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Aloïse Sauvage et Fatima Daas, la rage au cœur

Aloïse Sauvage est chanteuse, autrice de hits fémin­istes. Fati­ma Daas a con­nu le suc­cès avec un pre­mier roman d’apprentissage les­bi­en. Réu­nies pour la pre­mière fois par La Défer­lante, elles ont dis­cuté de l’exposition médi­a­tique, de l’amour des femmes, de l’art mais aus­si de la force immense que leur donne le hip-hop.
Publié le 01/02/2024

Modifié le 16/01/2025

Aloïse Sauvage et Fatima Daas, à Paris, le 8 novembre 2023. Louise Quignon pour La Déferlante
Louise Quignon pour La Défer­lante

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°13 Avorter, paru en mars 2024. Con­sul­tez le som­maire.

Les bar­rières sont immé­di­ate­ment tombées. Aloïse Sauvage avait entre les mains le livre de Fati­ma Daas, La Petite Dernière, en ver­sion poche, et l’a ques­tion­née sur la récep­tion de ce roman par le pub­lic et la cri­tique.

ALOÏSE SAUVAGE Qu’est-ce que ça t’a fait d’être à ce point exposée dans les médias dès ton pre­mier livre ? Tu as eu l’impression qu’on par­lait de ton roman, ou juste du fait que tu étais une les­bi­enne d’origine algéri­enne en gros ?

 

FATIMA DAASJe n’étais pas vrai­ment pré­parée… Avec le recul, je réalise que ça a été très dur de par­ler d’écriture, de mon écri­t­ure. On me rame­nait sans cesse aux thèmes abor­dés, on me dis­ait « ce roman par­le d’être les­bi­enne, d’être musul­mane, et un peu de l’Algérie ». À la fois, je me présen­tais comme les­bi­enne musul­mane donc je n’avais pas envie de l’occulter, je voulais en par­ler. Mais pas d’une manière si réduc­trice ! J’avais passé près de trois ans sur ce texte, et d’un coup il m’échappait com­plète­ment. Des gens s’en sai­sis­saient en me don­nant l’impression de ne pas l’avoir lu. L’exposition médi­a­tique a donc été dif­fi­cile à vivre, oui. Mais en par­al­lèle, j’ai aus­si ren­con­tré le pub­lic en librairie, dans des fes­ti­vals… Des moments qui font du bien, grâce aux­quels tu te dis « OK, ce n’est pas que ça ». Tu y ren­con­tres des gens réelle­ment touchés par ton texte, comme si ça par­lait de leur vie. Ils posent donc des ques­tions hyper intimes, hyper cash. C’est le jeu, puisque tu as ouvert cet espace. Il faut juste appren­dre à dos­er pour ne pas en sor­tir épuisée. Là aus­si, j’apprends.

ALOÏSE SAUVAGE J’ai le même ressen­ti quand je ren­con­tre le pub­lic. En par­lant de choses intimes, on ouvre claire­ment un espace. Par exem­ple, des filles qui te dis­ent « la pre­mière fois que j’ai embrassé une fille, c’était sur ta chan­son Joli dan­ger », ou « j’ai réus­si à par­ler à ma grand-mère et faire mon com­ing-out en lui faisant écouter Jimy ». C’est très beau ! En con­cert, on réalise aus­si l’impact posi­tif de ce qu’on crée, la joie que ça donne aux autres. Ça donne beau­coup de sens à ce que je fais. Mais je sens aus­si que je dois appren­dre à dos­er ma sincérité, à m’épancher à cer­tains moments, avec mon pub­lic, et à me retenir davan­tage à d’autres… J’en ai assez, par exem­ple, de cet exer­ci­ce imposé par les médias de devoir expli­quer le fémin­isme en restant polie et souri­ante, sans jamais hauss­er le ton. Parce que c’est ça que je me far­cis quand même, devoir dire : « Non mais vous savez, être anti­sex­iste, ce n’est pas être anti-hommes. » C’est épuisant ! Tu as envie de dire au micro : « Mais faites votre part du tra­vail, éduquez-vous. » J’en viens à me deman­der à quel point c’est néces­saire de s’exposer médi­a­tique­ment. Par­fois j’aimerais la jouer comme Mylène Farmer ou PNL, m’exposer le moins pos­si­ble pour pro­téger ma san­té men­tale.

On vous ren­con­tre pré­cisé­ment à un moment par­ti­c­uli­er de vos vies d’artistes, hors tournée pro­mo­tion­nelle. Où en êtes-vous ?

FATIMA DAAS Je suis en train de ter­min­er mon deux­ième roman. J’ai mis pas mal de temps à m’y met­tre, d’abord parce que j’ai été beau­coup sol­lic­itée avec La Petite Dernière, et parce qu’il fal­lait que je libère de l’espace men­tal et du temps. Cette pre­mière pub­li­ca­tion a généré un sen­ti­ment de colère très fort chez moi. On a beau­coup atten­du de moi que je remer­cie l’école de la République, je devais être redev­able. On avait sauvé la petite rebeue de ban­lieue, pour faire court. C’était d’autant plus pénible à enten­dre que j’ai eu un par­cours sco­laire com­pliqué. Il a fal­lu que je retrou­ve mon calme pour réus­sir à tra­vailler sur ce sujet. Mon deux­ième livre va beau­coup par­ler de l’impact de l’école dans la vie de per­son­nages ado­les­cents racisés.

