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Maltraitances au Bon Pasteur : un silence religieux

Suite aux révéla­tions des vio­lences sur­v­enues à Notre-Dame de Béthar­ram, plusieurs vic­times des con­gré­ga­tions religieuses du Bon Pas­teur ont inter­pel­lé le Pre­mier min­istre François Bay­rou le 19 févri­er dernier au sujet des vio­lences qu’elles ont subies. Entre les années 1940 et 1980, dans plus de 40 pays, dont la France, des dizaines de mil­liers d’adolescentes, con­sid­érées comme « irrécupérables », ont été placées dans les con­gré­ga­tions religieuses du Bon Pas­teur pour y être « redressées ». « La Défer­lante » avait ren­con­tré, en mai 2022, d’an­ci­ennes pen­sion­naires qui dénon­cent ces vio­lences et deman­dent des com­pen­sa­tions.
Publié le 03/04/2025

Modifié le 10/04/2025

Retrou­vez cet arti­cle dans le numéro 6 de La Défer­lante, paru en mai 2022.

Elles sont deux. Éve­line Le Bris et Marie-Chris­tine Ven­nat por­tent fière­ment leurs reven­di­ca­tions. La prési­dente et la tré­sorière de l’association Les Filles du Bon Pas­teur appa­rais­sent régulière­ment dans les médias pour racon­ter leur par­cours d’adolescentes cassées.

Les autres se risquent à des témoignages timides, ne par­lent pas, répon­dent par­tielle­ment, se rétractent. Ont peur. Peur des réper­cus­sions sociales du stig­mate de la « mau­vaise fille », encore forte­ment ancré dans leur chair et dans l’imaginaire col­lec­tif. Peur de soulever la chape de plomb sous laque­lle elles ont enfoui ces années noires.

Après deux heures de con­fi­dences à cœur ouvert, Nicole 1Le prénom a été mod­i­fié., 72 ans, nous a envoyé ce mes­sage : « Je suis désolée, mais ma fille ne veut pas que je par­le de ce passé sinon elle se fâche. Mon fils est de son avis. Donc c’est avec regret que je vous demande de stop­per, car je ne veux pas me fâch­er avec mes enfants. » Nicole a un par­cours « clas­sique » : dou­ble­ment vio­lée, elle tombe enceinte à 14 ans avant d’être placée au Bon Pas­teur. Elle y con­naî­tra le viol médi­cal et les insultes des religieuses. Les femmes passées au Bon Pas­teur jusque dans les années 1970 cumu­lent les injonc­tions au silence. Elles sont écrasées par la honte, envahies par la cul­pa­bil­ité et par­fois vic­times d’amnésie trau­ma­tique. Au plus fort de son activ­ité, le forum des anci­ennes (créé en 2009) a regroupé 800 mem­bres (aujourd’hui, elles sont env­i­ron 500). L’historien David Niget, spé­cial­iste de la jus­tice des mineur·es, estime entre 35 000 et 40 000 le nom­bre d’adolescentes français­es placées dans ces insti­tu­tions entre 1940 et 1980. Env­i­ron 80 % y auraient subi des vio­lences. Nom­bre d’entre elles sont décédées depuis, mais elles sont encore des mil­liers, meur­tries et humil­iées, sus­cep­ti­bles de deman­der répa­ra­tion. « Nous n’avons reçu ni édu­ca­tion, ni salaire pour le tra­vail effec­tué, ni soins de san­té », plaide Éve­line Le Bris, enfer­mée au Bon Pas­teur du Mans et coupée de sa famille entre 1963 et 1966, après avoir été vio­lée par un voisin à l’âge de 11 ans. La prési­dente de l’association elle-même s’est tue pen­dant des décen­nies, avant de pou­voir racon­ter son his­toire à voix haute.

