Warning: Attempt to read property "ID" on int in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-content/themes/Divi/includes/builder/post/PostStack.php on line 62

Judith Godrèche et Guslagie Malanda contre les violences sexuelles dans le cinéma

Depuis qu’elle a dénon­cé les vio­lences sex­uelles qu’elle a subies, enfant, dans le ciné­ma, Judith Godrèche ne cesse de faire vol­er en éclats les rap­ports de pou­voir dans le 7e art. Gus­lagie Malan­da, elle aus­si actrice, nom­mée aux Césars en 2023, sou­tient avec force l’ac­tion de sa con­sœur. Dans cet entre­tien croisé, les deux comé­di­ennes évo­quent leur évo­lu­tion dans le ciné­ma, revi­en­nent sur leur enfance et échangent sur leur vision de l’art.
Publié le 19/04/2024

Modifié le 15/04/2025

Florence Brochoire pour La Déferlante Photographe, elle travaille régulièrement en résidence et pour la presse (Libération, Le Monde, Le Nouvel Obs, Mediapart…)
Judith Godrèche (à gauche) et Gus­lagie Malan­da, à Paris, le 19 mars 2024. Flo­rence Bro­choire pour La Défer­lante

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°14 Dessin­er, paru en mai 2024. Con­sul­tez le som­maire.

Judith Godrèche, vous avez eu envie d’échanger avec Gus­lagie Malan­da. Pourquoi cette ren­con­tre ?

JUDITH GODRÈCHE Cela fait longtemps que je ne suis plus actrice en France.

Après avoir longtemps tra­vail­lé aux États-Unis, je suis comme une touriste qui débar­que dans un autre pays ! Gus­lagie, elle, a vécu ces dix dernières années dans le ciné­ma français. J’ai aus­si besoin d’entendre celles qui évolu­ent dans ce milieu à un âge qui n’est pas le mien. Nous sommes de généra­tions dif­férentes, mais j’ai l’intuition que ce que j’ai vécu plus jeune ressem­ble un peu à ce que vit une actrice aujourd’hui.

GUSLAGIE MALANDA Judith est une per­son­ne qui me touche. Je l’ai vue très jeune au ciné­ma dans L’Auberge espag­nole, un film pop­u­laire pour ma généra­tion [réal­isé par Cédric Klapisch en 2002]. Elle jouait le rôle d’une femme soumise au désir d’un mari bour­geois étriqué et d’un jeune homme qui vient faire ses études à Barcelone. Des années plus tard, en jan­vi­er dernier, lors d’une réu­nion de l’Association des acteur·ices (1), elle revient dans ma vie, dans mon champ visuel, en étant Judith et non plus Judith Godrèche, actrice blonde filmée par des hommes. Elle revient, armée d’un couteau, dans sa pro­pre famille. C’est Niet­zsche qui dis­ait  : « Celui qui en sait trop et qui ne sait pas tenir sa langue est comme un enfant armé d’un couteau. »

FLORENCE BROCHOIRE POUR LA DÉFERLANTE

Gus­lagie Malan­da, à Paris, le 19 mars 2024. Crédit : Flo­rence Bro­choire pour La Défer­lante

Lors de votre prise de parole durant la céré­monie des Césars 2024, Judith Godrèche, vous vous êtes juste­ment adressée à cette « famille » du ciné­ma français. En 2020, lorsqu’elle avait dénon­cé le manque d’inclusion des per­son­nes racisées et des femmes noires dans le ciné­ma, Aïs­sa Maï­ga avait elle aus­si util­isé cette expres­sion : « On est toute une famille, on se dit tout non ? ». Que révèle l’usage du mot « famille » quand on par­le du ciné­ma français ?

JUDITH GODRÈCHE J’ai l’impression que j’ai tou­jours enten­du utilis­er ce mot avec une forme d’ironie, d’aigreur presque. Je ne crois pas l’avoir jamais enten­du de manière pos­i­tive, ce qui est assez par­ti­c­uli­er quand on y pense. Comme si ce mot dans sa puis­sance pou­vait démon­tr­er les failles du sys­tème, ses dys­fonc­tion­nements, les secrets, les rival­ités. Quand j’étais très jeune actrice, ce qui était presque vital pour moi, c’était l’identification aux mères (les actri­ces plus âgées) et aux sœurs (les actri­ces que je croi­sais sur mon pas­sage). Avant même de ren­con­tr­er des types tor­dus, on est déjà dans un rap­port à nous-mêmes qui est ébran­lé, parce qu’on est en per­ma­nence dans la rival­ité entre femmes. Les réal­isa­teurs divisent pour mieux régn­er, c’est le sys­tème. Et nous, on est là, à se deman­der laque­lle d’entre nous sera « prise » pour le rôle…
Le vrai tour­nant dans ma car­rière, c’est d’avoir été choisie par Sophie Marceau pour jouer dans son film [Par­lez-moi d’amour, 2002], et y inter­préter son pro­pre rôle. Ça a été vrai­ment impor­tant dans ma con­struc­tion et mon rap­port au ciné­ma. Ça m’a per­mis de souf­fler dans mes rap­ports avec les femmes, et ce n’est qu’à cet endroit-là que j’ai pu me sen­tir appartenir à une famille.

