Warning: Attempt to read property "ID" on int in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-content/themes/Divi/includes/builder/post/PostStack.php on line 62

Rima Hassan et Médine, créer des contre-récits

L’eurodéputée et le rappeur ne s’étaient jamais rencontré·es. Ces fig­ures d’espoir pour beau­coup et cibles de cyber­har­cèle­ment pour d’autres ont partagé avec nous leur vision du monde, du fémin­isme et de la lutte antiraciste.
Publié le 21/10/2024

Modifié le 16/01/2025

Aline Deschamps pour La Déferlante. Rima Hassan et Médine, le 27 septembre 2024, à Mezzanine, bar-restaurant de la salle de concert parisienne Les Trois Baudets. Au second plan, le pianocktail, inspiré par l’écrivain Boris Vian.
Rima Has­san et Médine, le 27 sep­tem­bre 2024, à Mez­za­nine, bar-restau­rant de la salle de con­cert parisi­enne Les Trois Baudets. Der­rière, le pianock­tail, inspiré par l’écrivain Boris Vian. Crédit : Aline Deschamps pour La Défer­lante.

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°16 S’ha­biller, parue en novem­bre 2024. Con­sul­tez le som­maire.

Depuis les mas­sacres du 7 octo­bre 2023 per­pétrés par le Hamas en Israël, l’armée israéli­enne bom­barde sans relâche la bande de Gaza imposant une guerre géno­cidaire au peu­ple pales­tinien. Elle a égale­ment frap­pé et bom­bardé le Liban. Quels mots utilisez-vous pour définir la sit­u­a­tion actuelle ?

RIMA HASSAN L’impunité de l’État d’Israël.

Cela fait bien­tôt un an que la sit­u­a­tion per­dure et elle s’étend désor­mais au-delà de Gaza… Ce que nous, Pales­tiniens*, voyons aujourd’hui sur nos télé­phones s’inscrit dans un con­tin­u­um de net­toy­age eth­nique. Le terme « géno­cide » revient avec force, et à juste titre. Ce qu’il se passe s’est déjà pro­duit en 1948 (1), mais cela n’avait pas été suff­isam­ment exposé au monde. À l’époque, nous n’étions pas à l’ère numérique, ce qui aurait per­mis de doc­u­menter ces atroc­ités : les vio­ls, les assas­si­nats, les enfants bat­tus à mort, les vieilles per­son­nes enfer­mées dans des maisons qu’on fait explos­er, les civils affamés, privés d’eau. Ce qui change aujourd’hui, c’est que tout cela est filmé, doc­u­men­té, et c’est extrême­ment pré­cieux. Parce que cela mobilise ce qu’il reste d’humanité en cha­cun de nous, mais aus­si pour tout le tra­vail que cela per­met de men­er dans les juri­dic­tions inter­na­tionales.

MÉDINE Pour moi, c’est la déshu­man­i­sa­tion. L’humanité s’est tris­te­ment habituée à ces images d’horreur. On voit des corps déchi­quetés sans con­naître leur passé, leur prénom, leur his­toire. C’est peut-être la pre­mière fois que l’on assiste col­lec­tive­ment à un géno­cide en direct. Les gens sont con­fron­tés à ces hor­reurs quo­ti­di­en­nement, en ouvrant sim­ple­ment leur télé­phone. J’ai la chance d’être un artiste et de pou­voir m’exprimer à tra­vers mes œuvres, d’évacuer ma peine dans mes textes, de trou­ver une forme de deuil, ce qui est un priv­ilège. Mais je pense à ceux qui n’ont pas ce moyen d’expression – la majorité des gens en réal­ité –, qui doivent con­tin­uer à vivre en por­tant ce fardeau, peut-être même en devenant des fan­tômes de cette tragédie.

 

Rima Hassan, figure de la lutte palestinienne

Arrivée en France à l’âge de 9 ans pour rejoin­dre sa mère à Niort (Deux-Sèvres), Rima Has­san intè­gre l’Office français de pro­tec­tion des réfugiés et apa­trides (Ofpra) en 2016 après des études de droit inter­na­tion­al. En 2019, alors qu’elle tra­vaille à la Cour nationale du droit d’asile, elle fonde l’Observatoire des camps de réfugiés. Invitée dans les médias, la juriste est l’une des rare voix à dénon­cer alors la poli­tique d’apartheid mise en place par l’Etat d’Israël. Après les atten­tats du 7 octo­bre 2023 per­pétrés par le Hamas, elle devient une fig­ure poli­tique, régulière­ment objet de con­tro­ver­s­es. À la fin d’avril 2024, en pleine cam­pagne des élec­tions européennes – elle est can­di­date sur la liste de La France insoumise –, elle est con­vo­quée par la police pour « apolo­gie du ter­ror­isme » : elle avait don­né au média Le Cray­on une inter­view, qui a été dif­fusée tron­quée. Dans la vidéo qui cir­cule, elle affirme qu’il est « vrai » que le Hamas mène une « action légitime ». Rima Has­san a dénon­cé un mon­tage trompeur. Depuis son élec­tion au par­lement européen en juin 2024, elle con­tin­ue à être très sou­vent au cœur de polémiques politi­co-médi­a­tiques, ali­men­tées notam­ment par les médias du groupe Bol­loré. LA DÉFERLANTE

