Warning: Attempt to read property "ID" on int in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-content/themes/Divi/includes/builder/post/PostStack.php on line 62

Jeanne Added & Mélissa Laveaux : les mutantes

L’ une a délais­sé le jazz pour une pop-rock minérale. L’ autre fait infuser ses influ­ences haï­ti­ennes dans un rock inclass­able. Jeanne Added et Mélis­sa Laveaux ont en com­mun d’avoir pris la main sur la pro­duc­tion de leur musique, mais aus­si de ques­tion­ner le stéréo­type de la chanteuse lisse et sexy. Pour La Défer­lante, elles échangent sur leurs pra­tiques musi­cales et sur les luttes qu’il reste à men­er con­tre les vio­lences sex­istes et sex­uelles dans l’ indus­trie des musiques actuelles.
Publié le 12/04/2023

Modifié le 16/01/2025

Mélissa Laveaux et Jeanne Added, lors de la rencontre pour La Déferlante 10 « Danser »
Mélis­sa Laveaux (à gauche) et Jeanne Added dans les locaux de l’usine Spring Court, à Paris, le 15 décem­bre 2022. © Flo­rence Bro­choire

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue papi­er La Défer­lante n°10 Danser, de mai 2023. La Défer­lante est une revue trimestrielle indépen­dante con­sacrée aux fémin­ismes et au genre. Tous les trois mois, en librairie et sur abon­nement, elle racon­te les luttes et les débats qui sec­ouent notre société.
Con­sul­ter le som­maire

Mélis­sa Laveaux, c’est vous qui avez eu envie d’échanger avec Jeanne Added. Pourquoi ?

MÉLISSA LAVEAUX Tout ce que je con­nais de toi, Jeanne, me plaît : ton franc-par­ler, ta grille de lec­ture fémin­iste… Je me suis dit que la dis­cus­sion serait cool !

Tu es autrice, mais aus­si pro­duc­trice de ton tra­vail, tu as énor­mé­ment de pou­voir sur ce que tu fais, donc je sais que ce franc-par­ler n’a rien d’une pos­ture.

JEANNE ADDED J’essaie d’être alignée tant que je peux. Et je dirais la même chose de toi, Mélis­sa : je ne vois pas de dis­tance entre l’artiste et la per­son­ne privée. J’admire ta musique, et en par­ti­c­uli­er ton jeu de gui­tare, ta façon hyper orig­i­nale et fichtrement effi­cace de t’accompagner, autant que ta générosité et ton engage­ment sans bornes.

Mélis­sa, vous jouez de la gui­tare élec­trique ; Jeanne, de la basse : vous envoyez du lourd comme instru­men­tistes. Or, on ne débor­de pas de mod­èles d’artistes dans votre genre…

MÉLISSA LAVEAUX Claire­ment, la pre­mière fois que je t’ai vue sur scène, Jeanne, je me suis dit : « Ah, c’est trop cool, une meuf qui joue de la basse et qui chante en même temps ! »
Il y en a d’autres bien sûr, je pense notam­ment à la chanteuse et com­positrice éta­suni­enne Esper­an­za Spald­ing¹, mais ça reste vrai­ment plutôt rare.

JEANNE ADDED Je me situe vrai­ment très, très, très loin d’Esperanza Spald­ing ! Je suis surtout chanteuse, et d’ailleurs je ne joue qua­si­ment plus de basse sur scène main­tenant : je préfère danser ! C’est un autre mode d’expression qui m’est cher. J’ai mis du temps à l’apprivoiser et à l’accepter. Je pense que c’est là depuis l’enfance puisque mon choc musi­cal ini­tial c’est West Side Sto­ry. Le chant est venu plus rapi­de­ment, je l’ai tout de suite embrassé très fort, mais la danse, le corps en tout cas, ce satané corps, ça a été beau­coup plus long.

MÉLISSA LAVEAUX Jeanne, est-ce que tu con­nais la chan­son Mon corps de la chanteuse cana­di­enne Ari­ane Mof­fatt ?

JEANNE ADDED Non.

[Mélis­sa Laveaux tapote sur son portable et lance le morceau, qu’elles écoutent toutes les deux :
« Quoi faire avec mon corps / Lui viss­er des Vuit­ton aux talons / Pour le con­fort
Quoi faire avec mon corps / Le ven­dre, le don­ner / Ou jouer avec son genre
Quoi faire avec mon corps / Le guérir, le bless­er / Le punir ou le gaver d’animaux morts
Je vieil­li­rai avec / Que ça me plaise ou non… »]

MÉLISSA LAVEAUX Il y a une réflex­ion impor­tante sur l’embod­i­men­t² qui est en train d’émerger grâce au fémin­isme. Moi qui suis du genre à pass­er énor­mé­ment de temps à me dis­soci­er de mon corps, je trou­ve ça impor­tant. J’en suis au point où si je pou­vais jouer avec un sac en papi­er sur la tête, je le ferais, pour être sûre que le pub­lic ne vient que pour ma musique ! J’ai envie que les gens écoutent mon texte, qu’ils soient con­cen­trés sur son essence. Je ne veux surtout pas sen­tir de regards sex­u­al­isants sur moi, qui ne me don­nent ni valeur ni pou­voir.