GUSLAGIE MALANDA Moi, j’ai du mal avec le mot « famille », util­isé aus­si par les sectes et la mafia. Quand un patron vous dit : « Cette boîte, c’est comme une famille », en général, il faut fuir ! Chaque fois que j’ai enten­du l’expression « la grande famille du ciné­ma », j’ai trou­vé ça très étrange : si on peut tout se dire, on peut aus­si tout se cacher, non ? C’est un mot qui impose le silence. Et puis si la famille ce ne sont que les per­son­nes que l’on voit aux Césars, alors où sont tous les autres ? Qui octroie ce droit à la famille ? Il y a beau­coup de gens exclus de cette « grande famille du ciné­ma français », donc je trou­ve ce terme vrai­ment effrayant.

 

Vous vous êtes ren­con­trées juste après la prise de parole de Judith (lire l’encadré ci-dessous), com­ment votre ami­tié s’est-elle con­stru­ite ?

GUSLAGIE MALANDA Pour moi, notre ami­tié a com­mencé par un sen­ti­ment de rage. Je ne suis pas sur les réseaux soci­aux, mais une amie m’avait envoyé la vidéo de l’interview de Benoît Jacquot par Gérard Miller, dans laque­lle il par­le de Judith (2). J’ai été estom­aquée par la place offerte à cette parole-là, à cet entre-soi. Judith, que je ne con­nais­sais pas, allait recevoir de son passé une vidéo d’une vio­lence inouïe, à un moment où elle sor­tait une série qui trans­forme son vécu en fic­tion, donc où elle essaie de le trans­former en art. C’est la réal­ité bru­tale de l’impunité, de la vio­lence. J’ai répon­du à mon amie : « Atten­dons de voir ce que Judith va faire. Mais si elle par­le, il faut que l’on soit toutes der­rière elle. » Elle avait ouvert une porte qui pou­vait facile­ment se refer­mer, sauf si nous étions nom­breuses à met­tre le pied dedans pour l’empêcher de cla­quer. Selon moi, les luttes fémin­istes, c’est se bat­tre non pas pour quelque chose que l’on veut, mais pour quelque chose que l’on ne veut plus, et c’est là où nous emmène Judith.

JUDITH GODRÈCHE Il est impor­tant pour moi d’assumer la respon­s­abil­ité du bor­del que je mets. Tu utilis­es le mot « emmen­er » : je suis inquiète d’emmener des per­son­nes dans mon sil­lage. Les plus âgées devraient se posi­tion­ner pour agir comme des boucliers, pour que vous, les plus jeunes, puissiez bâtir votre car­rière en sécu­rité. Il y a trop peu d’acteurs et d’actrices qui ont le courage de par­ler, comme le fait par exem­ple Alexan­dra Lamy en ce moment (3).
Si ces gens-là font trem­bler l’édifice, le sys­tème peut chang­er. Nous par­lons d’un univers implaca­ble. Je sais le risque qu’on encourt à pren­dre la parole. Je sais que je suis en train de fer­mer une porte, peut-être à jamais : celle du désir que cer­tains réal­isa­teurs auraient pu avoir de tra­vailler avec moi. Est-ce leur bataille, à ces filles de 16, 18 ans, 33 ans ? Les jeunes actri­ces devraient pou­voir vivre leur vie, leur car­rière, sans avoir à se souci­er… Moi, j’aurais aimé que des actri­ces de la généra­tion avant moi mènent cette bataille. Peut-être ont-elles essayé, d’ailleurs…

 


« Il est impor­tant pour moi d’assumer la respon­s­abil­ité du bor­del que je mets. »

Judith Godrèche


 

GUSLAGIE MALANDA Je com­prends par­faite­ment ce que tu dis, mais j’ai l’impression que l’on ren­con­tre un temps his­torique, où les mères et les filles vont vers une réc­on­cil­i­a­tion.
Il y a une con­ver­gence dans l’appartenance à un genre, qui n’existait pas avant. Je ne suis pas soci­o­logue, mais j’ai l’impression qu’avec ta fille Tess, ou que toi et moi, on se par­le de choses dont on ne par­lait pas avant entre femmes d’âges dif­férents. Oui, je n’ai pas envie de pass­er ma car­rière d’actrice à dénon­cer le sys­tème patri­ar­cal. J’ai envie de désir­er par moi-même, de par­ticiper à des œuvres. Mais je ne peux pas faire mon méti­er en étant détachée de mon bien-être psy­chique. Ce n’est pas un luxe mais une con­stata­tion.

 

