Warning: Attempt to read property "ID" on int in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-content/themes/Divi/includes/builder/post/PostStack.php on line 62

Égalité femmes-hommes: qui chuchote à l’oreille de Macron ?

Publié le 29/04/2022

Modifié le 16/01/2025

crédit : Nada Didouh

Élu en 2017 avec la promesse de com­bat­tre les iné­gal­ités de genre et les vio­lences sex­istes et sex­uelles, Emmanuel Macron va entamer son nou­veau man­dat avec un bilan très insuff­isant sur les droits des femmes et des per­son­nes minorisées. Pour cette dernière newslet­ter con­sacrée à l’élection prési­den­tielle, La Défer­lante s’interroge sur les erre­ments du prési­dent réélu con­cer­nant les dossiers fémin­istes. Quelle con­nais­sance en a‑t-il ? Qui l’influence ? Et com­ment tra­vaille son équipe sur ces sujets ?

En avril 2017, Emmanuel Macron, alors en cam­pagne prési­den­tielle pour la pre­mière fois, affir­mait dans Van­i­ty Fair : « Je suis un con­ver­ti tardif au fémin­isme, mais […] je suis résolu. » Quelques mois plus tard, depuis l’Élysée, il déclarait l’égalité femmes-hommes « grande cause nationale ». Mais, à l’aube de son sec­ond man­dat, c’est surtout la lenteur à met­tre en place des mesures con­crètes et la nom­i­na­tion, en 2020, au min­istère de l’Intérieur, de Gérald Dar­manin (alors visé par une plainte pour viol en cours d’examen) que les asso­ci­a­tions et mil­i­tantes fémin­istes reti­en­nent de son bilan. Pour Fabi­enne El Khoury, co-porte-parole d’Osez le fémin­isme : « Il fait du fémin­isme-wash­ing et veut être vu comme tra­vail­lant pour les droits des femmes, mais c’est du mar­ket­ing ! »

 

« LE SUJET DES DROITS DES FEMMES
N’EST PAS AU COEUR DE SON ACTION
ET NE LE PASSIONNE PAS » 

 

De fait, un rap­port inti­t­ulé « Égal­ité femmes-hommes : grande cause, petit bilan », pub­lié en mars 2022 par Oxfam France, Equipop et Care France, épin­gle « un quin­quen­nat insuff­isant au regard de l’ambition affichée ». Le rap­port note que, avec à peine 0,25 % du bud­get de l’État alloué aux iné­gal­ités de genre en 2022, « les moyens ont été trop faibles » et ques­tionne « la réal­ité de l’engagement de la France ». Inter­rogée à la veille de la réélec­tion d’Emmanuel Macron, Anne-Cécile Mail­fert, prési­dente de la Fon­da­tion des femmes, déplore : « Je pense qu’il n’a pas encore com­pris que chauss­er des lunettes fémin­istes veut dire avoir à cœur l’égalité dans toutes les mesures que l’on met en œuvre. La réforme de la retraite va impacter d’abord les femmes. Même chose pour la réforme du chô­mage. »

Les hommes du président

Ce qui empêche Emmanuel Macron de pren­dre la juste mesure des enjeux fémin­istes, c’est

peut-être son entourage. « Emmanuel Macron est con­seil­lé par des hommes : les réu­nions et les dîn­ers à l’Élysée, c’est avec Richard Fer­rand [le prési­dent de l’Assemblée nationale], Clé­ment Léonar­duzzi, son con­seiller com­mu­ni­ca­tion, François Bay­rou, et Alex­is Kohler, le secré­taire général de l’Élysée, qui est son autre cerveau… Le sujet des droits des femmes n’est pas au cœur de son action et il ne le pas­sionne pas », observe Astrid de Vil­laines, cheffe du ser­vice poli­tique du Huff­in­g­ton Post et autrice de Harcelées (Plon, 2019), un livre d’enquête réu­nis­sant des témoignages de femmes ayant subi des vio­lences sex­istes et sex­uelles en France.

Jusqu’à début avril, il y avait pour­tant bien une per­son­ne à l’œuvre aux côtés d’Emmanuel Macron : Con­stance Ben­sus­san, nom­mée « con­seil­lère tech­nique inclu­sion, égal­ité femmes-hommes et citoyen­neté » en 2017, énar­que, inspec­trice des affaires sociales à l’Inspection générale des affaires sociales, dev­enue secré­taire générale de la Délé­ga­tion inter­min­istérielle à la lutte con­tre le racisme et l’antisémitisme. « C’est elle qui a porté la thé­ma­tique de l’allongement du con­gé pater­nité et du rap­port sur les 1 000 pre­miers jours de l’enfant con­fié à Boris Cyrul­nik, décrypte Astrid de Vil­laines, mais je ne sais pas quel a été son rôle sur d’autres dossiers. »

« Faut arrêter le foutage de gueule »

Si l’on en croit les mil­i­tantes fémin­istes que nous avons jointes par télé­phone, Con­stance Ben­sus­san a ren­con­tré les représen­tantes de plusieurs asso­ci­a­tions de défense des droits des femmes au cours du pre­mier quin­quen­nat Macron : Gha­da Hatem, fon­da­trice et médecin-cheffe de la Mai­son des femmes de Saint-Denis, Anne-Cécile Mail­fert ou encore Ernes­tine Ron­ai, respon­s­able de l’Observatoire des vio­lences envers les femmes de Seine-Saint-Denis. Mais selon leurs dires, les mai­gres avancées obtenues n’ont pas été à la hau­teur des attentes. « Pour cette deux­ième cam­pagne, on a fait pass­er [à l’équipe d’Emmanuel Macron] dix propo­si­tions urgentes pour lut­ter con­tre les iné­gal­ités entre les femmes et les hommes. Il ne les a pas signées… », déplore Anne-Cécile Mail­fert.