Paternalisme judiciaire et « redressement genré »

Fondée en 1835 à Angers (Maine-et-Loire), la con­gré­ga­tion du Bon Pas­teur se donne pour mis­sion de « sauver » les jeunes filles de la « déchéance ». Autour des années 1940, au pic de son activ­ité, 10 000 religieuses et 50 000 jeunes filles vivent dans 350 con­gré­ga­tions du Bon Pas­teur répar­ties dans 40 pays. En France, des mil­liers d’adolescentes défa­vorisées y sont placées dans les années 1950 et 1960 par des juges pour enfants, con­séc­u­tive­ment à l’ordonnance de 1945, qui leur donne le droit de décider de leur enfer­me­ment, jusque-là réservé au père de famille, avec l’argument de la pro­tec­tion (lire la chronolo­gie). Con­traire­ment aux filles des class­es aisées, cloîtrées dans la sphère domes­tique, les filles des class­es pop­u­laires gran­dis­sent dans un envi­ron­nement plus libre, une men­ace dont il faudrait les « sauver ».

À l’époque, les défail­lances morales des ado­les­centes inquiè­tent plus que les actes illé­gaux. Dans un ouvrage . 2Véronique Blan­chard, Vagabon­des, voleuses, vicieuses. Ado­les­centes sous con­trôle de la Libéra­tion à la libéra­tion sex­uelle, édi­tions François Bourin, 2019 con­sacré à la crim­i­nal­i­sa­tion des ado­les­centes dans les années 1950 et 1960, l’historienne Véronique Blan­chard pointe ce « pater­nal­isme judi­ci­aire […] : des femmes peu­vent être enfer­mées pour des faits non crim­i­nal­isés, qui n’entraînent dans le cas des garçons aucune sanc­tion. Ain­si, 64 % des filles sont placées pour des faits non pénaux, con­tre 5 % des garçons. » Si cer­taines ont fugué, com­mis des petits larcins, sont sus­pec­tées d’avoir de mau­vais­es fréquen­ta­tions ou une sex­u­al­ité pré­coce, beau­coup de ces jeunes filles placées ont aus­si été vic­times d’inceste ou d’agressions sex­uelles et sont con­sid­érées comme fau­tives.

À l’intérieur de la con­gré­ga­tion, la vie est monacale, comme si les jeunes femmes avaient fait vœu de céli­bat et de chasteté. À l’entrée, le viol gyné­cologique, des­tiné à con­naître leur statut vir­ginal, est la norme. En cas de fugue, les cheveux sont rasés ; les corvées de ménage se font à genoux ; on leur met les draps sur la tête lorsqu’elles uri­nent au lit.

La dis­ci­pline religieuse est très forte : messe oblig­a­toire, cul­ture de la mor­ti­fi­ca­tion, silence toute la journée. Inter­dic­tion de par­ler du passé et de sa vie privée sous peine de puni­tion. « La cul­pa­bil­i­sa­tion est per­ma­nente. Elles sont effacées en tant que sujets », explique David Niget. Cet efface­ment peut être très con­cret : cer­taines pen­sion­naires sont rebap­tisées à leur entrée et ne retrou­vent leur vrai prénom que des années plus tard. À la vio­lence physique et psy­chologique s’ajoute l’incompréhension. Elles ne savent pas ce dont on les accuse. « Quand j’ai été enfer­mée, je n’ai rien com­pris, le ciel s’est abat­tu sur ma tête. En psy­chi­a­trie, on appelle ça la sidéra­tion, racon­te Marie-Chris­tine Ven­nat. Je n’étais pas une ado­les­cente facile, je tirais les cor­dons de son­nette, je chipais des pommes. Mais pas de quoi fou­et­ter un chat. »


« Elles se sont murées dans le silence pour pou­voir se mari­er, fonder une famille. Pour être crédi­ble, il faut oubli­er, sinon, c’est insup­port­able. »

David Niget, his­to­rien

Quand elles sor­tent, le manque à gag­n­er social est con­sid­érable : sous-qual­i­fiées et mar­quées au fer rouge par la honte asso­ciée à l’institution, elles font table rase du passé. Aujourd’hui encore, beau­coup n’en ont jamais par­lé à leur mari, leurs enfants, leur famille. « Elles craig­nent d’être rejetées par leurs proches et d’être ren­voyées aux stig­mates qui mar­quent les expéri­ences car­cérales ou assim­ilées », éclaire Hanan Sfalti, anthro­po­logue, autrice du mémoire « Réfor­mées au Bon Pas­teur : com­porte­ments, morale et sen­ti­ments de femmes déviantes des class­es pop­u­laires ». « Elles se sont murées dans le silence pour cacher leurs orig­ines, pou­voir se mari­er, fonder une famille, renchérit David Niget. Elles ont dû men­tir et se men­tir à elles-mêmes. Pour être crédi­ble, il faut oubli­er, sinon c’est insup­port­able. »