Judith Godrèche, la parole déliée

Judith Godrèche n’avait pas pronon­cé son nom. Ni dans sa série Icon of French Cin­e­ma sor­tie sur Arte en décem­bre 2023, ni dans les inter­views qui avaient suivi. Puis, sur Insta­gram, en jan­vi­er 2024, elle écrit le nom de Benoît Jacquot, ce réal­isa­teur qui l’a mise sous emprise lorsqu’elle avait 14 ans et lui 40 : « La petite fille en moi ne peut plus taire ce nom […] Je me dois de le faire pour nos filles, nos petites sœurs. Et [pour] vous qui m’écrivez pour me dire que cette his­toire “roman­tisée” par les médias à l’époque, vous a incité à vous laiss­er pren­dre par un adulte qui abu­sait de son emprise. »
L’actrice et réal­isatrice a déposé plainte pour vio­ls sur mineure con­tre Benoît Jacquot et Jacques Doil­lon le 6 févri­er 2024. Les deux cinéastes con­tes­tent ces accu­sa­tions, une enquête prélim­i­naire a été ouverte par le par­quet de Paris pour viol sur mineure de 15 ans.
Judith Godrèche a depuis témoigné sur la scène des Césars, mais aus­si au Sénat et à l’Assemblée nationale, fin févri­er, récla­mant une com­mis­sion d’enquête par­lemen­taire sur les vio­lences sex­uelles et sex­istes dans le ciné­ma.
Judith Godrèche avait déjà pris la parole en 2017 dans l’article déclencheur du mou­ve­ment #MeToo aux États-Unis, dénonçant une agres­sion sex­uelle com­mise par Har­vey Wein­stein en 1996. Aujourd’hui, dans le chemin tracé par les actri­ces Adèle Haenel, Char­lotte Arnould, Nadège Beaus­son-Diagne, elle dénonce les vio­lences sex­uelles dans le ciné­ma, « cet art […] util­isé comme une cou­ver­ture pour un traf­ic illicite de jeunes filles ».
Assumant une « bataille poli­tique » face aux séna­teurs et séna­tri­ces, elle les a interpellé·es : « Com­bi­en de petites filles, de petits garçons, com­bi­en de petits pieds dans la porte seront néces­saires avant que cette société réagisse pour tou­jours ? Afin que nous puis­sions jouer les rôles de notre vie sans nous faire vol­er notre enfance, abuser, frap­per. » Elle souhaite met­tre fin à la « loi du silence ». Pour que plus jamais sur un tour­nage ou ailleurs, une enfant ne soit « prise d’assaut comme une ville assiégée par un adulte tout-puis­sant sous le regard silen­cieux d’une équipe ».

 

Gus­lagie, en 2018, qua­tre ans après votre rôle dans le film Mon amie Vic­to­ria, un col­lec­tif d’actrices, dont Nadège Beaus­son-Diagne, Aïs­sa Maï­ga, Maï­mouna Gueye, Firmine Richard et Karid­ja Touré, pub­li­ait Noire n’est pas mon méti­er (Seuil). Vous avez déjà dénon­cé les rôles clichés de « femme noire » que le ciné­ma vous a pro­posés. Com­ment résis­ter à ces stéréo­types fréquents dans le ciné­ma ?

GUSLAGIE MALANDA À mon sens, ma car­rière n’est pas telle­ment une forme de résis­tance. Je ne choi­sis pas mes rôles en résis­tance à un sys­tème. Je choi­sis un rôle s’il offre une plongée dans un per­son­nage ou une vision du ciné­ma. J’ai fait mon pre­mier film avec Jean Paul Civeyrac, un rôle très intéres­sant, et ensuite les propo­si­tions que je rece­vais, c’étaient des pros­ti­tuées, des « racailles », des islamistes…
Je n’ai pas de prob­lème à incar­n­er des per­son­nages qui cor­re­spon­dent à ces descrip­tions, s’ils sont écrits, com­plex­es, mais ce n’était pas le cas. Je ne jette pas la pierre aux per­son­nes qui acceptent, car il faut bien vivre, et c’est dif­fi­cile dans cette indus­trie. Pour ma part, j’ai choisi de refuser, et mon agent m’a beau­coup accom­pa­g­née dans ce choix : si j’entre dans la caté­gorie à laque­lle on m’assigne, en restreignant les pos­si­bil­ités infinies qu’un corps féminin, un corps noir, peut incar­n­er, cela sig­ni­fie que je ne fais pas de l’art, mais des films. Je tiens à par­ticiper à des œuvres et si ce qu’on me pro­pose me restreint, je préfère faire autre chose que du ciné­ma. L’art doit pou­voir ouvrir l’accès à des choses plus grandes que nous. Il y a beau­coup de films dans lesquels il n’y a aucune mise en dan­ger. Peut-être ai-je une trop haute idée de mon méti­er ? C’est dif­fi­cile, parce que, moi aus­si, j’aimerais bien faire deux ou trois films par an, mais non, pour moi ce sera plutôt un tous les un ou deux ans je crois. C’est ma lib­erté et c’est ce qui me per­me­t­tra, j’espère, d’être une bonne actrice.

Florence Brochoire pour La Déferlante

Gus­lagie Malan­da et Judith Godrèche, à Paris, le 19 mars 2024. Crédit : Flo­rence Bro­choire pour La Défer­lante

Judith, vous avez aus­si con­damné les rôles « clichés » que vous avez eu à jouer ou qu’on vous a pro­posés…

JUDITH GODRÈCHE Je n’ai rien à ajouter à ce que vient de dire Gus­lagie. Ce serait un luxe de me plain­dre en dis­ant « j’ai joué la godiche », car il y a tou­jours plus de rôles de godich­es blanch­es ! Cela n’a rien à voir avec la façon dont le ciné­ma français car­i­ca­ture sys­té­ma­tique­ment les per­son­nes racisées.

