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Trans et féministes : décentrer la controverse

Depuis quelques mois, les réseaux soci­aux ser­vent d’amplificateur à une polémique opposant des trans et des fémin­istes, lais­sant enten­dre que les deux par­ties seraient antag­o­nistes, voire irré­c­on­cil­i­ables. En plongeant dans la généalo­gie de la pen­sée fémin­iste, le chercheur Emmanuel Beaubatie rel­a­tivise cette querelle et la replace dans l’histoire des débats qui ponctuent les mobil­i­sa­tions des femmes depuis les années 1970.
Publié le 21/06/2023

Modifié le 16/01/2025

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue papi­er La Défer­lante n°3. La Défer­lante est une revue trimestrielle indépen­dante con­sacrée aux fémin­ismes et au genre. Tous les trois mois, en librairie et sur abon­nement, elle racon­te les luttes et les débats qui sec­ouent notre société.

En 1979, parais­sait aux États-Unis L’Empire trans­sex­uel, de la pro­fesseure en women stud­ies Jan­ice Ray­mond. Ce texte, traduit en français deux ans plus tard, dépeignait les femmes trans comme des agents du patri­ar­cat venant colonis­er les milieux fémin­istes pour saper les fonde­ments de leurs luttes. Une représen­ta­tion qui peut paraître datée, mais à laque­lle font pour­tant écho les récentes pris­es de posi­tion de la colleuse et ex-Femen Mar­guerite Stern con­tre les « trans­ac­tivis­tes¹ » ou encore les déc­la­ra­tions de J. K. Rowl­ing, célèbre autrice de Har­ry Pot­ter, à l’encontre des trans dans les mou­ve­ments fémin­is­tes².

L’enjeu ici n’est pas d’argumenter con­tre de tels dis­cours, cela a déjà été fait à maintes repris­es. Il s’agit plutôt de les replac­er dans une longue série de débats qui ont ponc­tué l’histoire du fémin­isme des années 1970 à nos jours. Comme tout mou­ve­ment d’opprimé·es, le mou­ve­ment pour les droits des femmes con­naît des dis­sen­sions mul­ti­ples et var­iées. Irré­ductibles à des dif­férences d’opinions, ces dis­sen­sions s’enracinent sou­vent dans des logiques d’oppression, comme ce fut le cas à l’égard des les­bi­ennes ou des femmes non blanch­es.

Qui appar­tient au sujet poli­tique femme ? Qui a sa place dans les mobil­i­sa­tions fémin­istes ? Les rap­ports soci­aux et de pou­voir n’épargnent rien ni per­son­ne, pas même les col­lec­tifs qui enten­dent les com­bat­tre. Les pages qui suiv­ent ne se con­cen­trent pas seule­ment sur les trans, et c’est à des­sein : elles enten­dent avant tout retrac­er les apports et affron­te­ments de dif­férentes approches fémin­istes, tout en s’interrogeant sur leur éventuelle con­cil­i­a­tion.

Un combat commun contre le contrôle des corps

La lutte pour dis­pos­er de son pro­pre corps est un point de con­ver­gence entre les mobil­i­sa­tions fémin­istes et trans. « Mon corps, mon choix » : ce slo­gan bien con­nu des mou­ve­ments d’émancipation des femmes a été repris par les mou­ve­ments trans qui ont émergé à la fin du siè­cle dernier. En France, au cours des années 1970, le Mou­ve­ment de libéra­tion des femmes (MLF) et le Mou­ve­ment de lutte pour l’avortement et la con­tra­cep­tion (MLAC) revendiquent, entre autres, un accès libre et gra­tu­it à l’avortement, ain­si que le rem­bourse­ment de la con­tra­cep­tion, légal­isée en 1967. L’enjeu est alors de s’affranchir de l’appropriation juridique et médi­cale de corps conçus par la nation comme voués à la repro­duc­tion.


Les trans sont les seul·es à avoir vu le monde des deux côtés de la fron­tière du genre. Cette expéri­ence éclaire comme aucune autre le poids e la dom­i­na­tion mas­cu­line.