Fatima Daas par Louise Quignon pour La Déferlante

Fati­ma Daas par Louise Quignon pour La Défer­lante

ALOÏSE SAUVAGE Dans ton pre­mier roman, tu dis « je ». Tu par­les à quelle per­son­ne dans celui-là ?

FATIMA DAAS À la troisième per­son­ne. Après tout ça, j’avais besoin de faire autre chose.

ALOÏSE SAUVAGE J’ai fait l’inverse, j’ai com­mencé par la troisième per­son­ne pour aller pro­gres­sive­ment vers le « je ». C’est pas sim­ple le « je », pour se pro­téger.

FATIMA DAAS For­cé­ment, avec le « je », tu t’exposes plus. Je l’ai util­isé comme un out­il d’écriture. Mais il m’a pas mal étouf­fée. Jusqu’à avoir besoin d’explorer autre chose. C’est une démarche super intéres­sante pour se renou­vel­er. Après, je ne cache pas que j’ai tâton­né pen­dant un moment avant d’attraper ce que j’avais envie d’écrire. Et puis arrive ce moment stylé où c’est par­ti, plus per­son­ne ne peut t’arrêter, le texte com­mence à exis­ter.


« On a beau­coup atten­du de moi que je remer­cie l’école de la République, je devais être redev­able. On avait sauvé la petite rebeue de ban­lieue. »

Fati­ma Daas


Et vous Aloïse, votre dernier album est sor­ti en 2022, où en êtes-vous aujourd’hui ?

ALOÏSE SAUVAGE Moi j’entame une petite pause, pour la pre­mière fois de ma vie je crois. Je sors tout juste d’une année et demie très intense, avec la sor­tie de mon deux­ième album suiv­ie d’une tournée qui s’est ter­minée début sep­tem­bre et des tour­nages de films en par­al­lèle. Je joue dans le pre­mier long métrage de Reda Kateb qu’on a tourné cet été, il va sor­tir en 2024. C’est la pre­mière fois que j’ai le pre­mier rôle. Ça se passe dans le milieu hos­pi­tal­ier, en immer­sion avec l’association Le Rire médecin qui inter­vient auprès des enfants malades et qui, dans cette fic­tion inspirée de faits réels, a été rebap­tisée Nez pour rire. J’en suis dev­enue mar­raine. Cette aven­ture a eu un gros impact sur ma vie per­son­nelle, j’attends que le film soit com­plète­ment bouclé pour pou­voir récupér­er mon cos­tume de clown et retourn­er de temps en temps à l’hôpital. Je tourne aus­si dans la sai­son 2 de la série d’Ovidie, Des gens bien ordi­naires, pour Canal+, et d’autres beaux pro­jets de tour­nage arrivent en 2024.

J’ai envie de pren­dre du temps pour ces pro­jets de ciné­ma, de pren­dre du temps tout court. Je n’en ai pas été vrai­ment capa­ble aupar­a­vant. Je suis arrivée dans l’industrie musi­cale il y a cinq ans sans trop anticiper l’intensité et la vio­lence du truc. J’ai pris un label, l’ai quit­té, en ai trou­vé un autre… À ce jour, je suis 100 % indépen­dante. La musique, c’est com­pliqué, tu gères une petite société. Le ciné­ma, à mon échelle, est plus récréatif. J’y mets mes tripes de la même façon, mais c’est moins de respon­s­abil­ités.

Vous voulez pren­dre du recul par rap­port à votre car­rière dans la musique ?

ALOÏSE SAUVAGE Je suis en train d’accepter qu’Aloïse Sauvage – atten­tion, je par­le de moi à la troisième per­son­ne, c’est bizarre ! – est un pro­jet artis­tique. Que ce n’est pas toute ma vie, pas tout à fait moi-même. J’ai tou­jours pen­sé et répété que je ne voulais pas être un pro­duit mar­ket­ing. Mais tout en étant la plus sincère pos­si­ble dans ma musique, le pub­lic ne voit qu’une facette de moi, ne voit que le per­son­nage musi­cal que je suis devenu. Le fait d’accepter ça est en train de me don­ner beau­coup de lib­erté artis­tique. La pos­si­bil­ité de créer sans avoir besoin de plaire à ma copine, à mon père, à mes potes du break…

