans l’histoire du fémin­isme, et laiss­er une trace pour les prochaines généra­tions ».

*****

1. « Colleuses » est le nom ini­tial que ces mil­i­tantes se sont don­né et qui a été repris dans le lan­gage courant. Depuis, pour plus d’inclusion des minorités de genre, des col­lec­tifs ont choisi d’appeler leurs mem­bres des « colleureuses ».

2. Le prénom a été mod­i­fié.

3. En jan­vi­er 2020, Mar­guerite Stern cosigne une tri­bune pub­liée dans le Huff­Post dans laque­lle elle dit, entre autres, inter­préter la tran­si­d­en­tité « comme une nou­velle ten­ta­tive mas­cu­line pour empêch­er les femmes de s’exprimer ». En juil­let 2020, elle pub­lie une série de tweets dans lesquels elle dit estimer que,  « dans son essence », l’islam « va à l’encontre des droits humains » ; elle a pris posi­tion à de nom­breuses repris­es con­tre le port du voile.

4. Mathilde Lar­rère, Rage against the machisme, Édi­tions du Détour, 2020.

Pauline Baron

Journaliste indépendante, elle s’intéresse aux questions féministes et plus particulièrement aux violences de genre. Aujourd’hui membre de l’association Prenons la Une, elle a participé au lancement du mouvement NousToutes, où elle a milité plusieurs années. Voir tous ses articles

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