 

La Pales­tine est un sujet brûlant, sur lequel vous vous exprimez tous les deux, ce qui vous a valu d’être les cibles de men­aces de la part de l’extrême droite…

RIMA HASSAN J’ai archivé près de 200 numéros de per­son­nes qui m’ont men­acée. Cer­taines savaient où j’habitais. Il y a eu des mon­tages à car­ac­tère pornographique, j’ai reçu de nom­breuses men­aces de viol, on m’a con­stam­ment ren­voyée à des fan­tasmes abjects et dégradants. Il y a donc cette ques­tion cru­ciale : com­ment lut­ter quand on est per­son­nelle­ment visée et con­cernée ? Mon iden­tité pales­tini­enne a été salie, et elle con­tin­ue de l’être. Pas un jour ne passe sans que quelqu’un insulte mon iden­tité, me déshu­man­ise ou m’attaque. C’est une vio­lence quo­ti­di­enne qui m’affecte pro­fondé­ment.

MÉDINE Dans des pro­por­tions moin­dres que Rima, je reçois des attaques et des men­aces, et ce depuis très longtemps. Dès que je prends la parole sur des sujets comme l’antiracisme ou la ques­tion pales­tini­enne, les pre­mières attaques sont presque tou­jours dirigées con­tre les femmes qui m’entourent, mon épouse ou ma fille, qui sont men­acées de viol. Il s’agit sys­té­ma­tique­ment d’attaques sex­istes. Cela en dit long sur la nature des agresseurs, sur leur imag­i­naire pro­fondé­ment ancré dans le patri­ar­cat, et sur cette cul­ture du viol qui transparaît dans leur dis­cours.

 


« Mon iden­tité pales­tini­enne a été salie, et elle con­tin­ue de l’être. Pas un jour ne passe sans que quelqu’un insulte mon iden­tité, me déshu­man­ise ou m’attaque. »

Rima Has­san


 

Com­ment vivre avec le fait d’être con­stam­ment la cible d’attaques publiques ?

RIMA HASSAN Je n’ai pas le choix. Dès l’instant où j’ai pris con­science de qui j’étais, une pro­fonde colère s’est instal­lée en moi, et per­son­ne ne peut me dire qu’elle n’est pas légitime ni m’interdire de l’exprimer. On a le choix : soit on se laisse ronger par cette colère, soit on s’assure qu’elle ne nous trahit pas dans la lutte que l’on souhaite men­er. Pour ma part, j’ai décidé d’embrasser le droit inter­na­tion­al. Il y a aus­si les humains, les gens que je ren­con­tre, ceux qui sou­ti­en­nent la cause. Tous ces indi­vidus qui, comme nous, Pales­tiniens, embrassent ces idéaux et nous rap­pel­lent que nous ne sommes pas seuls. Cela me donne la force de tenir. Je n’oublie pas que je suis extrême­ment priv­ilégiée. On par­le des dif­fi­cultés que je subis, mais je sais que j’ai échap­pé à un des­tin bien plus dif­fi­cile. J’ai un con­fort que les Pales­tiniens restés là-bas n’ont pas. Oui, je reçois des men­aces, mais les bombes ne tombent pas sur ma mai­son, j’ai de quoi manger, un toit, mes proches autour de moi. C’est en mobil­isant cette con­science que je trou­ve la force de con­tin­uer.

MÉDINE Être con­stam­ment attaqué, ça ren­force le cuir. C’est triste à dire, mais au bout d’un moment, tu deviens presque her­mé­tique. Rima est une source d’inspiration. Plusieurs fois, j’ai voulu renon­cer pour pro­téger ma famille et me dire égoïste­ment : « Je vais me retir­er, rester dans ma ville, ne plus pren­dre la parole sur ces sujets. » Parce que, à chaque fois que je m’exprime, je suis immé­di­ate­ment crim­i­nal­isé et dis­qual­i­fié. Ce qui me per­met de con­tin­uer, même lorsque j’ai envie de flanch­er, c’est de voir d’autres per­son­nes qui mènent des luttes publiques, et subis­sent des attaques sans se laiss­er intimider ; de ren­con­tr­er des gens engagés dans la lutte qui te témoignent leur sou­tien, dis­cu­tent avec toi. Même s’ils ne sont pas d’accord. Cela nour­rit la démoc­ra­tie. Ma méth­ode est sim­ple : la lutte inspire la lutte, tout comme l’art inspire l’art.

 

Aline Deschamps pour La Déferlante

Médine dans le bar-restau­rant de la salle de con­cert parisi­enne Les Trois Baudets. Crédit : Aline Deschamps pour La Défer­lante.

 

En sep­tem­bre dernier, un gou­verne­ment de droite a été nom­mé alors que le Nou­veau Front pop­u­laire était arrivé en tête du deux­ième tour des élec­tions lég­isla­tives. Est-ce que l’engagement en poli­tique a encore un sens ?