GUSLAGIE MALANDA Mon entrée dans le ciné­ma – un monde que je ne con­nais­sais pas –, cor­re­spond à la péri­ode des atten­tats de 2015. J’ai gardé toutes les propo­si­tions de cast­ing, les scé­nar­ios de cette époque. Un jour, il fau­dra regarder les effets qu’ont eus ces atten­tats sur la créa­tion ciné­matographique. Je ne sup­por­t­ais pas la manière dont étaient dépeints les hommes noirs et arabes dans les scé­nar­ios qu’on m’envoyait. Je refu­sais sou­vent pour cette rai­son. Plus que pour pro­test­er con­tre les clichés sur les femmes. Car ces clichés, c’est peut-être ter­ri­ble à dire, je les avais inté­grés : des rôles d’épouse, de sœur, de fille. Mais les per­son­nages d’hommes qui les entouraient, organ­i­saient des « tour­nantes » dans les cités, étaient ter­ror­istes, rad­i­cal­isés, forçaient leurs filles à porter le voile. Rien d’autre. Je ressen­tais du dégoût face à la façon dont des scé­nar­istes con­ce­vaient la mas­culin­ité des per­son­nes non blanch­es ou musul­manes car, oui, pra­tique­ment tous les rôles étaient néces­saire­ment ceux de per­son­nages musul­mans. Moi qui aurais pu me servir de mes années de catéchisme ! C’est raté. Blague à part, je ne pou­vais tout sim­ple­ment pas accepter ça.

 

Guslagie Malanda : ses deux personnages en quête de hauteur

Gus­lagie Malan­da a incar­né deux per­son­nages fasci­nants : Vic­to­ria dans Mon amie Vic­to­ria de Jean Paul Civeyrac (2014, d’après le roman de Doris Less­ing) et Lau­rence Coly dans Saint Omer d’Alice Diop (2022).
Deux per­son­nages com­plex­es, dont les choix de vie sont soit incom­préhen­si­bles (la perte volon­taire d’un enfant), soit mon­strueux (l’infanticide). Deux per­son­nages – mères de filles issues de cou­ples mixtes – pris dans le rouleau com­presseur du rap­port de classe et de race, en France. Sur Saint Omer, la comé­di­enne avait con­fié que le tour­nage avait été intense, et les cauchemars nom­breux. Gus­lagie Malan­da l’admet : il restera tou­jours quelque chose de Vic­to­ria et Lau­rence en elle. « Vic­to­ria est un per­son­nage haute­ment romanesque, elle n’est pas pas­sive : elle décide de ne pas résis­ter [à la cap­ture de son enfant]. Lau­rence Coly, elle est dans Médée, la mytholo­gie, elle est ancrée dans la mon­stru­osité. Dans les deux cas, il faut tra­vailler son empathie pour com­pren­dre, incar­n­er et on garde des petites cel­lules de ce tra­vail en nous. » Dans sa plaidoirie, l’avocate de Lau­rence Coly dit : « Nous sommes tous des mon­stres, des mon­stres ter­ri­ble­ment humains. » Une phrase qui résonne avec l’expérience de Gus­lagie Malan­da : « J’avais enten­du Jean-Paul Rou­ve évo­quer son inter­pré­ta­tion de Gabriel Matzn­eff [dans Le Con­sen­te­ment en 2023]. Il dis­ait : “C’est un per­son­nage que je ne com­prends pas.” Com­ment peut-on tra­vailler si l’on ne com­prend pas ? Ça fait mal de dire que l’on se met dans un tra­vail empathique avec un pédocrim­inel, avec une mère infan­ti­cide, mais force est de con­stater qu’il faut trou­ver un endroit où l’on peut être transposé·e dans l’autre. » Dans chaque film où Gus­lagie Malan­da a inter­prété le rôle prin­ci­pal, ses per­son­nages étaient racon­tés par une autrice. Une dis­tance salu­taire qui per­met sans doute plus facile­ment son empathie et de saisir – comme Gus­lagie – la com­plex­ité de Vic­to­ria et de Lau­rence Coly.

Laurent Le Crabe

Image extraite du film Saint Omer d’Al­ice Diop. Gus­lagie Malan­da y joue le rôle du per­son­nage prin­ci­pal, une mère accusée d’in­fan­ti­cide. Crédit : Lau­rent Le Crabe

 

En 2020, Adèle Haenel quitte la céré­monie des Césars alors que Roman Polan­s­ki s’apprête à recevoir le prix du meilleur réal­isa­teur. Que représente ce geste pour vous ?

JUDITH GODRÈCHE En 2020, je vivais aux États-Unis, j’ai donc vécu cette séquence en dif­féré. On m’a racon­té Adèle Haenel aux Césars comme une légende : elle était comme une héroïne du passé proche, passée par là, puis dis­parue. C’est ça qui est beau, je trou­ve, dans mon cas, d’avoir vécu cette scène par les mots des autres femmes. Parce qu’Adèle, sans le savoir, était en train d’écrire une his­toire qui vit tou­jours. Parce que, désor­mais, des femmes ont envie de par­ler. Avec son geste, et sa façon à elle de s’exprimer, elle a mar­qué l’histoire et créé de l’espoir pour toutes. Nous sommes jugées même sur notre façon d’exprimer notre colère… Alors oui, qua­tre ans plus tard, dans mon dis­cours, il n’y avait pas de siège qui claque, je ne me suis pas lev­ée au milieu de la salle. J’étais sur scène. J’ai com­mencé avec douceur en util­isant des métaphores et de jolis mots. Mais ça ne veut pas dire que je n’étais pas ani­mée par la même colère et que je ne pour­rais pas faire exacte­ment la même chose qu’elle. Je com­prends l’urgence de ne plus évoluer à l’intérieur de ce milieu, quand tant d’alertes ont été lancées, quand tant de femmes ont par­lé. La parole des femmes, c’est comme une ardoise mag­ique : on doit réécrire en per­ma­nence parce qu’elle est sans cesse effacée.
Il y a quelques jours, je me suis retrou­vée sous les feux de l’actualité dans une tri­bune de Jean Nar­boni (4) pub­liée dans Le Monde. Cette vio­lence a envahi mon monde, mon espace psy­chique, ma capac­ité à m’intéresser à autre chose. La colère, c’est acca­parant. Dans leurs mon­dan­ités intel­lectuelles, cer­tains ne se ren­dent pas compte qu’on ne peut plus se con­grat­uler en util­isant l’histoire du ciné­ma comme un tour de passe-passe, en niant la réal­ité basique et sim­ple : il y a eu des abuseurs et des abusées, et dans le ciné­ma – de la Nou­velle Vague ou d’autres courants – les femmes sont mon­naie d’échange. C’est très com­pliqué de ne pas avoir envie de fuir.