JEANNE ADDED Quand j’ai com­mencé la scène, je m’habillais tout en noir pour dis­paraître. Je venais du milieu du jazz, où le chant est mal vu – ce qui, au pas­sage, est sex­iste puisque les chanteurs sont le plus sou­vent des chanteuses –, et je tenais à ce qu’on écoute unique­ment ma musique, qu’on ne me regarde surtout pas comme une jolie plante verte à côté du piano. Cela dit, aujourd’hui encore, je porte du noir sur scène et si tu me deman­des de m’habiller en blanc demain pour un con­cert, je vais galér­er parce que j’ai vrai­ment besoin d’avoir la sen­sa­tion d’être cachée dans un coin som­bre.

Mais j’ai quand même gag­né en con­fi­ance vis-à-vis de ma pro­pre musique. Je sais main­tenant qu’elle existe. Du coup, il y a une légèreté qui arrive : du jeu et de la danse. Je dirais même que la scène est aujourd’hui l’endroit où je n’ai plus de prob­lème à être regardée. Autant les inter­ac­tions sociales sont com­pliquées pour moi – être sex­u­al­isée dans l’espace pub­lic est un enfer, quelque chose que je ne sais pas du tout gér­er –, autant la scène est un endroit où tout est pos­si­ble. Parce que c’est un espace que j’ai organ­isé, tra­vail­lé et défi­ni : j’y suis chez moi. C’est l’endroit où je respire.


« Si je pou­vais jouer avec un sac en papi­er sur la tête, je le ferais pour être sûre que le pub­lic ne vient que pour ma musique ! Je ne veux surtout pas sen­tir de regards sex­u­al­isants, qui ne me don­nent ni valeur ni pou­voir. »

Mélis­sa Laveaux


MÉLISSA LAVEAUX Moi, je me force à mon­ter sur scène parce que j’ai l’impression que si je ne le fais pas, je vais être effacée… Je n’ai pas un corps – ni un vis­age – nor­mé. Des femmes noires, fon­cées de peau, queer, qui ne sont pas minces et qui mon­tent sur scène, il n’y en a pas 50 000 ! Du coup, je le fais par devoir, parce que des gamines vont me voir et dire ensuite : « Moi aus­si je peux faire ça ! »

Vous avez toutes les deux la volon­té de maîtris­er la mise en scène de vos représen­ta­tions publiques, autant que la pro­duc­tion de votre musique. Com­ment vous y prenez-vous ?

MÉLISSA LAVEAUX C’est venu assez vite et, en même temps, ça a pris des années… Quand il a fal­lu réalis­er la pochette de mon deux­ième album, Dying is a Wild Night, aux alen­tours de 2012, mon label de l’époque a con­seil­lé une pho­tographe. J’ai regardé son tra­vail : elle ne savait pas pho­togra­phi­er les peaux noires et n’avait affaire qu’à des man­nequins. Après le shoot­ing, le label a dû se ren­dre à l’évidence : il n’y avait aucune pho­to qu’on pou­vait utilis­er. J’étais vrai­ment déçue. Je crois que ça a com­mencé comme ça : j’ai voulu avoir le dernier mot à la fois sur ma musique et sur l’image que je véhicule. J’ai donc trou­vé une pho­to de la pho­tographe Tatiana Plot­niko­va : un veau tout blanc devant un groupe de rennes en Sibérie dans la nuit. Le veau est éclairé unique­ment par un flash et c’est trop beau. C’est devenu la pochette de l’album, même si le label ne trou­vait pas ça vendeur.

Ensuite, j’ai voulu créer un spec­ta­cle musi­cal autour de Jeanne Duval, la com­pagne de Baude­laire, parce qu’elle était haï­ti­enne et parce qu’on ne par­le jamais d’elle, en par­ti­c­uli­er du fait qu’elle soit métisse. Le label a car­ré­ment refusé. J’ai réal­isé que je n’allais jamais être heureuse si je con­tin­u­ais à tra­vailler comme ça. Je me suis donc rap­prochée d’une man­ageuse pour sor­tir de ce sché­ma et je suis pro­gres­sive­ment dev­enue indépen­dante.


« Être sex­u­al­isée dans l’espace pub­lic est un enfer, quelque chose que je ne sais pas du tout gér­er, mais sur scène je suis chez moi. C’est l’endroit où je respire. »

Jeanne Added


Mama For­got Her Name Was Mir­a­cle, sor­ti en avril 2022, est donc le pre­mier album que vous avez entière­ment pro­duit. Qu’est-ce que ça sig­ni­fie con­crète­ment ?

MÉLISSA LAVEAUX J’ai util­isé les recettes de mes tournées précé­dentes pour financer l’album. C’est donc la pre­mière fois que je suis pro­prié­taire du mas­ter [l’enregistrement orig­i­nal], qu’il n’appartient pas à un label. Je suis cheffe d’une microen­tre­prise et je coédite l’album avec ma man­ageuse, Ori­ana Con­vel­bo.