MÉDINE Je n’ai jamais vu autant de mobil­i­sa­tion, notam­ment de la part de la jeunesse. Peut-être que, d’une cer­taine manière, on a « per­du » au regard de la for­ma­tion du gou­verne­ment actuel… mais, en terme de con­science poli­tique et de mobil­i­sa­tion, une dynamique a été relancée.

RIMA HASSAN Il y a quelque chose de ras­sur­ant dans cette mobil­i­sa­tion. On s’est dit : « D’accord, on est encore ensem­ble pour défendre un cer­tain nom­bre d’idéaux. » Pour nous, cela a été une source d’apaisement. Mais il est essen­tiel de tra­vailler sur la manière dont on peut démoc­ra­tis­er la poli­tique. D’un côté, il y a un espoir, des sig­naux posi­tifs qui mon­trent que nous sommes capa­bles de faire bloc et de sauver l’avenir. Mais de l’autre, il y a un dégoût parce que cette mobil­i­sa­tion, aus­si con­crète et réelle qu’elle ait été, n’a pas été enten­due. C’est donc très dif­fi­cile de dire aux gens qu’ils ont rai­son de con­tin­uer à y croire alors que leur mobil­i­sa­tion n’a pas été prise en compte. Ce dont il est réelle­ment ques­tion ici, c’est du fonc­tion­nement de notre démoc­ra­tie et de notre poli­tique.

 

Médine, vous êtes très ancré dans une ville, Le Havre, et vous faites sou­vent référence aux racines de vos grands-par­ents pater­nels, Algériens, et à celles de vos beaux-par­ents, d’origine lao­ti­enne. Com­ment assumer des racines qui ne sont pas français­es quand l’extrême droite est aus­si forte ?

MÉDINE Le nar­ratif de l’extrême droite s’impose aujourd’hui de manière très large sur la scène poli­tique, car son vocab­u­laire est de plus en plus repris par les médias main­stream. Pour ma part, j’ai décidé de faire quelque chose de sim­ple : ne pas l’inclure dans mon réc­it. J’ai choisi d’écrire ma pro­pre his­toire et de la racon­ter. Je suis une con­tre-propo­si­tion, tout comme Rima. Nous sommes bien plus que le nar­ratif mono­lithique qu’on essaie de nous ven­dre – celui du retour aux valeurs nation­al­istes, de la femme tra­di­tion­nelle, etc. En réal­ité, nous avons le pou­voir d’imposer notre pro­pre réc­it. Je le fais artis­tique­ment et sur les réseaux soci­aux, en par­lant de ma famille, qui est pro­fondé­ment poli­tique : ma femme est issue de l’immigration lao­ti­enne et moi de l’immigration algéri­enne. Pour­tant, nous sommes nor­mands. Nous sommes nés en Nor­mandie, nous adorons cette région, et nous cul­tivons cet art de vivre à la nor­mande. Il est donc trop tard pour ten­ter d’imposer un nar­ratif d’extrême droite – comme dis­ait Omar Sy (2) : « Trop tard, les gars ! »
Nous l’avons vu lors de l’entre-deux-tours : il est pos­si­ble d’être ensem­ble. Bien sûr, il y a encore des gens qui réfléchissent, qui nuan­cent, qui se ques­tion­nent et qui veu­lent dia­loguer. J’ai envie d’être ques­tion­né, d’être bous­culé. Tu crois que j’aurais pen­sé être dans une revue fémin­iste, il y a vingt ans, alors que j’avais des a pri­ori car­i­cat­u­raux ? Aujourd’hui, j’ai réus­si à rac­corder mon art aux luttes fémin­istes.

 

Rima Hassan prend la parole dans un débat sur la guerre à Gaza et la situation au Proche-Orient, au Parlement européen, à Strasbourg, le 17 septembre 2024. TERESA SUAREZ / EPA /MAX PPP

Rima Has­san prend la parole dans un débat sur la guerre à Gaza et la sit­u­a­tion au Proche-Ori­ent, au Par­lement européen, à Stras­bourg, le 17 sep­tem­bre 2024. TERESA SUAREZ / EPA /MAX PPP

 

RIMA HASSAN Sur la ques­tion des racines, je remar­que une petite musique qui s’installe : celle qui con­voque les racines pour oppos­er les dis­cours que nous tenons. Je n’ai pas de prob­lème avec mes racines français­es. Ce que l’extrême droite ne com­prend pas, c’est que nous sommes nom­breux à vivre notre iden­tité française, une iden­tité qui englobe des luttes.

 


« J’ai choisi d’écrire ma pro­pre his­toire et de la racon­ter. Je suis une con­tre-propo­si­tion, tout comme Rima. Nous sommes bien plus que le nar­ratif mono­lithique qu’on essaie de nous ven­dre. »

Médine


 

Vous avez été l’une et l’autre accusés d’antisémitisme. Que répon­dez-vous ?