Fatima Daas, écrire pour prendre sa place

Fati­ma Daas, 28 ans, écrit depuis longtemps. La petite dernière d’une soror­ie de trois sœurs élevée dans les quartiers pop­u­laires de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) se sou­vient d’avoir d’abord adressé des let­tres à une petite cou­sine décédée pour écrire tout ce qu’elle n’avait pas pu lui dire. Elle a une quin­zaine d’années, et ce geste prend de plus en plus de place, jusqu’à réalis­er que « c’est [sa] manière à [elle] de par­ler », comme elle l’explique à la presse en 2020 à la sor­tie de son pre­mier roman remar­qué – La Petite Dernière – pub­lié aux édi­tions Noir sur blanc. Fati­ma Daas est le nom de son héroïne ado­les­cente, les­bi­enne, ban­lieusarde et musul­mane, et devient son pseu­do­nyme, brouil­lant ain­si les pistes entre la biogra­phie et le roman. Car c’est avant tout l’écriture qui ani­me cette jeune femme élevée dans la reli­gion musul­mane, se décrivant comme asth­ma­tique, colérique, les­bi­enne, fémin­iste inter­sec­tion­nelle, fière de sa ban­lieue d’origine, qui veut avant tout par­ler de celles et ceux qui ne trou­vent pas leur place ou à qui on ne la donne pas. En chemin, Fati­ma Daas se nour­rit de rap, de sa foi, de ses sœurs, de la fac, jusqu’au mas­ter de créa­tion lit­téraire de l’université Paris 8 à Saint-Denis suivi entre 2017 et 2019 lui per­me­t­tant d’accoucher de ce pre­mier roman. Elle tra­vaille actuelle­ment à l’écriture du deux­ième, « qui va beau­coup par­ler de l’impact de l’école dans la vie de per­son­nages ado­les­cents racisés », comme elle nous l’a con­fié.

Aloïse et Fati­ma, l’écriture est au cœur de ce que vous pro­duisez. Est-ce que vous écrivez tous les jours ?

ALOÏSE SAUVAGE En ce moment, je yogourte, je chan­tonne, mais je n’écris pas de musique. Ça aus­si, c’est assez nou­veau. Après, le moment est très par­ti­c­uli­er. On est assailli·es d’informations, il y a trop peu de silence…

FATIMA DAAS Oui, c’est com­pliqué en ce moment la vie… Je dégage le peu de temps que j’ai pour écrire.

On est dans le con­texte d’une guerre menée par Israël con­tre Gaza qui boule­verse et divise beau­coup. Com­ment est-on artiste dans ces moments-là, à quoi sert-on ?

FATIMA DAAS C’est dif­fi­cile à dire… Je ne suis pas sûre, de manière générale, que mon tra­vail aide quiconque. Ni qu’il m’aide moi-même. Même si ça m’arrive quand je lis des livres qui me touchent d’avoir le sen­ti­ment d’être moins seule. Mais ces temps-ci, je me sens très impuis­sante et frag­ilisée. Dès que j’en ai l’occasion, je vais aux man­i­fes­ta­tions et actions en faveur du cessez-le-feu, con­tre la coloni­sa­tion, pour la libéra­tion de la Pales­tine. C’est impor­tant pour moi de témoign­er mon sou­tien au peu­ple pales­tinien. Le silence, l’inaction me rendraient folle. J’ai envie de croire en une lutte col­lec­tive même si tout est bouché… J’ai besoin d’être au con­tact de per­son­nes qui parta­gent cette révolte, parce que les dis­cours racistes, islam­o­phobes, anti­sémites en France sont omniprésents et m’affectent au quo­ti­di­en. J’ai l’impression que je n’arrive plus à vivre en France.

C’est un con­stat ter­ri­ble.

FATIMA DAAS Oui, il y a de quoi devenir fou.

Il y a des ailleurs ?

FATIMA DAAS On cherche…


« J’estime que s’en pren­dre au rap est clas­siste et raciste. Le rap n’est pas à part, le sex­isme, la misog­y­nie, la cul­ture du viol sont absol­u­ment partout. »

Fati­ma Daas


ALOÏSE SAUVAGE Je me sens totale­ment impuis­sante… J’ai arrêté les réseaux, la télé, parce que je n’y arrive plus du tout. Je m’informe autrement, plus lente­ment, avec des arti­cles ou reportages bien con­stru­its. Et je prends davan­tage soin de ma petite bulle, de mon cer­cle proche. On se ques­tionne sur les vies qu’on mène, les com­bats qu’on veut men­er ensem­ble, com­ment garder espoir. À vrai dire, je sens énor­mé­ment de colère. Il faut que je la digère pour que ça me mène quelque part artis­tique­ment. En atten­dant, bizarrement, quand j’ai un petit élan créatif, c’est plus léger que d’habitude. C’est mon corps qui chante. Je sens que j’ai besoin de vibr­er et de me con­necter plus sim­ple­ment à mes sen­sa­tions, de par­ler de nos liens d’amour. On a besoin de douceur.