Jeanne, vous avez le même degré d’indépendance ?

JEANNE ADDED Depuis mon dernier album, By Your Side, je suis copro­duc­trice de mon disque et de mes tournées avec mon label et mon tourneur. Avant, j’étais en con­trat d’artiste tra­di­tion­nel. C’est sain d’avancer vers une rela­tion plus équili­brée. Je n’en suis plus à mon pre­mier album, et c’est nor­mal qu’à un moment don­né mon statut juridique, économique et social, la manière dont les recettes sont partagées évolue. J’avais extrême­ment besoin d’eux au tout début de ma car­rière, ça change un peu au bout du troisième album.

Est-ce que vous diriez que c’est le sens de l’histoire ?

JEANNE ADDED En ce moment, beau­coup de jeunes artistes ne passent même plus par la case « con­trat d’artiste » ni label. Ils ou elles mon­tent car­ré­ment toute leur struc­ture, sont com­plète­ment indépendant·es et s’autoéditent. Zéro mon­ey pour les inter­mé­di­aires. On voit beau­coup ça dans le rap.

MÉLISSA LAVEAUX Le cas du hip-hop est hyper intéres­sant parce qu’on par­le de gens qui pren­nent des risques, sou­vent sans avoir de sou­tien famil­ial pour se retourn­er au cas où. Je pense par exem­ple à la rappeuse fran­co-ivoiri­enne Lala &ce, qui a mon­té sa pro­pre struc­ture, &ce Rec­less.

JEANNE ADDED On évolue dans une indus­trie qui a, his­torique­ment, volé énor­mé­ment aux artistes !

MÉLISSA LAVEAUX Et qui con­tin­ue ! Les artistes qui com­posent, écrivent ou per­for­ment touchent au max­i­mum 10 % des recettes de tout ce qui est généré grâce à leur musique. Bey­on­cé n’échappe pas à la règle.

Existe-t-il, notam­ment en France, des actions col­lec­tives ayant pour but de faire bouger les lignes ?

JEANNE ADDED Il y a claire­ment un défaut de com­mu­nauté en musique, ce qui n’est pas vrai dans d’autres métiers artis­tiques. Le statut pro­tecteur dont les musi­ciens et les musi­ci­ennes béné­fi­cient en France – le statut d’intermittence –, mais aus­si le réseau d’infrastructures publiques cul­turelles, est le résul­tat des mobil­i­sa­tions des tech­ni­ciens et tech­ni­ci­ennes du ciné­ma dans les années 1960 et 1970, et de la syn­di­cal­i­sa­tion des métiers du ciné­ma et du théâtre. Il y a, dans le milieu musi­cal, un truc très indi­vid­u­al­iste dont on n’arrive pas à se défaire. C’est un peu moins vrai aux États-Unis : dans les années 1960, si tu n’avais pas ta carte du syn­di­cat quand tu fai­sais du jazz, tu ne pou­vais jouer nulle part. Ça a créé une cul­ture col­lec­tive.

MÉLISSA LAVEAUX Je voudrais quand même insis­ter sur le fait que les choses bougent davan­tage dans le milieu de la musique indépen­dante que dans les majors. Regarde ce que fait le label Fraca!!!³ par exem­ple : il a été créé par des meufs pour des meufs. On trou­ve aus­si plein d’artistes dont les groupes parta­gent des stu­dios ou lan­cent des soirées ensem­ble. Il y a une prise de con­science qu’il est néces­saire de répar­tir les ressources. C’est super !

Le mou­ve­ment #Music­Too, lancé à la fin de 2020 dans la foulée de #MeToo, a per­mis de dénon­cer les vio­lences sex­istes et sex­uelles dans le milieu musi­cal. En ressen­tez-vous les effets ?

MÉLISSA LAVEAUX C’est com­pliqué… Avec mes amies musi­ci­ennes, on plaisante par­fois sur notre « blow job moment » : c’est quand quelqu’un te pro­pose du temps de stu­dio con­tre une pipe, par exem­ple. Ça arrive sou­vent en début de car­rière, quand tu n’as pas de ressources pour enreg­istr­er tes titres. C’est vrai­ment dégueu­lasse, mais quand tu en par­les ouverte­ment avec des meufs à qui c’est arrivé, tu réalis­es qu’elles ont encore sou­vent du mal à dire que c’était prob­lé­ma­tique.

JEANNE ADDED Ça peut pren­dre une éter­nité de se ren­dre compte qu’il y a eu déra­page ou agres­sion. On a telle­ment inté­gré qu’on doit sup­port­er, subir.

Quelles formes pren­nent les vio­lences sex­istes aux­quelles vous êtes exposées désor­mais ?