RIMA HASSAN Je suis sémite (3) ! Les Pales­tiniens ont tou­jours vécu en par­faite har­monie avec des juifs, des musul­mans et des chré­tiens. En France, il existe encore beau­coup de tabous autour de la mémoire de la Shoah, ce qui a un impact sur le débat actuel. Dès que je cri­tique Israël, on me rap­pelle la souf­france liée à la Shoah, mais il faut être clair : ce passé n’est pas celui des Pales­tiniens. Nous n’avons jamais attaqué des juifs sim­ple­ment parce qu’ils sont juifs. C’est là la dif­férence. Per­son­nelle­ment, je suis à l’aise avec mes pro­pos. Je sais à quoi je m’attaque et je ne vise pas des indi­vidus pour leur con­fes­sion. Cela dit, je suis con­sciente que ma parole résonne dif­férem­ment en France, dans un pays qui a col­laboré avec le régime nazi, un pays où des juifs ont été mas­sacrés. Il est cru­cial de recon­naître que ces mémoires com­plex­es ne sont pas suff­isam­ment creusées, et qu’elles sont entachées d’une cer­taine cul­pa­bil­ité. J’en ai pleine­ment con­science et j’essaie de faire atten­tion à ce que je dis. Cela me pèse de savoir que je peux bless­er des gens avec mes mots. Il y a une souf­france réelle chez les per­son­nes de con­fes­sion juive. Et il y a une instru­men­tal­i­sa­tion qui me préoc­cupe égale­ment. Il est impor­tant de ne pas dévers­er cette douleur sur ceux qui défend­ent la cause pales­tini­enne. Lut­ter con­tre l’antisémitisme en Europe ne doit pas se faire au détri­ment d’une cause qui est juste.

MÉDINE Pour ma part, non seule­ment je suis sémite, mais aus­si antifas­ciste. Toute ma car­rière dénonce le racisme. Quand je par­le de racisme, cela inclut for­cé­ment la lutte con­tre l’antisémitisme et l’islamophobie. C’est dans mon ADN, lut­ter con­tre l’antisémitisme, et ce depuis ma pre­mière prise de parole. J’ai abor­dé ces sujets de manière claire par exem­ple dans l’une de mes chan­sons, sor­tie en 2008 (4), où je joue le rôle d’un jour­nal­iste. Je pose la ques­tion : « Que pensez-vous ici de l’antisémitisme ? » Ma réponse est sans équiv­oque : « C’est un can­cer, tout comme l’islamophobie. » Mal­gré cela, des vagues d’accusations per­sis­tent. Le véri­ta­ble risque, c’est que l’extrême droite récupère ces luttes et se pose par­mi les défenseurs des juifs. Il est préoc­cu­pant de voir des idéo­logues d’extrême droite réha­biliter des fig­ures comme Mau­r­ras et Pétain tout en pré­ten­dant défendre des caus­es légitimes. Ce ne sont pas aux pop­u­la­tions mar­gin­al­isées de pay­er les pots cassés d’une his­toire com­plexe.

 

Aline Deschamps pour La Déferlante

Rima Has­san dans le bar-restau­rant de la salle de con­cert parisi­enne Les Trois Baudets. Crédit : Aline Deschamps pour La Défer­lante.

 

Le procès de Mazan est en passe de faire date dans l’histoire judi­ci­aire et fémin­iste en France. Qu’en retenez-vous ?

RIMA HASSAN Ce procès de Mazan est hyper impor­tant. Il s’inscrit dans la con­ti­nu­ité de ce qu’on avait déjà dénon­cé et posé comme ter­mes : il faut qu’on arrive à démys­ti­fi­er cette fig­ure du mon­stre. Il faut sans cesse rap­pel­er que l’essentiel des agres­sions et des vio­ls se passent dans la sphère intime, que c’est pré­cisé­ment là où l’on nous relègue que nous sommes le plus exposées. Même nous, les femmes, avons intéri­or­isé des mécan­ismes de peur et de défense pour nous dire que le mon­stre, c’est l’homme dans la rue, l’étranger. C’est un élé­ment clé pour com­pren­dre ce qui se joue dans les rap­ports de dom­i­na­tion. Mon­sieur Tout-le-monde peut être un mon­stre. Ce qui est fou, c’est que cela étonne encore. Comme s’il était impos­si­ble de se heurter véri­ta­ble­ment à la réal­ité. Ma crainte, avec le procès de Mazan, c’est que ce soit un temps médi­a­tique et que cela ne change pas beau­coup de choses struc­turelle­ment. Il faut que, au-delà de la prise de con­science, il y ait des avancées poli­tiques.

MÉDINE Je crois que depuis #MeToo, nous sommes dans une révo­lu­tion néces­saire, qui crée de l’inconfort pour ceux qui béné­fi­cient du sys­tème en place, les hommes en l’occurrence. J’entends tout le con­tre-dis­cours actuel, porté notam­ment par Car­o­line Fourest (5), qui tend à min­imiser la parole de cer­taines vic­times, voire à réha­biliter cer­tains hommes. Il con­vien­dra de penser a pos­te­ri­ori cette saga médi­a­tique que nous vivons.