« Mon entrée dans le ciné­ma cor­re­spond à la péri­ode des atten­tats de 2015. Je ne sup­por­t­ais pas la manière dont étaient dépeints les hommes noirs et arabes dans les scé­nar­ios qu’on m’envoyait. »

Gus­lagie Malan­da


 

GUSLAGIE MALANDA Il y a encore des acteurs et actri­ces vio­lées qui n’osent tou­jours pas dire ce qu’ils ou elles ont vécu… Ce qui en plus me sidère, c’est qu’une par­tie de l’élite du ciné­ma français déna­ture ce qu’est le ciné­ma. Ces œuvres d’art sont por­teuses de vérité. Quand on revoit les films de Jacques Doil­lon ou de Benoît Jacquot, on voit qu’à l’intérieur d’une œuvre, il y a des indices. C’est fou de réalis­er qu’au fond, des cri­tiques de ciné­ma ne les ont pas vrai­ment vues. C’est comme s’ils déni­aient à l’œuvre d’art sa capac­ité à être por­teuse de vérité. Quand je pense à Adèle Haenel, je rêve qu’elle puisse revenir et que ce soient les autres qui par­tent. L’actrice qu’elle est me manque.

À Paris, lors de la marche féministe du 8 mars 2020, des pancartes brandies en hommage à Adèle Haenel et Aïssa Maiga. Cette année-là, les deux actrices ont pris position contre le racisme et la protection des agresseurs sexuels dans le cinéma français.NOÉMIE COISSAC / HANS LUCAS

À Paris, lors de la marche fémin­iste du 8 mars 2020, des pan­car­tes brandies en hom­mage à Adèle Haenel et Aïs­sa Maiga. Cette année-là, les deux actri­ces ont pris posi­tion con­tre le racisme et la pro­tec­tion des agresseurs sex­uels dans le ciné­ma français.
Crédit : NOÉMIE COISSAC / HANS LUCAS

JUDITH GODRÈCHE Je pense que pour cer­tains réal­isa­teurs, il y a une déshu­man­i­sa­tion absolue des acteurs et actri­ces, ça ne les intéresse pas de savoir que ce sont des êtres humains. Ça ne fait pas par­tie de leur incon­scient. Pour eux, c’est l’acteur, l’actrice, cette chose. Il y a une réi­fi­ca­tion. Quand on regarde les doc­u­men­taires sur la manière dont tra­vaille Jacques Doil­lon, par exem­ple avec les actri­ces des Amandiers (5) sur le film L’Amoureuse [1988], j’y vois de la tor­ture. Il y a cette idée de l’œuvre col­lec­tive où l’on donne tout : notre temps, notre énergie, on tra­vaille de nuit, quel que soit l’état dans lequel on est, que ce soit les comé­di­ens et comé­di­ennes, les chefs opéra­teurs, les tech­ni­ciens et tech­ni­ci­ennes… Pour­tant c’est au réal­isa­teur de met­tre les lim­ites. Sinon, tu peux entr­er dans une spi­rale infer­nale extrême­ment dan­gereuse. Parce que, face à l’insatisfaction de celui qui reçoit, face à la manip­u­la­tion, à l’abus de pou­voir, à la posi­tion d’autorité, on n’est rien. Le principe même d’accepter un rôle, nous met dans une sit­u­a­tion de fragilité, en tout cas dans le ciné­ma d’auteur français. C’est vrai­ment un drôle de rap­port au monde du tra­vail.
Dans le cadre de vio­lences sex­istes et sex­uelles dans le ciné­ma, une fois que tu t’es opposée à un réal­isa­teur, que tu t’es plainte d’un truc sur un tour­nage à un pro­duc­teur, ton poste ne tient qu’à un fil. Comme c’est un petit milieu, tu peux être mise sur la touche très facile­ment. Il y a beau­coup de tech­ni­ci­ennes qui m’écrivent à ce pro­pos. Elles ne sont plus rap­pelées.