C’est parce qu’elle con­naît le prix de la parole que Marie-Chris­tine Ven­nat a été choquée de voir des pho­tos de femmes non anonymisées lors de l’exposition « Mau­vais­es filles » en 2016, au théâtre du Quai à Angers : « C’est une honte, une fille peut recon­naître sa mère, sa tante, sa grand-mère. Elle peut être en colère de ne pas savoir ou de penser que sa mère était une mau­vaise fille. Pour moi, cette expo­si­tion mon­tre qu’on est tou­jours pointées du doigt. » Beau­coup d’entre elles ne voient pas l’intérêt de par­ler, à l’image de Patri­cia, cloîtrée à Pau de 1969 à 1973 : « Je n’ai jamais com­pris pourquoi on veut se sou­venir de ça, les généra­tions futures n’ont pas besoin de savoir, ça remue la merde et ça sent mau­vais. Par­ler ne me soulage pas. » De même, la chanteuse Nico­let­ta, anci­enne pen­sion­naire, n’a qua­si­ment plus par­lé du sujet après la sor­tie de son livre, La Mai­son d’en face (édi­tions Flo­rent Mas­sot, 2008), où elle racon­te ses années au Bon Pas­teur.

Le lourd retard français

Si les mal­trai­tances dans les cou­vents du Bon Pas­teur ont eu lieu dans les 40 pays où la con­gré­ga­tion était présente, les excus­es, elles, ne sont pas aus­si homogènes. Cer­tains pays ont entamé des démarch­es de dédom­mage­ment depuis plusieurs décen­nies. En Aus­tralie, une dizaine d’enquêtes par­lemen­taires ont été menées pour faire la lumière sur les mal­trai­tances des sœurs, et le site de la con­gré­ga­tion nationale affiche ce mes­sage : « Des années 1860 aux années 1970, de jeunes per­son­nes ont été nég­ligées ou abusées. Nous recon­nais­sons la douleur […] et nous nous excu­sons. »

Le Cana­da a engagé des moyens con­sid­érables pour faire recon­naître les vio­lences insti­tu­tion­nelles à l’égard des enfants ; tout comme en Irlande, où le scan­dale de la con­gré­ga­tion des Mag­da­lene Sis­ters, voi­sine du Bon Pas­teur, a été forte­ment médi­atisé. En 2018, des Irlandais­es vic­times de vio­lences ont obtenu jusqu’à 20 000 euros cha­cune. Aux Pays-Bas, un rap­port uni­ver­si­taire, com­mandé par le gou­verne­ment, a con­clu au tra­vail for­cé et à la respon­s­abil­ité de l’État, qui s’est excusé. Fin 2020, 140 femmes ont été dédom­magées à hau­teur de 5 000 euros cha­cune, au terme de trois ans de com­bat.

En France, ni enquêtes ni excus­es offi­cielles. « La France, comme la Bel­gique ou l’Espagne, n’a jamais cher­ché à enquêter, con­traire­ment aux pays de droit bri­tan­nique où le Par­lement a plus de capac­ité à s’autosaisir, con­state l’historien David Niget. La France, grande puis­sance colonisatrice, a telle­ment de casseroles his­toriques dans la longue liste des dossiers à rou­vrir, que le Bon Pas­teur arrive loin. » 

Déni de la congrégation malgré de timides excuses

Quand elles con­sen­tent à se sou­venir, les anci­ennes pen­sion­naires en dis­ent d’abord très peu. Entre allu­sions et sous-enten­dus, les mal­trai­tances mineures refont sur­face. Puis, celles qui se livrent (re)découvrent leur his­toire avec stu­peur – et hor­reur par­fois – en dis­cu­tant avec des chercheur·ses et des jour­nal­istes. « Récem­ment, une fille nous a racon­té qu’on l’avait mise à qua­tre pattes et qu’on lui avait intro­duit des objets dans le vagin, racon­te Marie-Chris­tine Ven­nat. C’est très courageux de nous l’avoir racon­té. Moi j’ai pris con­science que j’avais été vio­lée par le médecin du Bon Pas­teur il y a quelques années seule­ment. »