 


« Il faut sans cesse rap­pel­er que l’essentiel des agres­sions et des vio­ls se passent dans la sphère intime, que c’est pré­cisé­ment là où l’on nous relègue que nous sommes le plus exposées. »

Rima Has­san


 

Com­ment avez-vous con­stru­it votre fémin­isme, l’une comme l’autre ?

RIMA HASSAN Le fémin­isme est quelque chose de com­pliqué pour moi. Parce que je suis une femme racisée et que je me suis longtemps sen­tie exclue du dis­cours fémin­iste blanc. Pen­dant deux ans, j’ai eu besoin de me retrou­ver une fois par mois dans un cer­cle exclusif de femmes racisées. Parce qu’expliquer, faire de la péd­a­gogie sur les mécan­ismes d’oppression que l’on vit, c’est autre chose que d’en par­ler véri­ta­ble­ment. On pou­vait dis­cuter de ce que veut dire l’obsession de la vir­ginité dans nos familles ou de celle de faire un bon mariage avec un gars du bled, ce qu’on intéri­orise au quo­ti­di­en, com­ment on vit les tiraille­ments, nos rela­tions intimes… des ques­tions qui sont totale­ment absentes des cer­cles fémin­istes blancs. J’ai à la fois une soror­ité absolue avec les femmes qui sont dans l’actualité, comme avec Gisèle Péli­cot, parce que cela fait écho à ce que je vis en tant que femme dans cette société, mais j’ai besoin d’autres leviers de réflex­ion dans la con­di­tion de femme racisée.

MÉDINE Pour revenir au procès de Mazan, ma crainte, c’est que l’on arrive à une « net­flix­a­tion » de la cause fémin­iste. J’ai l’impression que les hommes regar­dent cette actu­al­ité comme la série Mon­stres (6) sur Net­flix. Comme quelque chose qui ne les con­cerne pas, qui n’exige pas de se ques­tion­ner sur son com­porte­ment ou celui de son entourage. J’essaie pour ma part de tir­er au quo­ti­di­en des enseigne­ments de cette révo­lu­tion en cours. C’est beau de soutenir, de rac­corder les luttes entre elles, de dire « on est ensem­ble », mais il faut que cela se traduise con­crète­ment : en fémin­isant son espace artis­tique, en ques­tion­nant le sex­isme de son milieu pro­fes­sion­nel, en se deman­dant si l’on ne repro­duit pas des entre-soi… C’est ça qui per­met d’être plus per­ti­nent.

 

Médine, vous disiez plus tôt avoir beau­coup évolué sur le fémin­isme ces vingt dernières années…

MÉDINE Pen­dant longtemps, et on l’entend dans mes pre­miers morceaux, je par­lais des femmes à tra­vers l’œil du père, du frère, de l’époux. Donc je par­lais de fémin­isme avec les défauts du patri­ar­cat. Je me remets en ques­tion publique­ment : aujourd’hui, dire « je suis décon­stru­it », quand on est un homme, c’est lim­ite se jeter des fleurs. On n’est jamais décon­stru­it, on est en décon­struc­tion.

RIMA HASSAN Partager ces réflex­ions, ça per­met aus­si de com­pren­dre ce qu’on a intéri­or­isé nous-mêmes. C’est se deman­der quels sont nos biais. À côté de quoi suis-je com­plète­ment passée ? Si l’on est pro­gres­siste et de bonne volon­té, il faut s’inscrire dans l’évolution. C’est val­able pour d’autres sujets que le fémin­isme…

MÉDINE Pour le racisme, par exem­ple. On les voit de loin, ces antiracistes de salon, le dis­cours fan­tas­mé loin des approches glob­ales, loin de l’expérience même. La vic­tim­i­sa­tion, le syn­drome du sauveur… J’y suis allergique.

 


« Pen­dant longtemps, et on l’entend dans mes pre­miers morceaux, je par­lais des femmes à tra­vers l’œil du père, du frère, de l’époux. Donc je par­lais de fémin­isme avec les défauts du patri­ar­cat. »

Médine


 

Con­sid­érez-vous avoir une grille de lec­ture inter­sec­tion­nelle des luttes ?

MÉDINE Ma sen­sa­tion, c’est que ma per­son­ne est inter­sec­tion­nelle. Je suis fran­co-algérien, je revendique mon appar­te­nance à la Nor­mandie. J’évolue publique­ment dans une famille racisée. Je suis un rappeur qui se revendique de la tra­di­tion des paroliers de la chan­son française, j’appartiens aux luttes anti­colo­niales, antiracistes et antifas­cistes et me sens par­tie prenante des enjeux fémin­istes et LGBT+. Nous subis­sons les mêmes mécan­ismes d’oppression. On est des frères et sœurs de douleur.