Après je reste per­suadée que l’art est poli­tique et qu’il engage quiconque le pro­pose. À ma petite échelle, c’est bien la musique, le cirque, la danse qui m’ont per­mis de m’émanciper, de sor­tir de mon micro­cosme. Je pense que l’art peut aider, soign­er, je veux y croire. C’est un out­il pour se con­necter, même physique­ment. On a d’abord besoin de ça, de beau, pour ne pas per­dre notre human­ité, encore plus en sit­u­a­tion de con­flit.

Le rappeur algérien Tif sur scène lors du festival L’Boulevard en novembre 2023, à Casablanca, au Maroc.Milla Morisson / Hans Lucas

Le rappeur algérien Tif sur scène lors du fes­ti­val L’Boulevard en novem­bre 2023, à Casablan­ca, au Maroc.
Mil­la Moris­son / Hans Lucas

Vous venez d’exprimer votre colère. Com­ment la vivez-vous ?

ALOÏSE SAUVAGE Jusqu’à récem­ment, je ne savais vrai­ment pas l’extérioriser. Je voy­ais la colère comme un aveu de faib­lesse. Je pense que c’est lié à mon his­toire famil­iale. Je viens d’une famille où l’on esquive le con­flit, qui est vu comme une chose ter­ri­ble. Alors que les con­flits sont par­fois essen­tiels et même répara­teurs. Je le com­prends seule­ment main­tenant, je change… Et toi, Fati­ma ?

FATIMA DAAS Ah, je suis vénère moi !

ALOÏSE SAUVAGE Je pense aus­si qu’enfant, ça sor­tait par le corps, le break, qui m’a aidée à extéri­oris­er tout ce qui me tra­ver­sait sans for­cé­ment que je m’en rende compte à l’époque. D’autant que le break est une danse de com­bat, reven­dica­tive. J’ai com­mencé à danser quand j’avais une dizaine d’années, un peu avant d’entrer au col­lège, dans deux crews dif­férents. On s’entraînait à la MJC du Mée-sur-Seine, à la mai­son de quarti­er de Melun, der­rière le cen­tre com­mer­cial de Car­ré Sénart à Lieu­saint… On pré­parait des bat­tles ou des shows, j’y ai passé telle­ment de temps ! Je me sen­tais appartenir à une famille, je cal­mais mon corps et mon tem­péra­ment d’hyperactive grâce à cette pra­tique.

FATIMA DAAS Enfant, j’ai beau­coup gardé ma colère pour moi, je l’ai con­trôlée, intéri­or­isée, alors que par­fois j’avais juste envie de péter les plombs. Mais j’ai com­pris que cer­taines avaient le droit de se met­tre en colère, d’autres non. Quand une per­son­ne racisée se met en colère, c’est sou­vent « trop », on est sys­té­ma­tique­ment perçue comme dan­gereuse, agres­sive, vio­lente. J’ai sen­ti qu’en tant que femme nord-africaine, j’avais moins d’espace pour dire ma colère. J’ai donc tout fait pour rester dans le con­trôle, en per­ma­nence, mais ça étouffe, et au bout d’un moment ça pète… L’écriture m’a aidée. Le rap aus­si m’a beau­coup aidée, tout au long de ma vie. C’est un truc qui sauve. En ce moment j’écoute énor­mé­ment Tif, un rappeur algérien, mais aus­si Lim­sa d’Aulnay, Isha, et Eesah Yasuke.


« Je suis dev­enue une représen­ta­tion les­bi­enne sans m’être con­stru­ite avec des représen­ta­tions les­bi­ennes. »

Aloïse Sauvage


ALOÏSE SAUVAGE Dans le rap, la colère est là, elle n’est pas feinte. Moi aus­si, j’ai accroché avec le rap dès l’enfance, rien qu’en rai­son de l’énergie, sans capter les paroles, d’autant que j’écoutais beau­coup de rap améri­cain en com­mençant la danse. Ensuite, j’ai plongé dans le rap français, je me suis éduquée musi­cale­ment grâce à lui. Ado, j’ai beau­coup écouté Diam’s et aus­si Keny Arkana, une meuf bien en colère. Plein de rappeuses con­tin­u­ent de m’inspirer. Je pense à Babysolo33, qui fait du rap alter­natif, à Lala &ce et à Meryl, des chanteuses pop aux influ­ences hip-hop, mais aus­si à Kae Tem­pest dans l’univers du spo­ken word.

Le rap vous rassem­ble. Même s’il n’est pas tou­jours ten­dre avec les femmes et avec les les­bi­ennes ?

FATIMA DAAS J’estime que s’en pren­dre au rap est clas­siste et raciste. Le rap n’est pas à part, le sex­isme, la misog­y­nie, la cul­ture du viol sont absol­u­ment partout. Pourquoi cette musique devrait être plus exem­plaire que le reste de la société ?