GUSLAGIE MALANDA Le ciné­ma est un milieu où l’abus de pou­voir est le plus évi­dent et le plus pérenne, où il fait même référence. L’abus de pou­voir, je sais par­faite­ment ce que c’est, je l’ai vécu… Pour ma part, quand j’ai essayé de par­ler des dif­fi­cultés lour­des que j’avais eues avec un réal­isa­teur, une pro­duc­trice m’a répon­du : « Mais il n’a pas vio­lé. » Il y a encore beau­coup de choses à décon­stru­ire, je crois.


« La parole des femmes, c’est comme une ardoise mag­ique : on doit réécrire en per­ma­nence parce qu’elle est sans cesse effacée. »

Judith Godrèche


 

En 1995, Judith, dans votre livre Point de côté (6), vous par­lez déjà de « détourne­ment de mineure », vous n’avez pas été enten­due. Aujourd’hui, est-ce que votre parole est une manière de remet­tre la parole des enfants au cen­tre de l’attention ?

JUDITH GODRÈCHE C’est par­ti­c­uli­er parce que j’avais oublié que j’avais écrit ces mots… Quand des gens m’écrivent aujourd’hui pour me dire qu’ils et elles ont été dans le silence pen­dant soix­ante ans, ça ne m’étonne pas. On ne peut pas tou­jours avoir la force psy­chique d’arriver à se con­stru­ire en oppo­si­tion à ce que la société nous mur­mure à l’oreille. Quand j’ai écrit ce livre, je n’étais pas du tout dans un geste con­scient. J’étais à la fois dans le déni et dans la peur qu’on sache que c’était une aut­ofic­tion. Dans les inter­views que je don­nais à l’époque, je tourne autour du pot, mais je dis les choses. Les gens auraient pu saisir. Une seule per­son­ne a com­pris le bouquin, c’était l’un des meilleurs amis de Benoît Jacquot. À l’époque, il tra­vail­lait à Paris Match, et il a écrit une cri­tique absol­u­ment atroce. Cette cri­tique avait été si vio­lente pour moi que je m’étais dit : « Mais pourquoi il s’en prend comme ça à moi ? » En fait je n’avais pas réal­isé ce que j’avais écrit. Lui, si.

 

Judith Godrèche, en 1996, la toute-puis­sante Mira­max, société de pro­duc­tion et de dif­fu­sion de films améri­cains, vous impose le silence alors que vous venez d’être agressée sex­uelle­ment par le pro­duc­teur Har­vey Wein­stein à Cannes. Il fau­dra atten­dre 2017 et l’enquête du New York Times pour que vous puissiez par­ler et que vous soyez écoutée. Est-ce que cette enquête jour­nal­is­tique, à l’origine de la vague #MeToo, était déjà un pas vers la jus­tice pour vous ?

JUDITH GODRÈCHE Quand un jour­nal­iste sait quelque chose de vous que vous n’avez jamais voulu dire, on a le sen­ti­ment que c’est quelqu’un qui veut vous pren­dre un secret pour en faire quelque chose dont vous n’avez pas le con­trôle. C’est très angois­sant. Quand j’ai par­lé au New York Times, je ne savais pas com­bi­en de femmes témoignaient, ni qui elles étaient, ni quand l’enquête sor­ti­rait… C’était le tout pre­mier arti­cle. Quand on vous dit « OK, we’re going on the record now » [on enreg­istre, main­tenant], c’est très impres­sion­nant. Je me rap­pelle, j’étais au télé­phone dans ma voiture : j’imaginais un mag­né­to­phone géant au bout du fil ! Il y a la cul­pa­bil­ité de ce qu’on a vécu, l’idée de ne pas réus­sir à dire les choses… Et puis, il y a beau­coup de fan­tasmes aux États-Unis. Mes enfants étaient très angois­sés. On nous livrait des paniers de fruits, et ils pen­saient qu’ils étaient empoi­son­nés. Har­vey Wein­stein a dépen­sé beau­coup d’argent pour faire taire ses vic­times (7). C’était vrai­ment flip­pant. Tout cela explique pourquoi j’ai été sur mes gardes quand j’ai par­lé aux jour­nal­istes en France.

Florence Brochoire pour La Déferlante

Judith Godrèche, à Paris, le 19 mars 2024. Crédit : Flo­rence Bro­choire pour La Défer­lante

La société vous sem­ble-t-elle avoir changé depuis ?

JUDITH GODRÈCHE Pas quand cer­tains écrivent des tri­bunes pour com­menter ce que je dis, ce que j’ai vécu. Je pense qu’il ne devrait pas vrai­ment y avoir de débat. Quand on s’est fait vio­l­er, on s’est fait vio­l­er quoi.

GUSLAGIE MALANDA Nous vivons encore dans une société où l’on n’accepte pas de per­dre. C’est perçu comme une faib­lesse. C’est pour­tant l’une des pre­mières choses que l’on apprend à un enfant. Il faut savoir per­dre pour pou­voir chang­er.

JUDITH GODRÈCHE Pour le vieux monde des Cahiers du ciné­ma, les femmes intel­li­gentes n’existent pas. C’est com­pliqué pour eux d’imaginer qu’une actrice qui a été l’égérie de Benoît Jacquot, de Jacques Doil­lon, puisse aujourd’hui écrire une série. Je pense qu’il y a un vrai prob­lème de crédit accordé à mon écri­t­ure, à ma parole.

