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Chili : un Président féministe, et après ?

Publié le 21/01/2022

Modifié le 16/01/2025

Quelques jours avant Noël, le Chili éli­sait à sa tête Gabriel Boric, un homme de gauche de 35 ans, ouverte­ment pro­gres­siste et fémin­iste. En France, où la cam­pagne prési­den­tielle favorise depuis plusieurs mois la libéra­tion d’une parole raciste et misog­y­ne, cet évène­ment appa­raît comme une lueur d’espoir. Mais dans le con­texte poli­tique chilien, la mise en place des mesures annon­cées s’annonce com­plexe. Myr­i­am Her­nan­dez Orel­lana, jour­nal­iste poli­tique chili­enne et chercheuse en sci­ences de l’information et de la com­mu­ni­ca­tion à l’université de Lille, analyse pour La Défer­lante les défis qui atten­dent le nou­v­el homme d’É­tat.

Le nou­veau chef d’État chilien qui entr­era en fonc­tion le 11 mars appar­tient à une généra­tion qui n’a pas con­nu la dic­tature de Pinochet et s’in­scrit dans un con­texte où une majorité de la pop­u­la­tion adhère aux reven­di­ca­tions fémin­istes. Arrivé en tête du deux­ième tour grâce aux votes des femmes de moins de trente ans qui ont vu dans le pro­gramme de son adver­saire d’ex­trême droite, José Anto­nio Kast, une atteinte à leurs droits, Gabriel Boric, a affir­mé, dès son dis­cours de vic­toire, vouloir met­tre fin à « l’héritage patri­ar­cal ».

Si une par­tie du pro­jet qu’il veut met­tre en place, comme la lutte con­tre les vio­lences faites aux femmes et aux per­son­nes LGBTQIA+, fait l’objet d’un con­sen­sus poli­tique, d’autres réformes risquent d’être plus com­pliquées à faire pass­er.

Une trans­for­ma­tion effec­tive de l’ordre du genre

Par­mi les mesures-phares de son pro­gramme, la mise en place d’un ser­vice pub­lic de garde d’enfants et d’aide aux per­son­nes âgées et aux per­son­nes hand­i­capées. Le but est de soulager les aidant·es sur qui reposent jusqu’ici tout le sys­tème de soin aux per­son­nes. Ces aidant·es sont prin­ci­pale­ment des femmes, issues des milieux pop­u­laires. « Si ces femmes ne se dis­ent pas ouverte­ment fémin­istes, les mesures promis­es en leur faveur vont dans le sens de leurs aspi­ra­tions », explique Valenti­na Sanchez, mem­bre du Front fémin­iste de con­ver­gence sociale, une for­ma­tion qui appar­tient à la coali­tion gou­verne­men­tale. Comme elle, Lore­na Fries, députée nou­velle­ment élue et anci­enne secré­taire d’État aux Droits humains voit dans ce pro­gramme, un pro­jet de « réor­gan­i­sa­tion sociale » qui peut per­me­t­tre une trans­for­ma­tion effec­tive des rôles de genre.

ACTUELLEMENT AU CHILI, L’AVORTEMENT N’EST AUTORISÉ QUE DANS DES CAS DE FIGURE EXTRÊMES.

La dépé­nal­i­sa­tion de l’avortement est l’autre

grand chantier qui attend la nou­velle majorité. Demande his­torique du mou­ve­ment fémin­iste chilien, le droit à l’IVG s’est tou­jours heurté à l’ar­ti­cle 19 de la Con­sti­tu­tion qui établit que « la loi pro­tège la vie de celui qui va naître ». Au Par­lement, les par­tis con­ser­va­teurs s’y sont égale­ment tou­jours opposés. Lorsqu’en 2017, Michelle Bachelet, alors prési­dente du Chili pour la sec­onde fois, fit vot­er la pos­si­bil­ité de recourir à l’IVG en cas de viol, de non-via­bil­ité du fœtus ou de risque mor­tel pour la mère, les con­ser­va­teurs imposèrent une clause de con­science qui per­me­t­tait au per­son­nel soignant de s’y sous­traire, dimin­u­ant ain­si la portée de la réforme.

Enfin, dernière promesse de taille du nou­veau Prési­dent : un pro­jet de loi visant une édu­ca­tion égal­i­taire où la diver­sité sex­uelle sera recon­nue et les stéréo­types de genre ques­tion­nés. Selon un sondage réal­isé en 2019, 71% des Chili­ennes jugent souhaitable que les adolescent·es trans puis­sent s’identifier selon leur genre ressen­ti à l’école. « Ce pro­jet de loi sur la mise en place d’une édu­ca­tion sex­uelle inclu­sive peut per­me­t­tre la trans­for­ma­tion de la société, analyse Maria José Queza­da, coor­di­na­trice en chef du quo­ti­di­en en ligne El Mostrador. Je pense que le gou­verne­ment de Boric dépen­dra de ce qui sera finale­ment pro­posé par l’Assemblée con­sti­tu­ante, sur tous les thèmes mais spé­ciale­ment en ce qui con­cerne les droits des femmes. »

Un nou­veau chapitre de l’histoire du pays

De fait, la coali­tion de gauche qui a porté Gabriel Boric au pou­voir ne dis­pose pas de la majorité au Par­lement : il va donc devoir nouer des alliances au cen­tre gauche et à droite, pour men­er à bien ses pro­jets. Plus com­pliqué encore, la con­sti­tu­tion actuelle est un héritage des années de dic­tature (1973–1990) et impose l’accord des for­ma­tions minori­taires pour toute réforme impor­tante de la loi. Avant de pou­voir trans­former en pro­fondeur la lég­is­la­tion sur l’IVG, par exem­ple, le nou­veau gou­verne­ment va devoir pro­mulguer une nou­velle loi fon­da­men­tale.

EN 2018 ET 2019, LE PAYS A VU DES MILLIONS DE PERSONNES DESCENDRE DANS LA RUE. 

Pour cela, une assem­blée con­sti­tu­ante est à l’œuvre depuis quelques mois. Fait remar­quable dans le con­texte chilien : elle est com­posée à par­ité de femmes et d’hommes mais égale­ment de nombreux·ses militant·es fémin­istes et LGBTQIA+, pour la plu­part favor­ables aux réformes promis­es par le nou­veau Prési­dent. Iels ont été élu·es dans le sil­lage de l’important mou­ve­ment de con­tes­ta­tion débuté en 2019, qui a vu des mil­lions de per­son­nes descen­dre dans la rue pour remet­tre en cause le régime néolibéral et deman­der la jus­tice sociale. L’année précé­dente avait eu lieu ce que les Chilien·nes nom­ment aujourd’hui le « mai fémin­iste » : une série de mobil­i­sa­tions lancées pour dénon­cer les cas de har­cèle­ment dans le milieu uni­ver­si­taire, mais qui avaient ensuite fait émerg­er d’autres reven­di­ca­tions, telles que l’é­gal­ité salar­i­ale.

Dans un tel con­texte, il est cer­tain que Gabriel Boric et son gou­verne­ment dis­posent aujourd’hui d’appuis pop­u­laires impor­tants pour réformer la société chili­enne. Dans un pays où il était impens­able, il y a encore 5 ans, de par­ler publique­ment de droit à l’avortement, cette élec­tion pour­rait, 32 ans après la fin de la dic­tature, ouvrir un chapitre impor­tant de l’histoire du pays.

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