Parce qu’on peut être exigeant avec tout le monde…

FATIMA DAAS La ques­tion mérite claire­ment d’être posée, je ne dis pas qu’il ne faut pas réfléchir à ce qui se passe dans le rap. Mais ça dépend vrai­ment du rap que tu écoutes. On peut choisir le rap qu’on a envie d’écouter et décider de ne pas écouter ce qui nous heurte. On ne peut pas pos­er une grosse analyse sur­plom­bante sur le rap en entier. Le rap est mul­ti­ple et il ne se résume pas à de l’homophobie et du sex­isme. J’écoute majori­taire­ment des rappeurs hommes et je ne cul­pa­bilise pas, et je ne me sens pas moins fémin­iste. Le rap m’a sauvé la vie. Soit tu kiffes, soit tu kiffes pas le rap.

ALOÏSE SAUVAGE C’est impos­si­ble de généralis­er, il y a 1 001 façons de faire du rap. Il y a des chan­sons dans lesquelles les gars par­lent de leur rela­tion avec les meufs de manière infâme. Je pense que c’est sou­vent un sim­ple exer­ci­ce de style, d’ego-trip. Par­fois ça me passe au-dessus, par­fois non. Moi je choi­sis d’écouter des sons qui ne me heur­tent pas et il y a assez de pro­duc­tions pour pou­voir en écouter quo­ti­di­en­nement. Je note même une évo­lu­tion, avec pas mal de rappeurs qui sor­tent du sché­ma vir­iliste. Je pense à Dis­iz, Alpha Wann, Luid­ji, Tuerie, So La Lune, Roun­haa, Lay­low, Jos­man… J’en veux aux médias qui ont pu con­tribuer à con­stru­ire cette image sex­iste et vir­iliste du rap, tein­tée de mépris de classe, parce qu’on ne par­le qua­si­ment jamais de la misog­y­nie des autres gen­res musi­caux. Tous les con­tenus main­stream, égale­ment dans la lit­téra­ture ou le ciné­ma, nous four­nissent depuis des lus­tres des sché­mas de séduc­tion qui reposent sur un sys­tème sex­iste et vio­lent. Ils con­di­tion­nent nos désirs, nos paroles.


« L’art peut aider, soign­er, je veux y croire. C’est un out­il pour se con­necter, même physique­ment. On a d’abord besoin de ça, de beau, pour ne pas per­dre notre human­ité. »

Aloïse Sauvage


Aloïse Sauvage, votre musique appar­tient à la cul­ture hip-hop, con­sid­érez-vous que vous rappez ?

ALOÏSE SAUVAGE Je fais de la pop avec une influ­ence rap, j’en appré­cie tou­jours autant la scan­sion, l’énergie. Mais non, je ne pré­tends pas rap­per. Peut-être parce que je me suis tou­jours sen­tie le cul entre deux chais­es, quelque part entre ce qu’on attend de moi et ce que j’aime faire. En rai­son de ma blan­chité, on voudrait que je fasse autre chose que du rap. On ne com­prend pas que j’y sois attachée.

J’aime écrire, je viens de ban­lieue, j’ai des par­ents profs, j’ai le pro­fil de la bonne élève, j’aime sincère­ment le rap et le break. C’est tout ça à la fois, comme une espèce de métis­sage qui a pris forme dans la ban­lieue pavil­lon­naire, au Mée-sur-Seine dans le 77. Je ne vais pas me plain­dre de mes priv­ilèges, mais ça me situe à une place inat­ten­due. Je le ressens très forte­ment dans cer­tains traite­ments médi­a­tiques.

La chanteuse martiniquaise Meryl ouvre le festival de Saint-Brieuc Art Rock en mai 2023. PHOTOPQR /LE TÉLÉGRAMME / Marina Chélin / MAXPPP

La chanteuse mar­tini­quaise Meryl ouvre le fes­ti­val de Saint-Brieuc Art Rock en mai 2023.
PHOTOPQR /LE TÉLÉGRAMME / Mari­na Chélin / MAXPPP

On entend votre envie de revendi­quer le mélange et la nuance, de ne pas être réduites à un ter­ri­toire ou à la pro­fes­sion de vos par­ents. De votre côté, qu’en dites-vous Fati­ma ?

FATIMA DAAS Mal­heureuse­ment, on est obligé·es de porter ce qu’on représente. Par exem­ple, on a tous et toutes une couleur de peau. On la porte, qu’on le veuille ou non. Moi je suis une per­son­ne racisée, parce que je subis le racisme et que je suis perçue comme musul­mane ou comme « arabe » par les autres. Les gens me situent par rap­port à ça. Ils par­lent de notre tra­vail à par­tir de ça, ils ne nous voient que sous ce prisme. Toi, Aloïse, tu vas être perçue comme une femme blanche les­bi­enne… Après, quand on par­le de notre tra­vail, on essaie d’amener de la nuance, de la com­plex­ité, mais ce n’est pas sim­ple. Je pense que le plus impor­tant c’est de revenir à soi, à ce qu’on a envie de dire de notre tra­vail, à ce qu’on a envie de faire. Toi, tu as envie de te dire rappeuse ?

ALOÏSE SAUVAGE Non pas spé­ciale­ment, j’ai plus con­fi­ance en moi main­tenant, j’ai juste envie de pro­duire mon art sans être dans une espèce de sur-politesse ! Et toi, tu as par­fois l’impression d’être con­sid­érée comme « la meuf en jog­ging qui, quand même, sait écrire » ?!