MÉLISSA LAVEAUX On m’explique encore, au moins une fois par mois, com­ment fonc­tionne l’ampli que j’utilise depuis treize ans. Et quand je sig­nale qu’il est cassé, per­son­ne n’y croit vrai­ment : il faut atten­dre que mon ingénieur du son vienne sur scène et dise [elle prend une grosse voix] : « C’est cassé. »

JEANNE ADDED J’ai l’impression que les meufs instru­men­tistes sont celles qui se pren­nent les pires trucs, comme si elles n’étaient vrai­ment pas à leur place. En fait, dans l’esprit des gens, l’instrumentiste est for­cé­ment un homme !

MÉLISSA LAVEAUX Pen­dant le con­fine­ment, un super luthi­er m’a offert une gui­tare. À chaque fois que je la sors de sa housse sur scène, je sens le niveau de respect qui monte. Parce que, avant ça, on dirait que les autres musi­ciens sont dans le doute. Je me retrou­ve tou­jours à devoir prou­ver mes com­pé­tences, alors que j’ai telle­ment mieux à faire !

Par­lons de vos textes et de vos mes­sages : revendiquez-vous de faire de la musique mil­i­tante ?

MÉLISSA LAVEAUX Oui ! Je la revendique comme per­son­nelle et je trou­ve que tout ce qui est per­son­nel peut être mil­i­tant, surtout si tu as une vie qui ne suit pas néces­saire­ment le chemin imposé. On s’attend à ce que, en tant que les­bi­enne, immi­grante, fille d’immigrant·es, je suive un chemin par­ti­c­uli­er. Mes par­ents voulaient que je sois avo­cate ou médecin, mais je n’ai pas pu faire ça. C’est comme ça que j’ai com­mencé à écrire : pour racon­ter des trucs hyper per­son­nels.

JEANNE ADDED La réponse de Mélis­sa est mag­nifique : c’est parce que c’est per­son­nel que c’est mil­i­tant.

MÉLISSA LAVEAUX J’aime écrire à par­tir d’expériences très spé­ci­fiques : une his­toire intime, comme une ten­ta­tive de sui­cide, un cauchemar ou une crise d’asthme. Ou bien des his­toires d’autres per­son­nes qui sont liées à la mienne. À par­tir de là, ça peut devenir une his­toire uni­verselle. Par exem­ple, pen­dant plusieurs années, j’ai géré le cen­tre de ressources pour les femmes de mon cam­pus et notam­ment la ligne d’écoute pour des vic­times d’agression. Ça a énor­mé­ment nour­ri mes pre­mières chan­sons qui sont mil­i­tantes, au sens où ce n’est pas une musique for­cé­ment facile à écouter, mais elle peut apporter du récon­fort à des per­son­nes qui ont vécu des épreuves.

Votre avant-dernier album, Radyo Siwèl, était une ode à de vieux chants haï­tiens engagés. C’est encore une autre caté­gorie : celle des hymnes qui por­tent les luttes.

MÉLISSA LAVEAUX Pour cet album-là, j’ai repris des chan­sons qui sont chan­tées, depuis deux cents ans, par les révo­lu­tion­naires haï­tiens. Je tenais à par­ler spé­ci­fique­ment de la péri­ode de l’occupation mil­i­taire de l’île par les États-Unis, entre 1915 et 1934. Ces chan­sons, imprégnées de références vau­doues, étaient inter­dites et mal­gré tout chan­tées, par esprit de con­tes­ta­tion, devant les sol­dats. Le vau­dou est une reli­gion très ouverte sur les ques­tions sex­uelles, sur les sujets liés au genre et à l’expression du désir. Sa pra­tique était, en elle-même, quelque chose de mil­i­tant. L’un des textes, par exem­ple, par­le de sexe, de plaisir, de bon­heur, et en l’écoutant, je me suis dit : « Regarde un peu, il y a des gens qui récla­ment leur indépen­dance en par­lant de plaisir ! » Je trou­ve ça très fort. J’ai beau­coup aimé tra­vailler sur cet album : ça m’a pris huit ans de tra­vail, de lec­tures, de recherch­es et ça m’a for­cée à puis­er dans ma mémoire, dans l’enfance.

Jeanne, vous aimeriez écrire un hymne ?

JEANNE ADDED Je n’ai pas assez con­fi­ance en moi pour dire : « C’est par là qu’on va, les gars, suiv­ez-moi ! » Je ne suis pas comme ça. C’est pour cela que j’aime bien l’idée que le mil­i­tan­tisme passe par l’intime. Mais ce n’est pas évi­dent parce que la manière d’apprendre la musique, en Europe, impose cer­taines déf­i­ni­tions du « beau », du « val­able ». Pour attein­dre ce qui est per­son­nel, il faut juste­ment tourn­er le dos à ces déf­i­ni­tions et aller regarder ce qui se passe à l’intérieur [elle pose la main sur son ster­num]. Moi, quand j’ai entamé ce proces­sus, ça m’a mise dans une rage folle de voir tout ce qui, en moi, ne m’appartenait pas. Faire le tri est un tra­vail sans fin, qui m’a mise dans de grandes colères !
Et puis à un moment don­né, j’ai trou­vé un moyen d’avancer. J’ai défait cer­taines choses, accep­té aus­si d’en garder d’autres qui ne sont pas à moi. Ce proces­sus se remet en route à chaque ses­sion d’écriture.