C’est con­tre ce même ordre social qui pro­duit, dif­féren­cie et hiérar­chise deux caté­gories – ou class­es – de sex­es que des voix trans se sont élevées deux décen­nies plus tard. En 1992, Leslie Fein­berg, militant·e états-unien·ne assigné·e fille à la nais­sance et qui s’identifie à la fois comme butch³ et trans­genre, pub­lie Trans­gen­der Lib­er­a­tion⁴ . Ce texte fon­da­teur établit un par­al­lèle entre les luttes trans et le mou­ve­ment de libéra­tion des femmes et pointe le con­trôle des corps trans, depuis longtemps psy­chi­a­trisés et exper­tisés par l’institution médi­cale et la jus­tice.

Le con­trôle des corps sub­or­don­nés est un objet de lutte pour bon nom­bre de pop­u­la­tions minorisées. Dans le cas des femmes cis et des trans, ce con­trôle prend place dans un ordre hétéro­sex­uel et de genre au sein duquel chacun·e doit tenir sa place. Mais si de nom­breuses fémin­istes s’accordent sur le poids d’un tel ordre social, toutes n’ont pas la même idée de com­ment s’en affranchir.

Les fémin­istes n’ont pas atten­du les con­tro­ver­s­es con­tem­po­raines autour des trans pour con­naître des cli­vages : dès les années 1970, leur unité se fis­sure. Sou­vent qual­i­fiées de matéri­al­istes, les approches qui sous-ten­dent les mobil­i­sa­tions des années 1970 s’attaquent avant tout à ce que la soci­o­logue et mil­i­tante Chris­tine Del­phy appelle la divi­sion sex­uelle du tra­vail : tan­dis que les hommes acca­parent le tra­vail pro­duc­tif tout en s’appropriant celui des femmes, ces dernières sont assignées à un des­tin repro­duc­tif. D’inspiration marx­iste, cette approche se fonde sur l’idée d’une lutte entre deux class­es de sexe antag­o­niques, et se situe par défaut dans un schème hétéro­sex­uel.

MLF, Gouines Rouges et première tensions

C’est dans ce paysage d’idées qu’émerge par­mi les les­bi­ennes du MLF une posi­tion poli­tique qui revendique la sor­tie de l’hétérosexualité comme un geste éman­ci­pa­teur per­me­t­tant aux femmes d’échapper en par­tie à leur classe de sexe. Dans cette con­cep­tion, l’appropriation privée du tra­vail par un homme n’est plus une fatal­ité, et des mobil­ités devi­en­nent pos­si­bles au sein de l’ordre du genre [voir encadré page 150]. Cette stratégie est source de ten­sions au sein du fémin­isme français. Cer­taines mil­i­tantes y voient une option con­sis­tant à fuir la dom­i­na­tion plus qu’à la com­bat­tre. Pour d’autres se dis­simule der­rière cet argu­ment le désir sans doute incon­scient de ne pas renon­cer aux béné­fices sec­ondaires de l’hétérosexualité.

C’est sur ce fond de ten­sions que nais­sent deux nou­veaux col­lec­tifs fémin­istes : le groupe des Gouines rouges – dont Chris­tine Del­phy fait par­tie – et le Front homo­sex­uel d’action révo­lu­tion­naire (FHAR), au sein duquel on trou­ve le groupe des Gazo­lines, qui compte des per­son­nes trans dans ses rangs. Au sein des Gouines rouges, une fig­ure de l’engagement les­bi­en se fera con­naître par son fameux adage « Les les­bi­ennes ne sont pas des femmes » : la philosophe et écrivaine Monique Wit­tig [lire son por­trait dans le numéro 2 de La Défer­lante]. Inté­grant la sex­u­al­ité – et ses marges – dans les réflex­ions fémin­istes, elle posera cer­tains jalons des futures approches queer, dans lesquelles les trans trou­veront pleine­ment leur place.