FATIMA DAAS Je me col­tine pas mal de clichés claire­ment : être une meuf sauvée par l’école, sauvée par la France, parce qu’en Algérie, mon livre n’aurait pas pu voir le jour… Et puis cette his­toire d’être les­bi­enne et musul­mane, vue comme totale­ment impos­si­ble. Alors que j’avais pré­cisé­ment l’impression de racon­ter l’inverse avec La Petite Dernière. Le bouquin racon­te l’histoire de quelqu’un qui a eu du mal à réus­sir à alli­er les deux mais qui vit, qui rit, qui a des potes ! Au bout du compte, j’ai surtout com­pris que c’était impos­si­ble de par­ler de l’islam calme­ment.

Vous avez aus­si passé pas mal de temps sur les bancs de la fac, Fati­ma, vous voulez bien nous racon­ter ?

FATIMA DAAS J’ai fait une licence de let­tres mod­ernes, puis j’ai pos­tulé à un mas­ter de créa­tion lit­téraire à Paris 8 Saint-Denis. On était un groupe d’une ving­taine d’étudiant·es, à dis­pos­er de deux ans pour écrire notre pro­jet. Moi, c’est là que j’ai com­mencé à écrire. Pour autant, je ne me sens pas être le « pro­duit » de ce mas­ter. Il m’a avant tout don­né du temps et un cadre pour écrire, j’y ai ren­con­tré des ami·es, j’ai pu partager mon texte avec eux et vice-ver­sa. J’y ai tis­sé un lien par­ti­c­uli­er avec l’enseignante et écrivaine que j’avais choisie pour m’encadrer, Chris­tine Mon­tal­bet­ti. Elle lisait mon texte, on se voy­ait, on en par­lait. Et puis j’ai ren­con­tré mon éditrice Brigitte Bouchard à ma sou­te­nance. J’ai aimé sa manière de par­ler de mon roman, je lui ai fait con­fi­ance. C’est bien que ce genre de mas­ters existe, ils sont peu nom­breux en France, et plutôt des­tinés à des gens qui écrivent déjà.

DONNEZ-NOUS DU RAP

Fati­ma Daas et Aloïse Sauvage ont ryth­mé l’entretien de références musi­cales. Tout en haut de sa playlist, Fati­ma Daas place Tif, rappeur algérien dont le pre­mier album, 1,6, est sor­ti en mars 2023, puis Lim­sa d’Aulnay et Isha, deux rappeurs venant de cosign­er l’album Bitume caviar (vol­ume 1). Y fig­ure encore Eesah Yasuke, rappeuse émer­gente orig­i­naire de Roubaix (Nord). Aloïse Sauvage dresse une liste de jeunes chanteuses français­es aux influ­ences hip-hop dont les créa­tions récentes l’inspirent. On y trou­ve la Bor­de­laise Babyso­lo 33, Lala &ce et son titre Bon temps, Meryl qui chante à la fois en français et créole mar­tini­quais. Elle met égale­ment à l’honneur des rappeurs qui réin­ven­tent les codes du genre par leurs textes et leurs clips tels que Lay­low (auteur de Logi­ciel triste), So La Lune, et Roun­haa.
Quand les deux artistes se rep­lon­gent dans le son de leur ado­les­cence, il est bien sûr ques­tion de Diam’s et de Keny Arkana, autrice du titre coup de poing La Rage, mais aus­si de Rim’K, l’un des fon­da­teurs du col­lec­tif Mafia K’1 Fry, et de Sniper, groupe ayant pro­duit le fameux Gravé dans la roche. Fati­ma Daas et Aloïse Sauvage men­tion­nent enfin le rap améri­cain des années 2000 qui s’infiltre dans leur foy­er respec­tif grâce aux grandes sœurs et grands frères, de 50 Cent à Ja Rule.

 

Aloïse, vous avez passé beau­coup de temps au con­ser­va­toire, entourée d’instruments. Que sont-ils devenus ?

ALOÏSE SAUVAGE Ils sont rangés dans des boîtes qui pren­nent la pous­sière ! C’est vrai que j’ai beau­coup don­né au con­ser­va­toire, comme activ­ité extrasco­laire, de 8 à 18 ans. C’était intense, à un moment don­né, je fai­sais même trois instru­ments : flûte tra­ver­sière, bat­terie, sax­o­phone ! Et puis c’est finale­ment le break dance qui m’a com­plète­ment embar­quée, matrixée… J’ai aus­si beau­coup don­né au théâtre ama­teur en fin d’adolescence. Ce sont des milieux artis­tiques très dif­férents, mais j’ai tout fait à fond, de manière pas­sion­née, un peu obses­sion­nelle. Per­son­ne ne m’a for­cée ! Je voulais faire de la flûte quand mes frères et sœurs évolu­aient dans des sphères très dif­férentes. Peut-être que j’intégrerai la flûte tra­ver­sière à un titre un jour, j’aimerais bien…

Y avait-il de la musique dans vos maisons d’enfance ?