Par­mi vos chan­sons, y en a‑t-il une qui racon­te mieux que les autres ce proces­sus ?

JEANNE ADDED Radi­ate est l’un de mes morceaux les plus per­son­nels, que ce soit dans l’écriture, la forme, la mélodie, la ligne de basse, l’arrangement, et puis dans ce que ça racon­te [lire notre encadré page 18]. La phrase que j’aime bien dedans, c’est « I am in dan­ger to be the dan­ger », je suis en dan­ger de devenir le danger.Ça racon­te juste­ment ma colère. Mon dernier disque, By Your Side, est aus­si rem­pli de morceaux très, très per­son­nels. De toute façon, si ce n’est pas per­son­nel, ça ne sort pas.

La roman­cière Alice Zen­iter a pub­lié, cet été, un essai inti­t­ulé Toute une moitié du monde, dans lequel elle dénonce le fait qu’il n’existe que peu de mod­èles de femmes fortes et épanouies dans la lit­téra­ture. Ces mod­èles exis­tent-ils dans le monde de la musique ?

JEANNE ADDED Au tout début de ma car­rière il y a eu Abbey Lin­coln et Ella Fitzger­ald. Et un peu plus tard, tout droit sor­ties des années 1990 et 2000, Peach­es et Court­ney Love ont mis un gros coup de pied dans la porte et me l’ont ouverte. Je me recon­nais­sais à la fois dans leur musique et dans leurs textes. J’admirais l’énergie qu’elles déploy­aient pour sor­tir d’elles-mêmes. Elles m’ont trans­mis une urgence dans laque­lle j’ai pu me lover et depuis laque­lle j’ai osé, moi aus­si, écrire mes pro­pres morceaux.

MÉLISSA LAVEAUX J’ai eu plein de mod­èles du côté de la lit­téra­ture. Lorsque j’étais petite, je suis tombée sur le roman auto­bi­ographique de Maya Angelou Je sais pourquoi chante l’oiseau en cage. Puis il y a eu la lec­ture de L’Œil le plus bleu, de Toni Mor­ri­son. J’ai ensuite décou­vert Audre Lorde quand je suis arrivée à la fac. À vrai dire, toutes celles que j’aime sont tatouées sur moi ! [Elle mon­tre ses bras.] Il y a ici Audre Lorde en impéra­trice qui dit : « I am delib­er­ate and afraid of noth­ing » [Je suis volon­taire et je n’ai peur de rien], ou encore Octavia E. But­ler, une de mes autri­ces afro de sci­ence-fic­tion favorites. Je voudrais aus­si men­tion­ner Jack­ie Shane, qui était une chanteuse trans des années 1950, à Toron­to, à une époque où se trav­e­s­tir et porter des vête­ments de femmes, alors qu’on était perçue comme homme, valait la prison.

Ces per­son­nes m’ont mon­tré, assez tôt, qu’il exis­tait un espace où il était pos­si­ble de se décon­stru­ire. Et j’ai pu grandir grâce à elles, en me dis­ant que c’est telle­ment plus fun de ne pas être dans un moule ! Mon grand regret est de ne pas avoir eu la chance d’aller dans une école de musique. Ma mère refu­sait de me pay­er des cours de piano. La pre­mière gui­tare que j’ai touchée était pour­rie. J’ai appris à jouer avec des livres et sur Inter­net, en faisant des imi­ta­tions de mau­vaise qual­ité !

Jeanne, vous avez sou­vent affir­mé dans des inter­views que vous vous sen­tiez priv­ilégiée. Vous venez de Reims, vous avez gran­di dans une famille plutôt bour­geoise, est-ce que vous accepteriez de vous racon­ter un peu plus ?

JEANNE ADDED Ma mère était assis­tante sociale et mon père comé­di­en. Je n’ai man­qué de rien et surtout j’ai eu accès à de la cul­ture, à beau­coup de cul­ture. Ce n’était pas tant de la bour­geoisie d’argent qu’un monde relié à la con­nais­sance et à plein de choses qui for­ment l’esprit, le regard, et la sen­si­bil­ité. Ce qui est une chance.

MÉLISSA LAVEAUX Je suis jalouse ! Mes par­ents ne m’emmenaient jamais au musée : ils n’avaient pas le temps, car ils tra­vail­laient énor­mé­ment, notam­ment pour pou­voir nous envoy­er à l’école privée. J’ai surtout fréquen­té la bib­lio­thèque. Je me sou­viens de ma pre­mière comédie musi­cale : c’était Car­men. Mais pas Car­men de Bizet : le Car­men Jones d’Otto Pre­minger avec un cast­ing entière­ment noir améri­cain avec Pearl Bai­ley, Dorothy Dan­dridge et Har­ry Bela­fonte dans les rôles prin­ci­paux !

On a l’impression que vous avez par­cou­ru un long chemin intel­lectuel pour devenir les artistes que vous êtes aujourd’hui. Com­ment s’est opérée cette mue ?