Études queer et performativité du genre

Par­fois qual­i­fiées de qua­trième vague fémin­iste, les études queer se dévelop­pent aux États-Unis dans les années 1990. Elles s’intéressent à la manière dont les marges oblig­ent à repenser le genre et la sex­u­al­ité à l’échelle de l’ensemble de la pop­u­la­tion. Dans cette lit­téra­ture, on ne raisonne pas en ter­mes de lutte entre deux class­es, mais plutôt, dans la lignée de Michel Fou­cault, penseur majeur de la « French The­o­ry », en ter­mes de pou­voir et de résis­tance. Si le pou­voir demeure patri­ar­cal et hétéro­sex­uel, les minorités sex­uelles et de genre peu­vent y résis­ter depuis l’intérieur et en ques­tion­ner les fonde­ments, que beau­coup con­sid­èrent comme biologiques. Pour la philosophe Judith But­ler, pro­fesseure à l’université de Berke­ley qui se fait con­naître mon­di­ale­ment en 1990 avec son ouvrage Trou­ble dans le genre⁵ , les per­son­nes trans ne sont pas sub­ver­sives en soi : elles ne le sont que parce qu’elles peu­vent pass­er pour des hommes ou des femmes cis tout en étant trans. Leurs expéri­ences révè­lent ce que But­ler appelle la « per­for­ma­tiv­ité » : le genre en lui-même n’a pas d’essence ; il ne prend corps que par une répéti­tion de pra­tiques et de per­for­mances. Or, ce qui relève du con­stru­it social peut logique­ment être décon­stru­it : les caté­gories de sexe n’ont, en résumé, pas d’existence intrin­sèque.

Si Chris­tine Del­phy avait déjà for­mulé le fait que « le genre précède le sexe⁶  » exp­ri­mant par là que les caté­gories « homme » et « femme » sont un pur pro­duit de l’ordre patri­ar­cal, les approches queer pensent aus­si, et surtout, l’inévitable porosité des fron­tières entre ces caté­gories. C’est pré­cisé­ment de cette porosité que naît le fameux « trou­ble dans le genre ». Pour cette rai­son, ce sont ces approches queer qui ont inspiré les textes fon­da­teurs des études trans. Par­mi ces textes, on trou­ve L’Empire con­tre-attaque : un man­i­feste post-trans­sex­uel, de Sandy Stone⁷ (dont le titre tacle ouverte­ment Jan­ice Ray­mond), une cri­tique en règle de l’injonction médi­cale et juridique faite aux trans à pass­er pour des hommes ou des femmes cis. En effet, l’expression d’un désir d’invisibilité à toute épreuve reste la con­di­tion sine qua non de l’accès aux soins et au change­ment d’état civ­il. Ce cadre de pen­sée queer ne fait toute­fois pas l’unanimité par­mi les fémin­istes, cer­taines s’inquiétant du brouil­lage des délim­i­ta­tions de la classe des femmes. Une préoc­cu­pa­tion qui tra­ver­sait déjà les mou­ve­ments fémin­istes à pro­pos des les­bi­ennes, mais aus­si des femmes noires.

Aux origines de l’intersectionnalité

En 1851, à Akron, dans l’État de l’Ohio, la mil­i­tante africaine-améri­caine et anci­enne esclave Sojourn­er Truth est la pre­mière à pos­er devant une con­ven­tion de femmes blanch­es cette ques­tion-man­i­feste du mou­ve­ment afro-fémin­iste : « Ne suis-je pas une femme ? » Quelques années plus tard, c’est sous ce titre que la mil­i­tante bell hook­s⁸ pub­liera l’un des textes décisifs du black fem­i­nism. Ce mou­ve­ment, qui met en lumière l’intrication entre les sys­tèmes d’oppression de genre, de race et de classe, con­duira, dans les années 1990, à l’éclosion des études sur l’intersectionnalité.

Depuis longtemps exclues des mou­ve­ments fémin­istes parce qu’elles étaient noires, mais aus­si des mou­ve­ments antiracistes parce qu’elles étaient femmes, des femmes noires états-uni­ennes ont com­mencé, dans les années 1980, à point­er les biais et angles morts des fémin­istes blanch­es. Enten­dant ren­dre jus­tice à l’hétérogénéité de leur classe de sexe, elles ont mon­tré en quoi beau­coup de fémin­istes ne les con­sid­éraient, au fond, pas vrai­ment comme des femmes ou, du moins, pas comme des femmes respecta­bles.

Mais ce qui appa­raît comme une dis­si­dence se loge dans des logiques par­fois con­tra­dic­toires. Si les femmes noires ont pu être perçues, con­tre leur gré, comme n’étant pas vrai­ment des femmes, les les­bi­ennes, elles, ont pu être mar­gin­al­isées car elles ne voulaient plus vrai­ment en être. Ce dou­ble mou­ve­ment per­met de saisir en quoi femmes et hommes trans se trou­vent chacun·es à leur manière en porte-à-faux, les pre­mières n’étant sou­vent pas accueil­lies comme des femmes à part entière tan­dis que les sec­onds peu­vent être perçus comme des traîtres à leur classe.