ALOÏSE SAUVAGE Mon frère écoutait Sky­rock. Mon père était à fond dans la cul­ture Téléra­ma, FIP radio, il accu­mu­lait les CD de jazz. Ma mère écoutait plutôt de la chan­son française.

FATIMA DAAS Le rap, tou­jours ! Dans les années fin 1990 et 2000, j’étais entourée par la musique de mes cousins et de mes grandes sœurs : Ja Rule, 50 Cent, Puff Dad­dy, Rim’K, Fonky Fam­i­ly, Sniper… J’ai moins de sou­venirs de la musique qu’écoutaient mes par­ents, je me sou­viens juste que mon père chan­tait sou­vent Ya Rayah de Rachid Taha.

Aloïse Sauvage par Louise Quignon pour La Déferlante

Aloïse Sauvage par Louise Quignon pour La Défer­lante

Y a‑t-il des lieux noc­turnes que vous investis­sez, des lieux fes­tifs et mil­i­tants qui comptent pour vous ?

FATIMA DAAS Il y a des moments où j’en ai besoin, d’autres moins. Une bonne fête selon moi, c’est du bon son et des gens sym­pas. J’ai beau­coup fréquen­té La Mutiner­ie [bar queer trans et fémin­iste à Paris], j’y vais un peu moins main­tenant.

ALOÏSE SAUVAGE Je ne fais pas beau­coup la fête, je me suis très peu con­stru­ite avec les lieux de la nuit mil­i­tante. Je suis dev­enue une représen­ta­tion les­bi­enne sans m’être con­stru­ite avec des représen­ta­tions les­bi­ennes. J’ai décou­vert ces endroits une fois out et j’ai été out en même temps que ma médi­ati­sa­tion démar­rait, alors j’ai dû ramen­er à moi beau­coup de con­nais­sance dans un temps court pour avoir une prise de parole intel­li­gi­ble et intel­li­gente. J’ai décou­vert que j’étais les­bi­enne « in front of peo­ple » ! Main­tenant, je me retrou­ve dans ces lieux noc­turnes côté scène, pour y per­former, par exem­ple comme à la Wet For Me [lors d’une soirée les­bi­enne organ­isée les 21 et 22 avril 2023 par le col­lec­tif Barbi(e)turix].

Être out­ée en étant médi­atisée, est-ce aus­si comme ça que ça s’est passé pour vous, Fati­ma ?

FATIMA DAAS Dans mon entourage proche, les gens savaient déjà.

ALOÏSE SAUVAGE Ah moi, y com­pris dans mon cer­cle rap­proché, des gens ont décou­vert que j’étais les­bi­enne en même temps que mon pre­mier EP, avec cer­taines chan­sons comme Jimy et Omowi. Mais ce n’est pas parce que je l’ai caché pen­dant quinze ans, c’est parce que ma pre­mière his­toire d’amour est tar­dive, elle arrive deux ans avant d’écrire cet album… Avant, ça n’existait pas pour moi. Je fai­sais du break. Je ne pen­sais pas à ça. J’avais un retard quand même, il faut bien le dire. Et quand l’EP est sor­ti, je me suis retrou­vée à devoir répon­dre à des ques­tions sur ma sex­u­al­ité tout en étant en train de me con­stru­ire, ce n’était pas sim­ple. Les dis­cus­sions avec ma petite sœur, les­bi­enne aus­si, qui avait plus de vécu, m’ont beau­coup aidée. Je pou­vais être très naïve au début, à don­ner un peu trop de ma vie intime.

Aloïse Sauvage, une artiste complète

Entre le chant, la danse, les instru­ments, le cirque, la comédie… Aloïse Sauvage, 31 ans, s’est tail­lé une vie de cabaret dès l’enfance. Un univers unique à l’ambiance joyeuse, aux rythmes hip-hop, où le verbe est haut et fémin­iste. Ses aven­tures com­men­cent pour­tant dans un envi­ron­nement rel­a­tive­ment banal, dans une ville pavil­lon­naire de la grande ban­lieue parisi­enne, au Mée-sur-Seine en Seine-et-Marne, entourée d’une fratrie aimante et de par­ents « profs » comme elle le résume (un père doc­u­men­tal­iste, une mère cheffe d’établissement). Peu attirée par la nature envi­ron­nante, elle se nour­rit de toutes les ressources cul­turelles disponibles : le con­ser­va­toire à par­tir de l’école pri­maire, où elle apprend le sax­o­phone, la flûte tra­ver­sière et la bat­terie ; la mai­son locale des jeunes où elle tombe amoureuse du break­dance au début de l’adolescence – et pour longtemps ; le théâtre ama­teur au lycée… En 2011, bac en poche, Aloïse Sauvage entre à l’Académie Fratelli­ni, dont elle sort trois ans plus tard diplômée des arts du cirque, spé­cial­ité acro­danse. Prête à com­mencer sa vie d’artiste, sur plusieurs fronts : le cirque, le ciné­ma, bien­tôt la musique. Elle tourne pour la pre­mière fois dans un long métrage en 2015 dans Mal de pier­res réal­isé par Nicole Gar­cia. Puis elle joue Éva, une mil­i­tante d’Act Up-Paris, dans 120 bat­te­ments par minute de Robin Campil­lo, primé à de mul­ti­ples repris­es. Elle enchaîne avec des pro­jets musi­caux très per­son­nels, lui per­me­t­tant notam­ment d’affirmer son homo­sex­u­al­ité : un pre­mier EP en 2019, Jimy, suivi de son pre­mier album Dévo­rantes (2020), puis Sauvage (2022), jusqu’au nou­v­el EP Club des étranges en 2023. En 2024, on la retrou­vera sur les écrans dans son pre­mier rôle prin­ci­pal dans le film Sur un fil réal­isé par Reda Kateb.