RIMA HASSAN C’est une expéri­ence com­mune. Il y a his­torique­ment des choses que l’on ne dit pas assez. Par exem­ple que, en Algérie, c’est l’État français qui a pénal­isé l’homosexualité (7). Il exis­tait des tabous, bien sûr, mais c’est la coloni­sa­tion qui a apporté la répres­sion dans la loi. Il y a des liens indé­fectibles entre cap­i­tal­isme, colo­nial­isme et patri­ar­cat. Cette expéri­ence d’oppression sup­pose par­fois de dépass­er ses pro­pres biais, mais il y a des urgences, des pri­or­ités aus­si. L’intersectionnalité, ce n’est pas la con­fu­sion de tous les débats, ce sont des espaces où tu donnes et où tu reçois.
Moi, je sais que la lutte con­tre le colo­nial­isme, notam­ment sur la ques­tion pales­tini­enne, mobilise plus d’énergie et d’activisme que mes autres com­bats. Car il me faut une terre, un pays pour exis­ter.

 

Aline Deschamps pour La Déferlante

Lors de leur ren­con­tre à Paris le 27 sep­tem­bre 2024, Rima Has­san et Médine avec les jour­nal­istes Chris­telle Murhu­la et Anne-Lau­re Pineau. Crédit : Aline Deschamps pour La Défer­lante.

 

Rima Has­san, on vous a beau­coup reproché votre prox­im­ité avec Taha Bouhafs, accusé en 2022 par deux femmes (auprès des instances de La France insoumise ; l’une s’est rétrac­tée en 2023) de har­cèle­ment et de vio­lences sex­uelles. Pourquoi le soutenir ?

RIMA HASSAN J’ai trou­vé que les attaques dont j’ai été l’objet étaient très vir­u­lentes. À un moment, j’ai reçu plus de mes­sages me deman­dant de me jus­ti­fi­er que Taha lui-même. Des mes­sages comme « T’as pas honte ? », ou « C’est à cause de gens comme toi que les luttes fémin­istes n’avancent pas ». Jusque sur le ter­rain, en Jor­danie, on est venu me deman­der à moi de faire le tra­vail alors que la com­mis­sion d’enquête du par­ti n’a pas don­né de suites et que les mem­bres de cette com­mis­sion ont pro­posé une réin­té­gra­tion. C’est fou que ce soit sur les épaules d’une femme que tout cela retombe. L’idéal aurait été qu’une plainte soit déposée con­tre lui pour qu’il puisse avoir accès au dossier et puisse se défendre, mais on con­naît toutes les raisons qui peu­vent empêch­er les femmes de se tourn­er vers la jus­tice.

 

Vous venez l’une comme l’autre de milieux pop­u­laires et ouvri­ers, et aujourd’hui vous avez une tri­bune, une grande influ­ence. Les forces au pou­voir ont ten­dance à dire que l’ascenseur social, l’école publique fonc­tion­nent très bien, que tout le monde a sa chance. Qu’en pensez-vous ?

MÉDINE L’égalité des chances est un idéal poli­tique, mais qui est pour le moins nuancé dans le réel. C’est comme la céré­monie d’ouverture des Jeux olympiques : la vit­rine est super inclu­sive, on y croit, et le tra­vail des organ­isa­teurs est à saluer… mais l’extrême droite est, au même moment, aux portes du pou­voir. L’égalité des chances, c’est du foutage de gueule. C’est de la méri­to­cratie, c’est faire croire qu’il n’y a pas de rap­ports de classe.

Rien que dans le monde de la musique, que je con­nais bien, l’accès aux  postes à respon­s­abil­ité est blo­qué pour les femmes et les per­son­nes racisées. Même dans le rap, même dans le hip-hop. Un comble ! Cette petite musique qu’on essaie de nous ven­dre au quo­ti­di­en, « quand on veut on peut », c’est une fumis­terie. J’étais prési­dent d’une asso­ci­a­tion sportive dans mon quarti­er d’enfance : je sais com­ment ça fonc­tionne, je sais qui a le droit, qui n’a pas le droit, quel sport va être val­orisé parce que les adeptes de ce sport sont un élec­torat poten­tiel. Quand on m’invite à l’université d’été d’Europe Écolo­gie-Les Verts [EELV] (8), c’est parce qu’on vise un « élec­torat musul­man » ou « quartiers pop­u­laires ». C’est déjà une forme de déshu­man­i­sa­tion. EELV aurait dû se saisir de cette séquence pour se ques­tion­ner sur son pro­pre fonc­tion­nement, et aban­don­ner défini­tive­ment cer­tains réflex­es pater­nal­istes.

 

Médine et Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Écologie–Les Verts, aux Journées d’été du parti, aux Docks, au Havre, le 24 août 2023.ISA HARSIN / SIPA

Médine et Marine Ton­de­lier, secré­taire nationale d’Europe Écologie–Les Verts, aux Journées d’été du par­ti, aux Docks, au Havre, le 24 août 2023. ISA HARSIN / SIPA

 

RIMA HASSAN Je ne crois pas à la méri­to­cratie. Je sais que je suis arrivée là parce que j’ai eu de la chance. Je me sens sauvée d’une con­di­tion, mais par pur hasard, c’est vrai­ment une tra­jec­toire. J’ai pris les bons virages au bon moment. C’est une ques­tion de ren­con­tres clés. Ce type de par­cours est instru­men­tal­isé pour invis­i­bilis­er tous les mécan­ismes d’oppression, de dom­i­na­tion et de racisme, pour nour­rir cette fable du « quand on veut, on peut », du « regardez bien celle ou celui qui par­mi des mil­liers d’autres s’en est sor­ti : si vous n’y arrivez pas, c’est votre faute ! » À mon sens, la ques­tion de la classe sociale n’est pas assez traitée dans la démarche inter­sec­tion­nelle.