MÉLISSA LAVEAUX Cha­cun de mes albums mar­que une mue. Le pre­mier, Cam­phor & Cop­per, en 2008, était une ver­sion améliorée de titres enreg­istrés au Cana­da avec très peu d’argent : j’y par­le de mes pre­mières amours et d’écriture. Le sec­ond album, je l’ai com­posé à Paris, dans la pre­mière colo­ca­tion que j’ai eue dans ma vie, après avoir quit­té le Cana­da et fait mon com­ing out auprès de ma famille. Ça s’était très mal passé : un prêtre a essayé de me dis­suad­er en chan­tant une messe, ma mère m’a traitée de démon et m’a rejetée… Le titre de l’album, Dying is a Wild Night, fait référence à la cita­tion de la poétesse Emi­ly Dick­in­son : « Dying is a wild night and a new road » [Mourir est une nuit sauvage et une nou­velle route]. Cha­cune des chan­sons fait écho à l’une de mes petites morts, à une trans­for­ma­tion.

Dans mon troisième album, Radyo Siwèl, en 2018, j’avais envie de par­ler du fait d’être queer et haï­ti­enne et de ne pas le présen­ter comme des choses dis­so­ciées. Je ne peux pas dire que je suis haï­ti­enne sans dire que je suis queer ! Quant au dernier, Mama For­got Her Name Was Mir­a­cle, en 2022, je voulais y réu­nir mes héroïnes, et crier « Free­dom ! » [Lib­erté !] Il cor­re­spond au moment où j’ai com­mencé à créer ma boîte, et où j’ai arrêté de me dire que cer­taines choses m’étaient impos­si­bles.

Pourquoi vous ne pou­vez pas dire que vous êtes haï­ti­enne sans dire que vous êtes queer ?

MÉLISSA LAVEAUX À un moment don­né, j’en ai eu assez de toutes ces représen­ta­tions de per­son­nes queer comme étant des per­son­nes blanch­es, mais aus­si d’entendre régulière­ment : « Ah mais être les­bi­enne et haï­ti­enne, ça doit être vrai­ment dan­gereux ! » La plu­part des per­son­nes queer que je con­nais sont noires ou racisées… Tous ces pro­pos ont d’autant moins de sens que les reli­gions tra­di­tion­nelles en Haïti sont ouvertes aux dif­férentes sex­u­al­ités. Et c’est la même chose chez beau­coup de peu­ples pre­miers en Afrique, qui recon­nais­sent dif­férentes iden­tités de genre.


« Un jour, je me suis dit : “Fuck it : j’arrête de me bat­tre avec cette iden­tité de meuf, je me présente au monde comme j’ai envie de me présen­ter.” Je me revois descen­dant la rue de Belleville, à Paris, en gros tee-shirt-bermu­da et godil­lots, fière et hilare de plaisir. »

Jeanne Added


Jeanne, peut-on par­ler de vos moments de trans­for­ma­tion ?

JEANNE ADDED Mon plus grand moment de mue, c’est le pas­sage d’interprète à autrice-com­positrice. Au départ, je ressen­tais juste la néces­sité absolue d’arrêter de faire ce qu’on me demandait de faire. Arrêter de chanter pour les autres et pro­téger cet endroit-là de moi dont je com­mençais à devin­er qu’il était pré­cieux. Comme un com­bustible qu’on doit économiser. Chanter en anglais a sans doute été un out­il pour y par­venir, en atten­dant d’être prête pour la suite.

For­cé­ment, il y a un monde entre la Jeanne de 2015 et celle de main­tenant. Je ne suis plus du tout la même per­son­ne que lorsque j’ai écrit mon pre­mier album, Be Sen­sa­tion­al. Je pense que chaque disque est le témoignage d’une époque par­ti­c­ulière. Et « muer », c’est vrai­ment un bon terme parce que, album après album, on quitte d’anciennes ver­sions de soi-même. C’est pas­sion­nant à vivre, et plus ça va, plus c’est sym­pa. Je pense d’ailleurs que ça s’entend dans By Your Side. Le sérieux s’estompe un peu, et une cer­taine légèreté, qui n’existait pas avant, appa­raît.

Avec vos cheveux courts, vos vête­ments androg­y­nes et som­bres et vos mis­es en scène, vous brouillez depuis le début les codes de genre. Est-ce une façon de vous affranchir ?

JEANNE ADDED [Après un silence] Les mois précé­dant mes 30 ans, je fai­sais des angoiss­es de mort à répéti­tion. J’étais per­suadée que j’allais mourir et que tout allait s’arrêter. Évidem­ment je ne suis pas morte et la Terre a con­tin­ué à tourn­er. Et puis il y eut ce jour pré­cis où je me suis dit : « Fuck it : j’arrête de me bat­tre avec cette iden­tité de meuf, je me présente au monde comme j’ai envie de me présen­ter. » Je me revois descen­dant la rue de Belleville, à Paris, en gros tee-shirt-bermu­da et godil­lots, fière et hilare de plaisir. Ça a l’air de pas grand-chose comme ça, c’est sans doute très peu, mais je ne suis pas rev­enue en arrière et ça m’a pro­tégée. Je sais d’ailleurs aujourd’hui que tous les aspects de ma vie – le fait de faire ma musique, d’être ma pro­pre boss, d’être la boss de mon équipe, d’avoir choisi les per­son­nes avec qui je tra­vaille – ont été organ­isés autour de moi, de manière incon­sciente, pour me pro­téger de cet envi­ron­nement social vio­lent.