GUSLAGIE MALANDA Ce qu’on oublie beau­coup dans les rap­ports de pou­voir, notam­ment liés aux vio­ls ou aux agres­sions sex­uelles, c’est aus­si le rap­port de classe qu’ils peu­vent insin­uer. On est dans une société où les rap­ports de classe sont extrême­ment vio­lents, con­traire­ment à ce qu’on voudrait croire. Ils doivent se dire « Judith Godrèche, c’est pas une grande intel­lo, pourquoi tout d’un coup, elle se met à par­ler celle-là ? ». Ça me rap­pelle aus­si tout ce qu’on entendait dans l’affaire Nafis­satou Dial­lo con­tre DSK (8), le racisme en moins. Le rap­port de classe en France est quelque chose qu’on impose assez tôt, j’ai le sen­ti­ment qu’il y avait un peu de ça dans cer­taines cri­tiques que Judith a reçues.


« Ce qu’on oublie beau­coup dans les rap­ports de pou­voir, notam­ment liés aux vio­ls ou aux agres­sions sex­uelles, c’est aus­si le rap­port de classe qu’ils peu­vent insin­uer. »

Gus­lagie Malan­da


Judith, dans votre dis­cours aux Césars, vous avez dit : « Les petites filles sont des punks qui revi­en­nent déguisées en ham­ster, pour rêver à une pos­si­ble révo­lu­tion. » Com­ment utilisez-vous l’humour dans votre écri­t­ure ?

JUDITH GODRÈCHE J’écris avec l’imaginaire de l’enfance. Moi j’ai été vio­lée à 14 ans, j’étais une enfant. Et il se trou­ve que j’avais un ham­ster. Tout ce qui, dans ma série, repose sur l’humour est ancré dans la réal­ité. C’est une femme adulte qui se glisse dans une peluche géante. J’avais un doudou aus­si quand j’étais petite, qui avait appartenu à ma mère. Benoît Jacquot l’a rem­placé par un T‑shirt à lui. Ma vie aurait pu s’ancrer dif­férem­ment si les sym­bol­es de mon enfance n’avaient pas été détournés. Avec la mise en abîme par l’humour de ces images, il y a une cer­taine cru­auté, que l’on perçoit ou non. Et c’est ce que j’aime bien : l’idée que, dans le fond, il y a des gens qui n’y com­pren­nent rien et se deman­dent pourquoi je par­le de ham­ster !
Je ne suis pas croy­ante, mais je veux vrai­ment croire de toutes mes forces, même si c’est utopique et idéal­iste, que quand on fait du mal à une ou un enfant, un jour ou l’autre ça vous revient dans la gueule. Les femmes ont une capac­ité de résis­tance à la douleur : sur­vivre, tomber, couler et rebondir. Je me suis tou­jours dit que j’avais cette énergie du dés­espoir, cette espèce de force vitale.
Depuis toute petite. Je pense que c’est cette petite fille qui résiste. À tout ce qu’on a pu lui faire vivre.
L’humour, ça me pro­tège for­cé­ment. On dit qu’il n’y a pas de mon­stres chez les agresseurs, sim­ple­ment des êtres humains, et c’est vrai. Mais pour la petite fille en moi, il y a le pays des mon­stres, des ogres et des loups… L’enfant qui a été avalée par les ogres, la mère qui se dit que jamais elle ne lais­sera faire ça à ses enfants et la femme que je suis, tout ça devient tout à coup cet énorme ham­ster. Comme un tableau ou des métaphores poé­tiques. J’aime bien l’idée des lec­tures plurielles. Chaque écri­t­ure ciné­matographique est dif­férente, j’aime laiss­er une place, un espace pour que les spec­ta­teurs et spec­ta­tri­ces se posent des ques­tions. Pourquoi cette femme se retrou­ve dans cet énorme corps de ham­ster ? Pourquoi toutes ces choses-là tour­nent en rond, dans cette roue, inlass­able­ment ? Il y a toute cette idée de l’enfermement.

Judith Godrèche déguisée en hamster dans sa série Icon of French Cinema. « L’humour ça me protège », dit-elle. DAVID KOSKAS

Judith Godrèche déguisée en ham­ster dans sa série Icon of French Cin­e­ma. Crédit : DAVID KOSKAS

GUSLAGIE MALANDA Alors moi, c’est très étrange parce que je suis quelqu’un qui peut être assez drôle. Et pour­tant, beau­coup de per­son­nes me visu­alisent comme une actrice plutôt grave.

JUDITH GODRÈCHE Est-ce que c’est parce qu’ils man­quent d’imagination  ?

GUSLAGIE MALANDA J’allais rebondir exacte­ment là-dessus : imag­in­er, ça veut dire se faire des images. Quand on veut pos­séder quelqu’un, on veut réduire cette per­son­ne. C’est telle­ment éloigné de l’imaginaire. Ce que j’aime dans ta série, Judith, c’est que tu laiss­es la place à l’imaginaire. On ne sait pas ce qui t’est arrivé au fond. Il n’y a pas besoin de tout dire parce qu’on se doute. Il y a plein de couch­es, plein d’images. Je crois que l’humour fait par­tie de ta créa­tion, une telle série aurait pu être plus grave. Ce qui est impor­tant, c’est ce qu’elle véhicule. Tu y livres des choses de toi assez puis­santes. Il y a quand même une fille qui dit à sa mère : « Non mais c’est pas grave d’avoir des gros seins, maman. » J’ai jamais vu une scène comme ça entre une mère et sa fille. On est en 2024 : je trou­ve que c’est super que l’on retrou­ve notre époque dans les œuvres. Tu donnes beau­coup de choses. Est-ce que c’est tout ? J’espère que non. •

Cet entre­tien a été réal­isé le 19 mars 2024 à Paris.