L’écrivaine Marie-Hélène Lafon a beau­coup décrit sa con­di­tion de seule fille de paysans à la Sor­bonne dans les années 1980. Une péri­ode qu’elle a vécue comme une forme de grâce qu’on lui fai­sait, une place qu’on lui lais­sait. Elle avait une iden­tité dont il fal­lait avoir honte. Je me suis vrai­ment recon­nue dans son pro­pos. On a tou­jours opposé les pré­caires entre eux, la rural­ité blanche aux class­es ouvrières racisées, pour nous main­tenir entre par­en­thès­es et con­tin­uer d’entretenir et de nour­rir un sys­tème néolibéral cap­i­tal­iste. Je fais par­tie d’un réseau qui s’appelle Con­science de classe, qui mobilise des transfuges de classe, de toutes orig­ines, de tous hori­zons. On essaie juste­ment de faire bar­rage à l’instrumentalisation qui est faite de nous. On se rend compte aus­si que l’on a pu intéri­oris­er des mécan­ismes de vio­lence à l’endroit des nôtres. Qu’on a eu honte de nos par­ents, de leurs habits et de leurs accents, de nos orig­ines. Il faut faire gaffe, ne pas tomber dans le pan­neau.

 

Médine face aux accusations d’antisémitisme

En août 2023, la présence annon­cée du rappeur Médine aux Journées d’été d’Europe Écolo­gie-Les Verts (EELV) avait poussé plusieurs per­son­nal­ités poli­tiques, dont les maires écol­o­gistes de Stras­bourg et de Bor­deaux, à ne pas s’y ren­dre. San­drine Rousseau, députée EELV de Paris, et Marie Tou­s­saint, secré­taire nationale du mou­ve­ment avaient ouverte­ment regret­té cette invi­ta­tion. En cause, un tweet jugé anti­sémite, posté plusieurs jours aupar­a­vant, le 10 août par Médine qual­i­fi­ant l’essayiste Rachel Khan, juive et petite-fille de déporté·es, de « ResKHAN­pée ». Dans un entre­tien paru le 23 août dans Le Parisien, le rappeur avait ten­té d’éteindre la polémique en affir­mant que « l’antisémitisme est un poi­son » et esti­mant que ce tweet « mal­adroit » était une « erreur », expli­quant qu’il n’avait pas en tête l’histoire famil­iale de Rachel Khan.
L’épisode avait remis en lumière le posi­tion­nement de Médine dix ans aupar­a­vant : proche du polémiste Dieudon­né con­damné à plusieurs repris­es pour provo­ca­tion à la haine raciale, il avait réal­isé en pub­lic une « quenelle », geste anti­sémite qui con­siste à avoir une main sur l’épaule avec le bras ten­du. Par la suite, le rappeur avait expliqué regret­ter ce geste, avoir pris ses dis­tances avec Dieudon­né – excus­es qu’il a réitérées à plusieurs repris­es – et déplor­er la récupéra­tion de l’extrême droite à ce sujet. LA DÉFERLANTE

 

On a beau­coup par­lé de vos détracteurs et détrac­tri­ces durant cet entre­tien, mais beau­coup de per­son­nes vous sou­ti­en­nent. Vous êtes des fig­ures d’espoir. Est-ce une lourde respon­s­abil­ité ?

MÉDINE C’est un priv­ilège de porter des idées de gens qui sont silen­ciés. Toutes ces per­son­nes se retrou­vent dans ton dis­cours, qu’il soit artis­tique, intel­lectuel, poli­tique. Tu sais que ça leur donne des béquilles dans la vie, pour qu’ils puis­sent avancer et se dire « je ne suis pas le seul à faire l’expérience du racisme, du sex­isme ». C’est une respon­s­abil­ité impor­tante ? Bien sûr. Mais encore une fois, il y a le tim­ing médi­a­tique, le tim­ing poli­tique, le tim­ing d’Internet et il y a le réel. Et dans le réel, c’est 99,9 % de gens qui veu­lent échang­er, qui se sen­tent gal­vanisés, ou qui ne sont pas d’accord mais veu­lent dis­cuter. J’ai fait un con­cert pen­dant l’entre-deux-tours [des élec­tions lég­isla­tives de 2024] aux arènes de Mont­martre, j’ai vu des gens pleur­er. Ça leur fai­sait du bien d’entendre que nous étions ensem­ble pour com­bat­tre et, acces­soire­ment, que tu es gauchiste, tu es « islamo-gauchiste » et que c’est OK.