L’attitude actuelle de la con­gré­ga­tion française con­tribue à ren­forcer l’invisibilisation et la chape de plomb. Mal­gré de timides excus­es 3« Là où l’objectif était de retrou­ver la joie de vivre et la dig­nité per­son­nelle, nous recon­nais­sons que des com­porte­ments inadap­tés sont par­fois venus ternir des inten­tions louables. Je le regrette et demande par­don pour ces atti­tudes qui ont provo­qué incom­préhen­sion et souf­france. » Patri­cia Diet, citée par Vin­cent Bou­cault, « Angers : d’anciennes pen­sion­naires du Bon Pas­teur vic­times de mal­trai­tance », Le Cour­ri­er de l’Ouest, 25 novem­bre 2019. de la supérieure provin­ciale Patri­cia Diet, dans le quo­ti­di­en région­al Le Cour­ri­er de l’Ouest en 2019, « les sœurs con­tin­u­ent, col­lec­tive­ment et poli­tique­ment, d’être con­va­in­cues que ce qu’elles ont fait était pour le bien des jeunes filles, “pour les sauver” », affirme David Niget. Or, s’il y a bien des excep­tions, la mal­trai­tance règne dans presque toutes les con­gré­ga­tions jusqu’aux années 1970.

Cette réal­ité est totale­ment rejetée par l’équipe de la con­gré­ga­tion. Plusieurs semaines après que nous l’avons sol­lic­itée pour une inter­view, sœur Marie-Paule Richard, l’une des cinq mem­bres de la direc­tion du Bon Pas­teur de la Province (France, Pays-Bas, Bel­gique et Hon­grie), a bien voulu répon­dre à nos ques­tions. « Dans des maisons où il y avait cent filles révoltées, avec deux ou trois religieuses, ces dernières ont été dépassées et cer­taines ont dépassé les bornes, recon­naît-elle lors d’un entre­tien télé­phonique. Mais ce n’est pas juste de dire que toutes les filles ont été mal­traitées. Il n’y a jamais eu de sys­tème de répres­sion ou d’exploitation voulu. Je suis ferme là-dessus, je ne sup­porte pas qu’on dise que c’est général. »

Si sœur Marie-Paule Richard assure qu’une « cel­lule d’écoute pour recueil­lir la parole et ten­dre la main aux femmes qui auraient envie de par­ler » va être mise en place, elle rejette en revanche toute idée d’indemnisation : « Nous pen­sons que leur don­ner une somme d’argent ne va pas les guérir. Toutes les sœurs n’ont pas été comme ça, alors deman­der par­don pour la con­gré­ga­tion tout entière, ce n’est pas cohérent. » 


« Moi j’ai pris con­science que j’avais été vio­lée par le médecin du Bon Pas­teur il y a quelques années seule­ment. »

Marie-Chris­tine Ven­nat

Dans d’autres pays, comme l’Australie, la con­gré­ga­tion a pour­tant fait le choix de s’excuser. Et des enquêtes par­lemen­taires ont été menées en Aus­tralie, au Cana­da, aux Pays-Bas, qui ont abouti à des excus­es et des indem­ni­sa­tions de vic­times. « En France, c’est de la respon­s­abil­ité de l’État de con­duire une enquête », estime David Niget.

Après des décen­nies de sour­dine, la parole se libère lente­ment. Cer­taines sont par­v­enues à récupér­er leur dossier et ont pu mieux com­pren­dre les raisons de leur place­ment. Sou­vent, elles ont cru que leur famille les avait aban­don­nées et elles s’aperçoivent que les sœurs leur ont sci­em­ment caché les let­tres de leurs par­ents. Et le soulage­ment fait place à la colère quand, sans y être pré­parées, elles décou­vrent les com­men­taires malveil­lants, voire haineux, des religieuses à leur pro­pos. « Les ter­mes employés ne pour­raient plus s’employer aujourd’hui, admet sœur Marie-Paule Richard. Quand on dis­ait qu’une fille était un peu débile, paresseuse, c’était à pro­pre­ment par­ler du juge­ment. Mais il faut remet­tre dans le con­texte, il y a soix­ante ans, on ne con­sid­érait pas du tout les enfants comme on les con­sid­ère aujourd’hui. Dans n’importe quelle insti­tu­tion, des choses répréhen­si­bles ont été faites, on n’est pas les seules. »