 

DE NOMBREUSES PERSONNES
SOLLICITENT BRIGITTE MACRON
POUR PORTER LEUR VOIX
AUPRÈS DU PRÉSIDENT

 

Décep­tion partagée par le col­lec­tif Dou­ble Peine, qui alerte sur la mau­vaise prise en charge des plaintes pour vio­lences et n’a jamais été con­sulté. Car­o­line De Haas, cofon­da­trice du col­lec­tif fémin­iste Nous toutes estime, quant à elle, avoir été « black­listée » tout au long de ce pre­mier man­dat. Elle a finale­ment reçu, en mars 2021, une propo­si­tion de ren­dez-vous avec Con­stance Ben­sus­san qu’elle a déclinée : « On était à un an de la prési­den­tielle, faut arrêter le foutage de gueule ! » estime celle qui a lancé dans l’entre-deux-tours un appel au vote utile en faveur du can­di­dat Jean-Luc Mélen­chon (lire notre newslet­ter du 4 avril).

Con­tac­tée par La Défer­lante, la con­seil­lère en com­mu­ni­ca­tion de Mar­lène Schi­ap­pa, Aurélia du Vig­nau affirme que l’ancienne secré­taire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes a « tou­jours échangé directe­ment avec le prési­dent ou avec Alex­is Kohler, [et que] de nom­breuses per­son­nes échangent aus­si avec lui sur ces sujets via Brigitte Macron ». Le chef de cab­i­net de Brigitte Macron nous con­firme quelques noms par­mi les per­son­nes qui l’ont sol­lic­itée pour porter leur voix auprès du prési­dent : l’autrice Andréa Bescond, la prési­dente de la Voix de l’enfant Mar­tine Brousse, ou encore Céline Gré­co, en charge du pro­jet de dépistage des vio­lences sur les enfants à l’hôpital Neck­er.

Un positionnement universaliste

Plus récem­ment, c’est la députée LREM Bérangère Couil­lard qui a tra­vail­lé sur les propo­si­tions de cam­pagne du can­di­dat Macron en matière d’égalité femmes-hommes et de vio­lences sex­istes et sex­uelles, pro­duisant un ensem­ble de 25 notes à des­ti­na­tion de l’équipe de cam­pagne, sans jamais, de son pro­pre aveu, avoir échangé avec le can­di­dat ni lui avoir par­lé au télé­phone. « Cela mon­tre bien qu’elle n’est pas au cœur du réac­teur et que c’est du saupoudrage qu’il veut faire », analyse Astrid de Vil­laines.

Au télé­phone, la députée con­firme l’orientation « uni­ver­sal­iste » de la feuille de route du prési­dent nou­velle­ment réélu, par oppo­si­tion à des « approches inter­sec­tion­nelles » qui « peu­vent enfer­mer ». Une ligne égale­ment défendue par la comé­di­enne et autrice Rachel Khan, dont l’influence ne cesse de croître dans l’entourage prési­den­tiel. « Avec Emmanuel Macron, on a pu échang­er bien en amont de la cam­pagne, notam­ment pour pré­par­er le som­met ONU Femmes de 2021 », nous a‑t-elle assuré. À l’occasion de ce som­met, le prési­dent expli­quait dans un long entre­tien au mag­a­zine Elle ne pas se recon­naître « dans un com­bat qui ren­voie cha­cun dans son iden­tité ou son par­tic­u­lar­isme ». Une déc­la­ra­tion dans la droite ligne des idées dévelop­pées dans le dernier essai de Rachel Khan, Racée (édi­tions de l’Observatoire, 2021), dans lequel elle fustige la pen­sée inter­sec­tion­nelle et dénonce les réu­nions en non-mix­ité. Un ouvrage qui lui a égale­ment valu, selon des révéla­tions du Monde, d’être invitée à déje­uner par Marine Le Pen, la can­di­date du Rassem­ble­ment nation­al.

Couverture La Déferlante #9 - Baiser pour une sexualité qui libère

Précommandez le dernier numéro de La Déferlante  !

Pour ce pre­mier numéro de 2023, nous con­sacrons notre dossier au thème BAISER car, oui la révo­lu­tion sex­uelle reste encore à venir ! On y par­le de sex­olo­gie fémin­iste, de désirs qui font désor­dre, on y décon­stru­it les normes validistes et on plonge à pieds joints dans le réc­it de sci­ence-fic­tion éro­tique « Tout est chaos », signé Wendy Delorme et Elise Bon­nard.

⟶ Vous souhaitez recevoir La Défer­lante, au tarif de 15 euros (au lieu de 19), et sans engage­ment ? Décou­vrez notre offre d’abonnement à durée libre.

Sophie Boutboul

Journaliste, membre du collectif Youpress, elle écrit notamment dans Mediapart, Le Monde et Le Canard Enchaîné. Elle est co-autrice de *Silence, on cogne. Enquête sur les violences conjugales subies par des femmes de gendarmes et de policiers (*Grasset, 2019). Voir tous ses articles


Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-includes/functions.php on line 5471

Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-includes/functions.php on line 5471

Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-content/plugins/really-simple-ssl/class-mixed-content-fixer.php on line 107