RIMA HASSAN Moi, c’est à dou­ble tran­chant. Je me sens bien sûr soutenue, portée. Mais c’est com­pliqué par­fois d’être ramenée à une fig­ure, une icône. Je suis aus­si un être com­plexe. Oui, la cause pales­tini­enne est ma pri­or­ité. Mais j’ai aus­si gran­di à Niort, j’aime pein­dre, aller au théâtre… Il y a un côté par­fois un peu essen­tial­iste et donc un peu déshu­man­isant, à vivre sur cette scène, à être à dis­po­si­tion aus­si. •

Entre­tien réal­isé à Paris, à Mez­za­nine – Les Trois Baudets, le 27 sep­tem­bre 2024, par Chris­telle Murhu­la et Anne-Lau­re Pineau, jour­nal­istes indépen­dantes et mem­bres du comité édi­to­r­i­al de La Défer­lante.

 

Rima Hassan et Médine en quelques dates

24 février 1983

Nais­sance de Médine, Zaouiche de son nom, au Havre (Seine-Mar­itime).

28 avril 1992

Nais­sance de Rima Has­san, dans le camp de réfugié·es palestinien·nes Neirab, près d’Alep, en Syrie.

2002

Rima Has­san arrive en France, à Niort.

2003

Rima Has­san est élue au con­seil munic­i­pal des enfants de Niort.

2004

Sor­tie du pre­mier album de Médine, 11 sep­tem­bre, réc­it du 11e jour.

2018

Sous la pres­sion de groupes d’extrême droite, Médine renonce à jouer au Bat­a­clan.

2019

Rima Has­san crée l’Observatoire des camps de réfugiés.

2022

Sor­tie du huitième album stu­dio de Médine, Médine France.

9 juin 2024

Rima Has­san est élue députée européenne sur la liste de La France insoumise.

 


* Pour respecter l’oralité des pro­pos, cet entre­tien n’est pas retran­scrit en écri­t­ure inclu­sive.

(1) Rima Has­san évoque ici la Nak­ba (cat­a­stro­phe, en arabe), le déplace­ment for­cé d’environ 750 000 Palestinien·nes à la créa­tion de l’État d’Israël, en 1948.

(2) En jan­vi­er 2023, l’acteur Omar Sy s’était éton­né du reten­tisse­ment en France de la guerre en Ukraine et du fait que les guer­res qui frap­pent les pays africains émeu­vent moins les Français. L’extrême droite a ali­men­té une polémique raciste à par­tir de ses pro­pos. En réponse, l’acteur avait affir­mé dans l’émission « Quo­ti­di­en » (TMC) : « C’est pas ce que je dis qu’on attaque, c’est moi. Et c’est pas un prob­lème. Trop tard, les gars ! »

(3) Le terme « sémite » appa­raît au XVI­I­Ie pour désign­er une famille lin­guis­tique, pas un peu­ple, regroupant les juifs et les Arabes. Depuis son appari­tion, le mot « anti­sémitisme » désigne exclu­sive­ment le rejet ou la haine des juifs et des juives ; ce terme n’est jamais util­isé pour désign­er le racisme anti-arabe.

(4) « RER D », chan­son de l’album Ara­bi­an Pan­ther (2008).

(5) En sep­tem­bre 2024, l’essayiste Car­o­line Fourest pub­lie Le Ver­tige MeToo (Gras­set), qui pointe les sup­posés « excès » de la libéra­tion de la parole provo­quée par le mou­ve­ment #MeToo.

(6) Série qui revient sur le par­cours d’individus ayant com­mis des meurtres sur­mé­di­atisés aux États-Unis.

(7) En 1942, le régime de Vichy pénalise les droits des hommes homo­sex­uels par la loi du 6 août. Cette loi s’applique sur l’ensemble du ter­ri­toire français, donc en Algérie (départe­ment français) et sera reprise en 1945 par le gou­verne­ment pro­vi­soire du général de Gaulle. Ces dis­po­si­tions seront inté­grées dans le Code civ­il algérien qui voit le jour après l’indépendance, en 1966.

(8) En 2023, l’intervention de Médine aux Journées d’été des écol­o­gistes au Havre, alors qu’une par­tie de la classe poli­tique l’accusait d’antisémitisme (lire l’encadré ci-dessus).

Anne-Laure Pineau

Journaliste pigiste indépendante, membre du collectif Youpress et de l’AJL (Association des journalistes lesbiennes, gay, bi·es, trans et intersexes). Pour ce numéro, elle a écrit le scénario de la BD sur Diana Sacayan. Voir tous ses articles

Christelle Murhula

Journaliste indépendante, elle est l’autrice d’Amours silenciées. Repenser la révolution romantique depuis les marges (éd. Daronnes, 2022) et copréside l’Association des journalistes antiracistes et racisé·e·s (Ajar). Elle cosigne l’enquête sur le #MeToo des femmes racisées dans les milieux culturels et la discussion avec Médine et Rima Hassan. Voir tous ses articles

S’habiller, en découdre avec les injonctions

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°16 S’ha­biller, parue en novem­bre 2024. Con­sul­tez le som­maire.


Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-includes/functions.php on line 5471

Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-includes/functions.php on line 5471

Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-content/plugins/really-simple-ssl/class-mixed-content-fixer.php on line 107