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Les femmes qui voyagent sont libres

Publié le 19/08/2022

Modifié le 16/01/2025

NL d'été #3 : Le voyage
Dans cette dernière newsletter avant la rentrée, nous avons choisi de vous parler de voyage. Longtemps, le fait de partir à laventure a été pensé comme une activité masculine. Pourtant, comme le rappelle l’autrice Lucie Azema, les voyageuses ont toujours existé. Cette adepte du dépaysement, qui a vécu au Liban, en Inde et en Iran, nous explique pourquoi le voyage constitueà ses yeux, une expérience de liberté très précieuse pour les femmes.

Pen­dant très longtemps, le voy­age et la décou­verte dautres cul­tures ont été pen­sés comme le pré carré des hommes. Com­ment cela sexplique-t-il ?

Il sagit dune répar­ti­tion sociale de lespace : laven­ture et les espaces infi­nis ont été pen­sés comme lespace des hommes. Tan­dis que lespace clos – en par­ti­c­uli­er le foy­er – est con­sid­éré comme appar­tenant aux femmes.
On retrou­ve dans les mythes de très nom­breuses civil­i­sa­tions lidée quun garçon doit par­tir à laven­ture pour devenir un homme. Dans le monde occi­den­tal, par exem­ple, Ulysse, le héros de L’Odyssée d’Homère, par­court le bassin méditer­ranéen. En miroir, on trou­ve le per­son­nage de Péné­lope, qui reste chez elle à tiss­er et détiss­er son ouvrage afin de lui rester fidèle.
En réal­ité, les femmes ont tou­jours voy­agé. On dit même que le pre­mier réc­it de voy­age est celui dune femme, Égérie, qui a décrit son périple entre­pris en Terre sainte entre 381 et 384. Mais elles nont pas autant voy­agé que les hommes, pour la sim­ple et bonne rai­son quelles ont moins eu accès à l’éducation et que, sou­vent, elles ne dis­po­saient pas de leur pro­pre argent. Quant à celles qui ont effec­tive­ment entre­pris des voy­ages, elles ont été invis­i­bil­isées, et leurs réc­its ont été moins pub­liés que ceux des hommes.

Par­mi ces aven­turières, lesquelles vous ont le plus mar­quée ?

Je cit­erais Alexan­dra David-Néel, qui a voy­agé au début du XXe siè­cle et qui est vrai­ment excep­tion­nelle. Elle a annon­cé à son mari quelle par­tait quelques mois seule­ment, et nest rev­enue que 15 ans plus tard. Cest la pre­mière Européenne à être entrée dans Lhas­sa, la cap­i­tale du Tibet, qui était alors inter­dite aux étrangers.
David-Néel est vrai­ment laven­turière la plus célèbre, mais jai décou­vert qu’il y en avait des cen­taines dautres, dont on par­le beau­coup moins. Jaime énor­mé­ment Isabelle Eber­hardt, qui a voy­agé en Algérie à la fin du XIXe siè­cle, habil­lée en cav­a­lier arabe. La manière dont elle par­le des gens tranche com­plète­ment avec les réc­its mas­culins, on sent quelle a une empathie et un vrai désir de com­pren­dre. Et elle a une écri­t­ure sub­lime !

NL d'été #3 : Le voyage. Photo de Orientaliste, journaliste et féministe, Alexandra David-Néel

Ori­en­tal­iste, jour­nal­iste et fémin­iste, Alexan­dra David-Néel a vécu jusqu’à l’âge de 101 ans. Crédit pho­to : Alamy/Keystone Press

Pour ces femmes, voy­ager était-il une manière de s’affranchir de leur con­di­tion ?

Oui, beau­coup de femmes se sont mis­es à voy­ager car elles voulaient

échap­per au mariage, à la mater­nité : le quo­ti­di­en du voy­age nest pas ryth­mé par les travaux domes­tiques ! Il existe un autre aspect assez libéra­teur : sur la route, on se débar­rasse com­plète­ment de la charge esthé­tique. Les vête­ments ont avant tout pour fonc­tion d’être pra­tiques. On peut se pass­er du maquil­lage, de l’épilation…

Le voy­age est sou­vent présen­té comme une expérience « dan­gereuse » pour les femmes. Est-il encore un frein aujourdhui pour celles qui souhait­ent par­tir ?

Les femmes qui hési­tent à voy­ager men­tion­nent tou­jours ce même frein : la peur. Nous sommes socia­bil­isées dans la pru­dence depuis lenfance et on s’entend répéter que les voy­ages sont dan­gereux.
Pour­tant, sta­tis­tique­ment, cest bien lespace du foy­er qui est le plus dan­gereux pour les femmes ! Je remar­que que les agres­sions et les expéri­ences très désagréables que jai pu vivre en tant que femme ont tou­jours eu lieu dans ma vie séden­taire, en France.
On retrou­ve ici la cul­ture du viol. Sil arrive la moin­dre chose à une voyageuse, on pour­ra enten­dre : « Mais quest-ce quelle est allée faire là-bas ? » Évidem­ment, il peut arriv­er des drames en voy­age. Mais cest aus­si le cas pour les hommes, or on ne les met jamais en garde autant que les femmes. Au con­traire, ils sont val­orisés : cest le mythe de laven­turi­er qui prend des risques !

« LE QUOTIDIEN DU VOYAGE N’EST PAS RYTHMÉ PAR LES TRAVAUX DOMESTIQUES »

Dans votre livre, vous écrivez : « La voyageuse nappar­tient à rien ni à per­son­ne – elle est le cen­tre du monde quelle arpente, le lieu doù tout part et con­verge. » Voy­ager, est-ce retrou­ver sa lib­erté ?

En tant que femme, la société nous apprend à ne pas croire en nous. Quand on voy­age, au con­traire, surtout quand on est seule, on ne peut se rac­crocher qu’à nous-même – un nous-même débar­rassé des habi­tudes et des con­traintes dun quo­ti­di­en séden­taire. Cest un sen­ti­ment de lib­erté absol­u­ment inouï ! Quand je vais dans un pays que je ne con­nais pas du tout, je ressens comme des shoots dadré­naline. Je ne peux compter que sur moi, je me sens forte… Bien sûr, on peut être libre sans voy­ager, et des femmes vont trou­ver ce sen­ti­ment ailleurs. Mais pour celles qui sen­tent que, dans leur cas, cest le voy­age, alors il faut oser y aller !

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Marie Kirschen

Marie Kirschen est journaliste, spécialiste des questions féministes et LGBT+. En 2021, elle a publié Herstory, Histoire(s) des féminismes chez La Ville brûle. Voir tous ses articles


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