Pour vous pro­téger de la vio­lence des hommes, de leur dom­i­na­tion ?

JEANNE ADDED Oui, sans doute. Et ça marche. Entre les cheveux courts, la façon dont je m’habillais, et main­tenant ma posi­tion sociale, ça m’a pro­tégée pen­dant des années et ça con­tin­ue.

MÉLISSA LAVEAUX À quel moment c’est un choix et à quel moment c’est une stratégie de survie ?

Jeanne Added Je crois que c’est les deux. Je suis capa­ble de l’analyser main­tenant, mais à la base, c’était sim­ple­ment comme ça que j’étais à l’aise : ce qui me per­me­t­tait de sor­tir dans la rue en étant tran­quille, et en me sen­tant bien dans mes bas­kets. Mais c’est en train de bouger, je gagne en sou­p­lesse. Je suis quand même en robe sur ma putain de pochette de disque ! [Elle rit.]

Qu’est-ce que vous faites de ces voix cri­tiques dis­ant que vous vous appro­priez injuste­ment les codes les­bi­ens ?

JEANNE ADDED Je n’ai pas vrai­ment de réponse à ça. Ce que je peux dire, c’est que mon effort de sincérité est quo­ti­di­en, que j’ai une recon­nais­sance infinie envers toutes les per­son­nes qui ont le courage de vivre leur vérité en dehors des injonc­tions du genre. Je trou­ve que le futur se trou­ve à cet endroit, là où il y a juste­ment un cer­tain flou et où les déf­i­ni­tions se dis­sol­vent. En tout cas, c’est à ça que j’aspire, et en atten­dant je fais ce que je peux.

MÉLISSA LAVEAUX Ce qui est rigo­lo, c’est que si toi, tu as eu des gens qui t’ont accusée de faire du queer­bait­ing⁴, moi j’ai eu des gens qui m’ont cri­tiquée pour ne pas avoir l’air assez les­bi­enne ! Je ne suis pas mince, j’ai des hanch­es et un énorme cul, je n’ai pas le physique cor­re­spon­dant à ce qui est cool dans la com­mu­nauté les­bi­enne en France. Il y a énor­mé­ment de grosso­pho­bie dans ce milieu. Bref, il y a tou­jours quelqu’un qui est là pour te dire que tu ne fais pas bien les choses.

Il y a un sujet poli­tique cru­cial, c’est celui du racisme en France. Y a‑t-il des chan­sons et des textes qui vous sem­blent impor­tants sur ce sujet en France ?

JEANNE ADDED Je pense à Nuit de San­dra Nkaké ou à Ma gueule de Camélia Jor­dana, qui est une chan­son mag­nifique :
« J’ai dans le sang un peu d’histoire /
un peu de vent… tu sais
Y a dans mon sang de la route et du temps /
Y a des fois où je me sens seule
Y a des fois où j’ai peur de ma gueule /
ma gueule d’étranger
Ma gueule qui sait pas où aller, ma gueule… »

MÉLISSA LAVEAUX Je pense surtout à la musique de la rappeuse Casey, qui par­le du racisme qu’elle a vécu et de la vio­lence poli­cière qu’ont endurée ses potes. Je crois que chaque per­son­ne racisée qui a essayé de con­stru­ire une vie en dehors des lim­ites assez restreintes qu’on lui a fixées en paie les frais. C’est comme la taxe qu’a dû pay­er Haïti pour sa lib­erté⁵. Du coup, quand on par­le de textes antiracistes, moi je vois des com­bats, je vois Soli­tude, l’esclave⁶, je vois des guer­rières enceintes en train de se bat­tre, je vois ma grand-mère avec sa machette – parce que tu n’es pas une grand-mère haï­ti­enne si tu n’as pas ta pipe et ta machette ! Je veux faire l’éloge de ces femmes-là. Autant que de Jeanne d’Arc d’ailleurs. Parce que c’est incroy­able qu’elle soit récupérée par la droite : elle n’a rien à voir avec eux. Elle pre­nait des drogues hal­lu­cinogènes, elle se trav­es­tis­sait et se bat­tait. C’était une sor­cière ! S’ils l’avaient eue devant eux, c’est pré­cisé­ment elle, l’héroïne, qu’ils auraient brûlée.

On vous a déjà enten­due dire que votre arrivée en France vous avait fait l’effet d’une claque. Qu’en diriez-vous aujourd’hui ?