 

Faites-vous face à de la les­bo­pho­bie ?

ALOÏSE SAUVAGE Sur les réseaux soci­aux, il y a des com­men­taires qui sont un mélange de sex­isme et d’homophobie. Ça porte sur mes codes ves­ti­men­taires, mes atti­tudes, qui je suis… Mais je n’ai pas subi de vagues de cyber­har­cèle­ment comme Bilal [Has­sani] a pu en con­naître.

FATIMA DAAS J’ai con­stam­ment droit à des com­men­taires racistes et islam­o­phobes, moins sur le fait d’être les­bi­enne. Comme si je n’étais pas une vraie les­bi­enne. Dans la hiérar­chie des haines, c’est l’islam en pre­mier.

Qui vous accom­pa­gne, vous pro­tège ? Avez-vous une bande, une famille choisie ?

ALOÏSE SAUVAGE Je suis très proche de ma famille, qui est assez excep­tion­nelle, mes par­ents, ma sœur et mon frère. Ma sœur est un mod­èle pour moi, elle m’aide à affirmer et défendre mon iden­tité, à avoir une parole publique là-dessus. Et puis j’ai un autre noy­au dur de potes qui date d’avant mon entrée dans l’industrie de la musique et du ciné­ma. J’ai gardé ce lien et j’y tiens, c’est ma base.

FATIMA DAAS Pas mal de femmes m’ont con­tac­tée directe­ment pour me soutenir après la sor­tie de La Petite Dernière. Je pense à Maboula Souma­horo, Faïza Guene, Bin­tou Dem­bélé. Ces femmes ont eu de l’expérience avant moi, elles ont eu les mêmes dif­fi­cultés. D’entendre des gens te dire « Ne t’inquiète pas, on sait ce qui se passe, on te com­prend, ne lâche rien », ça change tout. Je suis tou­jours en lien avec elles, c’est la famille. Elle s’ajoute à ma famille de sang, mes sœurs et ma mère, ma com­pagne, les femmes de ma vie. •

1992

Nais­sance d’Aloïse Sauvage en Seine-et-Marne (77), où elle grandit au Mée-sur-Seine.

1995

Nais­sance de Fati­ma Daas à Saint-Ger­main-en-Laye (78). Elle grandit à Clichy-sous-Bois (93).

2015

Pre­mier rôle d’Aloïse Sauvage dans un long métrage, Mal de pier­res, de Nicole Gar­cia.

2017

Fati­ma Daas intè­gre le mas­ter de créa­tion lit­téraire de l’université Paris 8 Vin­cennes-Saint-Denis.

2020

Paru­tion du pre­mier roman de Fati­ma Daas, La Petite Dernière.

Sor­tie du pre­mier album d’Aloïse Sauvage, Dévo­rantes.

2022

Sor­tie du deux­ième album d’Aloïse Sauvage, Sauvage.

2023

La Petite Dernière est en cours d’adaptation ciné­matographique par la réal­isatrice Haf­sia Herzi.

2024

Sor­tie du long métrage Sur le fil de Reda Kateb, dans lequel Aloïse Sauvage tient le pre­mier rôle.

 

Entre­tien réal­isé le 8 novem­bre 2023 par Iris Derœux, jour­nal­iste indépen­dante et mem­bre du comité édi­to­r­i­al de La Défer­lante, dans les locaux de l’usine Spring­court, à Paris.

Iris Deroeux

Reporter basée à Paris après avoir vécu en Inde et aux Etats-Unis pendant dix ans, comme correspondante pour Libération puis Médiapart. Elle collabore au journal Le Monde sur des questions sociales et de jeunesse et enseigne le journalisme en tant que maîtresse de conférences associée à l'université de Strasbourg. Pour ce numéro de La Déferlante, elle interviewé Mélissa Laveaux et Jeanne Added. Voir tous ses articles

Avorter : Une lutte sans fin

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°13 Avorter, paru en mars 2024. Con­sul­tez le som­maire.


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