 

Points de repère

1972

Nais­sance de Judith Godrèche.

1990

Nais­sance de Gus­lagie Malan­da.

2002

Judith Godrèche joue Anne-Sophie dans L’Auberge espag­nole, de Cédric Klapisch. Elle a déjà tourné dans plus de vingt films.

2014

Pre­mier rôle de Gus­lagie Malan­da dans Mon amie Vic­to­ria, de Jean Paul Civeyrac.

2017

Témoignage de Judith Godrèche dans le pre­mier arti­cle du New York Times sur l’affaire Wein­stein, qui révèle le réc­it de plus de 30 femmes et déclenche le #MeToo qui défer­le à tra­vers le monde, dix ans après celui lancé par Tarana Burke.

2023

• Nom­i­na­tion de Gus­lagie Malan­da au césar du meilleur espoir féminin pour le per­son­nage de Lau­rence Coly dans Saint Omer, d’Alice Diop.
• Sor­tie de Icon of French Cin­e­ma, mini-série dif­fusée sur Arte, que Judith Godrèche réalise, écrit et inter­prète.

2024

Gus­lagie Malan­da inter­prète le rôle d’une poupée dotée d’intelligence arti­fi­cielle dans La Bête de Bertrand Bonel­lo.


(1) L’Association des acteur·ices (ADA) est un col­lec­tif créé au print­emps 2022 par plusieurs comé­di­ennes, comme Clothilde Hesme, Suzy Bem­ba et Alice de Lenc­que­saing pour échang­er leurs expéri­ences, mais aus­si ques­tion­ner les représen­ta­tions des femmes sur le grand écran.

(2). Dans le doc­u­men­taire Les Rus­es du désir : L’interdit (2011), le psy­ch­an­a­lyste Gérard Miller (lui-même accusé d’agressions sex­uelles par plusieurs femmes) donne la parole à Benoît Jacquot : « Je n’avais pas le droit. Mais ça, elle n’en avait rien à foutre, et même, elle, ça l’excitait beau­coup. »

(3) Le 18 mars dernier, Alexan­dra Lamy a dénon­cé sur France Inter les vio­lences sex­uelles « con­tre lesquelles il faut tous qu’on se réu­nisse, qu’on se bat­te et qu’on dénonce. Les hommes n’ont aucune représen­ta­tion mas­cu­line publique qui par­le pour eux. Or, je suis cer­taine que cela leur ferait du bien ».

(4) Dans une tri­bune parue dans Le Monde du 16 mars 2024, l’ancien rédac­teur en chef des Cahiers du Ciné­ma fustige les « accu­sa­tions de Judith Godrèche con­tre Benoît Jacquot et Jacques Doil­lon, ses reproches adressés au milieu du ciné­ma », qui ont con­sti­tué, selon lui, « de vir­u­lentes attaques infondées con­tre le ciné­ma d’auteur ».

(5) En 1987, le doc­u­men­taire de François Manceaux Il était une fois 19 acteurs. suit Benoît Jacquot dirigeant les comé­di­ens et comé­di­ennes de l’école de théâtre des Amandiers à Nan­terre.

(6) Dans ce roman pub­lié en 1995, alors qu’elle avait 22 ans, Judith Godrèche racon­te la fin de la rela­tion entre la nar­ra­trice et un homme plus âgé : « J’avais qua­torze ans, j’étais une petite fille en avance peut-être mais encore toute petite. » Flam­mar­i­on a annon­cé la réédi­tion d’une ver­sion numérique et envis­age une réim­pres­sion.

(7)  Dans une enquête parue en novem­bre 2017 dans le New York­er, le jour­nal­iste Ronan Far­row racon­te com­ment Har­vey Wein­stein a engagé des détec­tives privés, dont des anciens agents du Mossad, pour enquêter sur les femmes témoignant avoir été vic­times de vio­lences sex­uelles.

(8) Lire La Défer­lante n°1, mars 2021.

Anne-Laure Pineau

Journaliste pigiste indépendante, membre du collectif Youpress et de l’AJL (Association des journalistes lesbiennes, gay, bi·es, trans et intersexes). Pour ce numéro, elle a écrit le scénario de la BD sur Diana Sacayan. Voir tous ses articles

Sophie Boutboul

Journaliste, membre du collectif Youpress, elle écrit notamment dans Mediapart, Le Monde et Le Canard Enchaîné. Elle est co-autrice de *Silence, on cogne. Enquête sur les violences conjugales subies par des femmes de gendarmes et de policiers (*Grasset, 2019). Voir tous ses articles

DESSINER : ESQUISSES D’UNE ÉMANCIPATION

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°14 Dessin­er, paru en mai 2024. Con­sul­tez le som­maire.


Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-includes/functions.php on line 5471

Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-includes/functions.php on line 5471

Notice: ob_end_flush(): Failed to send buffer of zlib output compression (1) in /home/clients/f3facd612bb3129d1c525970fad2eeb3/sites/tpp.revueladeferlante.org/wp-content/plugins/really-simple-ssl/class-mixed-content-fixer.php on line 107