MÉLISSA LAVEAUX C’est autant une claque sur le racisme que sur le sex­isme ou les vio­lences sex­uelles. Par exem­ple, les livres de Bastien Vivès⁷ ne sont tout sim­ple­ment pas légaux au Cana­da. « Des his­toires de pédocrim­i­nal­ité ? Ah ben non, on ne va pas pub­li­er ça » : point à la ligne. Quant au racisme, il est encore très présent : je le sens dans tous les espaces où on me laisse entr­er. Ça va du tech­ni­cien qui répond à mon bassiste, haï­tien égale­ment, « pa ni prob­lème » avec un accent antil­lais, « pour rire », jusqu’au fait de me décern­er un prix dans la caté­gorie « musiques du monde ». Si une artiste blanche jouait la même musique que moi, elle n’obtiendrait pas un prix « musiques du monde » ! On lui dirait : « Waouh, ce tra­vail d’ethnomusicologie que vous faites ! Voilà une bourse de 5 000 euros pour don­ner un col­loque à l’université. » Au pas­sage, il n’y a qu’en France où des gens vien­nent m’expliquer, à moi, l’histoire d’Haïti…

JEANNE ADDED Il y a un mansplain­ing⁸ ver­sion…

MÉLISSA LAVEAUX … ver­sion white­s­plain­ing, oui, c’est hal­lu­ci­nant ! Et c’est assez pau­vre, du coup, parce que la plu­part des Français·es ne con­nais­sent pas vrai­ment l’histoire des liens de dom­i­na­tion entre la France et Haïti ! Le Cana­da a son pro­pre racisme et a sa pro­pre vio­lence poli­cière. On vit dans un monde de « blan­quiar­cat », partout. Mais la France est par­ti­c­ulière. On n’est pas encore sor­ti des Enfers ! •

Entre­tien réal­isé à Paris par Iris Derœux, jour­nal­iste et mem­bre du comité édi­to­r­i­al de La Défer­lante, et Mar­i­on Pil­las, coré­dac­trice en chef de la revue, le 15 décem­bre 2022.


1. Esper­an­za Spald­ing est une con­tre­bassiste, bassiste et chanteuse de jazz née en 1984.

2. On peut traduire ce terme par « présence à soi », c’est-à-dire une atten­tion par­ti­c­ulière don­née notam­ment par les femmes à leur expéri­ence physique et cor­porelle.

3. Fondé, en 2018 par trois musi­ci­ennes, ce label indépen­dant assure « faire en sorte que les artistes puis­sent vivre de leur musique » en leur pro­posant des pour­cent­ages représen­tant le dou­ble de ceux pra­tiqués habituelle­ment.

4. Lit­térale­ment : « appât à queers ». Pra­tique util­isée par les producteur·ices de con­tenus cul­turels con­sis­tant à attir­er une audi­ence LGBT+ en faisant usage d’allusions ou de sym­bol­es pro­pres à la cul­ture queer.

5. En 1825, le roi de France Charles X con­cède l’indépendance de son anci­enne colonie con­tre une indem­nité de 150 mil­lions de francs-or, au titre du dédom­mage­ment des anciens colons. Haïti met­tra 125 ans à hon­or­er sa dette et ne s’en relèvera jamais com­plète­ment.

6. Cette esclave, fig­ure emblé­ma­tique de la rébel­lion de 1802 en Guade­loupe, est dev­enue un per­son­nage lit­téraire sous la plume de l’écrivain André Schwartz-Bart, en 1972.

7. En décem­bre 2022, de nom­breuses voix se sont élevées pour dénon­cer cer­tains pro­pos et cer­taines œuvres de l’auteur de BD Bastien Vivès. Lire notre focus page 52.

8. Con­cept fémin­iste qui désigne une sit­u­a­tion dans laque­lle un homme explique à une femme quelque chose qu’elle sait déjà , voire dont elle est experte. De là, « white » sig­nifi­ant « blanc·he », le white­s­plain­ing.

Iris Deroeux

Reporter basée à Paris après avoir vécu en Inde et aux Etats-Unis pendant dix ans, comme correspondante pour Libération puis Médiapart. Elle collabore au journal Le Monde sur des questions sociales et de jeunesse et enseigne le journalisme en tant que maîtresse de conférences associée à l'université de Strasbourg. Pour ce numéro de La Déferlante, elle interviewé Mélissa Laveaux et Jeanne Added. Voir tous ses articles

Marion Pillas

Après un détour par la production de documentaires, elle est revenue au journalisme avec La Déferlante. Elle en est cofondatrice et corédactrice en chef. Depuis Lille, elle supervise la newsletter, les partenariats et les événements. Voir tous ses articles

Danser : l’émancipation en mouvement

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue papi­er La Défer­lante n°10 Danser, de mai 2023. La Défer­lante est une revue trimestrielle indépen­dante con­sacrée aux fémin­ismes et au genre. Tous les trois mois, en librairie et sur abon­nement, elle racon­te les luttes et les débats qui sec­ouent notre société.
Con­sul­ter le som­maire


Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-includes/functions.php on line 5471

Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-includes/functions.php on line 5471

Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-content/plugins/really-simple-ssl/class-mixed-content-fixer.php on line 107