Transfuges de sexe

Les études et mou­ve­ments trans ne boudent cepen­dant pas ces approches fémin­istes qui les tien­nent à l’écart. Nom­breuses sont les per­son­nes con­cernées qui, de la twit­tosphère au monde de la recherche, se recon­nais­sent en par­tie dans le matéri­al­isme et mobilisent le con­cept de class­es de sex­es. Seule­ment, comme l’ont mon­tré les approches queer – et comme l’ont tant étudié les recherch­es sur les class­es sociales –, ces class­es ne sont pas néces­saire­ment her­mé­tiques. Des mobil­ités sociales peu­vent advenir, et cela est val­able pour les class­es de sex­es.


De la même façon que les femmes ne sont jamais seule­ment des femmes, les trans ne sont jamais seule­ment des trans. Elles et ils sont aus­si bien d’autres car­ac­téris­tiques sociales qui for­gent des vécus éminem­ment sin­guliers de l’op­pres­sion de genre.


Les trans sont d’ailleurs les seul·es à avoir vu le monde des deux côtés de la fron­tière du genre. Cette expéri­ence éclaire comme aucune autre le poids de la dom­i­na­tion mas­cu­line, tant elle révèle la dif­férence qu’il y a à être assigné·e et traité·e comme un homme ou comme une femme. Puis­sant révéla­teur des priv­ilèges qui ont été gag­nés ou de ceux qui ont été per­dus, la tran­si­tion est aus­si une épreuve qui con­fronte bru­tale­ment aux normes et stéréo­types de genre, les per­son­nes trans con­nais­sant des tra­jec­toires bien dis­tinctes selon qu’elles sont femmes ou hommes. C’est pré­cisé­ment parce que les fron­tières du genre sont si bien gardées que les trans se heur­tent encore à tant de vio­lences et de pré­car­ité. Toute­fois, le fait de vivre une mobil­ité sociale de sexe ne suf­fit pas à résumer l’expérience qu’elles et ils font de la dom­i­na­tion. C’est là une des leçons de l’intersectionnalité : de la même façon que les femmes ne sont jamais seule­ment des femmes, les trans ne sont jamais seule­ment des trans. Elles et ils ont aus­si bien d’autres car­ac­téris­tiques sociales qui for­gent des vécus éminem­ment sin­guliers de l’oppression de genre.

Mouvements transféministes

Comme en témoigne le développe­ment des études et mou­ve­ments dits trans­fémin­istes, la trans­pho­bie est indis­so­cia­ble du sex­isme. Loin d’être une pho­bie indi­vidu­elle et irra­tionnelle, elle sanc­tionne le pas­sage d’une fron­tière sociale qui sépare et dis­crim­ine les indi­vidus. Pour repren­dre Monique Wit­tig dans La Pen­sée straight⁹,  « la caté­gorie de sexe est une caté­gorie total­i­taire » qui ne manque pas de con­damn­er celles et ceux qui ten­tent de s’en affranchir. Avec le développe­ment des mou­ve­ments trans au cours de ces trente dernières années, cer­taines fémin­istes craig­nent que soit per­due de vue la lutte con­tre le patri­ar­cat, que Chris­tine Del­phy qual­i­fi­ait d’« enne­mi prin­ci­pal ». Mais, d’une part, c’est à ce même enne­mi que les trans payent encore un si lourd trib­ut, et, d’autre part, ce sont peut-être avant tout les con­flits entre pop­u­la­tions dom­inées qui con­duisent à per­dre le sens des pri­or­ités.

Comme Del­phy l’a elle-même recon­nu, il n’est au fond pas de véri­ta­ble enne­mi prin­ci­pal, mais bien des « périls mul­ti­ples¹⁰ ». Ce n’est pas parce que les per­son­nes trans, racisées et les­bi­ennes ne font pas la même expéri­ence de l’oppression que les femmes cis, blanch­es et hétéro­sex­uelles, qu’elles n’en font pas l’expérience du tout. S’affranchir de sa caté­gorie sociale de sexe assignée ne per­met jamais d’échapper à la dom­i­na­tion mas­cu­line, bien au con­traire. L’espace social du genre est vaste et diver­si­fié, mais il n’en demeure pas moins éminem­ment hiérar­chisé. •

1. En jan­vi­er 2020, Mar­guerite Stern cosigne notam­ment une tri­bune pub­liée sur le Huff­Post expli­quant, notam­ment, inter­préter la tran­si­d­en­tité « comme une nou­velle ten­ta­tive mas­cu­line pour empêch­er les femmes de s’exprimer ».