La ges­tion des archives de la con­gré­ga­tion laisse penser qu’elles ne sont pas si sûres de leur bon droit. Dans les années 1990 et 2000, 8 000 dossiers ont été par­tielle­ment détru­its. Incom­pé­tence ou inten­tion malveil­lante ? « Je pense que, à un moment ou un autre, ces archives ont été con­sid­érées comme prob­lé­ma­tiques, estime l’historien David Niget. Mais je ne suis pas capa­ble d’établir la preuve de leur destruc­tion. »

Les religieuses exer­cent un con­trôle dras­tique sur ces archives. Alors que la loi les oblige à les ren­dre acces­si­bles, elles ont pra­tiqué la réten­tion jusqu’en 2020, freinant la remise de dossiers à d’anciennes pen­sion­naires et refu­sant l’accès à la plu­part des chercheur·euses et des jour­nal­istes. Il existe une quan­tité énorme d’archives, rigoureuse­ment tenues par les sœurs. Les archives départe­men­tales sont cen­sées garan­tir leur ouver­ture mais n’ont pas la place de les accueil­lir et ferme les yeux sur cette poli­tique de réten­tion. Les Filles du Bon Pas­teur ne comptent pas en rester là.

« Nous voulons une réha­bil­i­ta­tion morale pour l’ensemble des filles, un par­don franc et hon­nête et un dédom­mage­ment pour le tra­vail et la mal­trai­tance », revendique Éve­line Le Bris. « Nous allons faire pres­sion via notre avo­cat et la presse, renchérit Marie-Chris­tine Ven­nat. Tout le monde saura ce que les sœurs ont fait dans les années 1960 et bien avant. » •

Filles « incorrigibles » : plus d’un siècle
de « correction » patriarcale et religieuse

1835

Sœur Marie-Euphrasie Pel­leti­er crée la con­gré­ga­tion des sœurs de Notre-Dame-de-Char­ité-du-Bon-Pas­teur, à Angers, pour édu­quer les jeunes filles des class­es pop­u­laires jugées « incor­ri­gi­bles ».

1945

Réforme de la jus­tice des mineur·es. Le Code civ­il de 1804 per­me­t­tait au père de famille de plac­er ses enfants indiscipliné·es dans des maisons de cor­rec­tion (dont le Bon Pas­teur). Cette prérog­a­tive est trans­férée au juge pour enfants qui décide seul de l’enfermement sans besoin de prou­ver qu’il y a eu délit.

1958

Ordon­nance sur « l’enfance en dan­ger » : le mag­is­trat peut doré­na­vant pren­dre des mesures de pro­tec­tion des mineur·es qu’il juge vul­nérables. Les place­ments des filles, con­sid­érées comme plus frag­iles que les garçons, explosent.

2019

Pre­mières excus­es de la con­gré­ga­tion française dans Le Cour­ri­er de l’Ouest. 

  • 1
    Le prénom a été mod­i­fié.
  • 2
    Véronique Blan­chard, Vagabon­des, voleuses, vicieuses. Ado­les­centes sous con­trôle de la Libéra­tion à la libéra­tion sex­uelle, édi­tions François Bourin, 2019
  • 3
    « Là où l’objectif était de retrou­ver la joie de vivre et la dig­nité per­son­nelle, nous recon­nais­sons que des com­porte­ments inadap­tés sont par­fois venus ternir des inten­tions louables. Je le regrette et demande par­don pour ces atti­tudes qui ont provo­qué incom­préhen­sion et souf­france. » Patri­cia Diet, citée par Vin­cent Bou­cault, « Angers : d’anciennes pen­sion­naires du Bon Pas­teur vic­times de mal­trai­tance », Le Cour­ri­er de l’Ouest, 25 novem­bre 2019.

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Journaliste basée à Lorient, elle s’intéresse aux sujets en lien avec la mort : de la fin de vie au deuil en passant par le domaine funéraire. Titulaire d’un master de Genre, les sujets féministes sont au cœur de ses préoccupations. Voir tous ses articles

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