2. En juin 2020, l’autrice de Har­ry Pot­ter partage sur Twit­ter un arti­cle par­lant des « per­son­nes qui ont leurs règles », com­men­tant ironique­ment : « Je suis sûre qu’on devait avoir un mot pour ces gens. Que quelqu’un m’aide. Feum ? Famme ? Feemm ? »

3. Apparu dans le milieu ouvri­er aux Etats-Unis dans les années 1930, le terme de « butch » (abrévi­a­tion de « butch­er », lit­térale­ment « boucher·ère ») était ini­tiale­ment une insulte désig­nant les les­bi­ennes jugées mas­cu­lines. Les per­son­nes con­cernées se sont depuis réap­pro­prié ce terme.

4. Leslie Fein­berg, Trans­gen­der Lib­er­a­tion: A Move­ment Whose Time Has Come, World View Forum, 1992.

5. Trou­ble dans le genre, Judith But­ler. La Décou­verte, 2006 Cet ouvrage, pub­lié en 1990 aux États-Unis, ques­tionne la porosité des fron­tières entre les caté­gories d’hétérosexualité et d’homosexualité, ain­si qu’entre les caté­gories d’homme et de femme. Traduit en France en 2006, il est un des textes fon­da­teurs des queer stud­ies.

6. L’ennemi prin­ci­pal, Chris­tine Del­phy. Édi­tions Syllepse, 2009. Dans ce livre-man­i­feste, Del­phy con­cep­tu­alise l’idée d’une lutte entre
deux class­es de sexe. Elle énonce l’urgence l’urgence de com­bat­tre le patri­ar­cat comme sys­tème social, économique et poli­tique d’oppression des femmes.

7. Sandy Stone, « The Empire Strikes Back: A Post­trans­sex­u­al Man­i­festo », in Julia Epstein, Kristi­na Straub (dir.), Body Guards: The Cul­tur­al Pol­i­tics of Gen­der Ambi­gu­i­ty, Rout­ledge, 1991.

8. Ne suis-je pas une femme ?, bell hooks. Édi­tions Cam­bourakis, 2015. Inspiré par le dis­cours de l’ancienne esclave Sojourn­er Truth, ce texte pub­lié en 1981 (Ain’t I a woman ? Black women and fem­i­nism, Plu­to press, 1981) inter­roge la mar­gin­al­i­sa­tion des femmes noires dans les mou­ve­ments fémin­istes et pré­fig­ure les réflex­ions du courant afro-fémin­iste et inter­sec­tion­nel.

9. La pen­sée straight, Monique Wit­tig. Édi­tions Ams­ter­dam, 2018 Dans ce dis­cours pronon­cé en 1978, la co-fon­da­trice du Mou­ve­ment de libéra­tion des femmes (MLF) définit l’hétérosexualité non plus comme une ori­en­ta­tion naturelle, mais comme un régime poli­tique dont les les­bi­ennes sont les pre­mières pour­fend­euses. Il est pub­lié pour la pre­mière fois en France en 2001.

10. Une for­mule de la juriste et écrivaine Deb­o­rah King dans « Mul­ti­ple Jeop­ardy, Mul­ti­ple Con­scious­ness: The Con­text of a Black Fem­i­nist Ide­ol­o­gy », Signs, vol. 14, no 1, 1988, p. 42–72.

Les mots importants

TERF

L’acronyme Terf pour « trans-exclu­sion­ary...

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Emmanuel Beaubatie

Sociologue, chargé de recherche au CNRS, il travaille sur la diversité et les mobilités de genre. Il est notamment l’auteur de Transfuges de sexe. Passer les frontières du genre paru aux éditions La Découverte. Il est l’auteur de l’article « Trans et féministes : décentrer la controverse ». Voir tous ses articles

Se battre : nos corps dans la lutte

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