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Alice Austen, pionnière du « lesbian gaze »

Pho­tographe états-uni­enne auto­di­dacte, Alice Austen (1866–1952) a réal­isé plus de 8 000 clichés et s’est appliquée à sub­ver­tir les normes de genre de son époque. Aujourd’hui, elle fait fig­ure de pio­nnière dans l’art de la pho­togra­phie et d’artiste essen­tielle dans la vis­i­bil­i­sa­tion les­bi­enne.
Publié le 02/02/2024

Modifié le 25/04/2025

Trude et moi masquées, en jupon court (1891).
Alice Austen, à gauche, avec une amie, Trude Eccle­ston. L’image est un con­cen­tré du tra­vail de la pho­tographe : la théâ­tral­ité est assumée, les femmes masquent leur vis­age mais dévoilent leurs jambes, leurs épaules et posent cheveux dénoués. Jeunes filles de bonne famille, elles s’amusent à jouer aux femmes de mau­vaise vie. Crédit pho­to : Col­lec­tion of His­toric Rich­mond Town
Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°13 Avorter, paru en mars 2024. Con­sul­tez le som­maire.

Née dans une famille aisée de la côte est des États-Unis, Alice Austen (1866–1952) apprend la pho­togra­phie en auto­di­dacte. Réal­isant tout au long de sa vie plus de 8 000 clichés, elle aime sub­ver­tir les normes de genre de son époque. Son tra­vail est l’une des pre­mières affir­ma­tions d’un les­bian gaze, un « regard les­bi­en » sur le monde : avec son objec­tif, elle capte plus de cinq décen­nies de vie com­mune avec sa com­pagne Gertrude Tate.

Ruinée par le krach de 1929, elle meurt dans la pau­vreté. Aujourd’hui, elle fait à la fois fig­ure de pio­nnière dans l’art de la pho­togra­phie et d’artiste essen­tielle dans la vis­i­bil­i­sa­tion les­bi­enne.

Passionnée de tennis, de vélo ou encore d’automobile, Alice Austen documente l’essor du sport chez les femmes de la grande bourgeoisie à la fin du XIXe siècle. L’existence du Berkeley Ladies’ Athletic Club, un club féminin de gymnastique situé dans Manhattan, est révélatrice du phénomène. En 1893, elle y photographie ses amies : Daisy Elliott (tenant les anneaux), qui dirige le lieu, et avec qui elle a une courte liaison, ou Violet Ward (à l’extrême gauche, tenant un ballon), autre compagne amoureuse de Daisy Elliott.Crédit photo : Collection of Historic Richmond Town

Pas­sion­née de ten­nis, de vélo ou encore d’automobile, Alice Austen doc­u­mente l’essor du sport chez les femmes de la grande bour­geoisie à la fin du XIXe siè­cle. L’existence du Berke­ley Ladies’ Ath­let­ic Club, un club féminin de gym­nas­tique situé dans Man­hat­tan, est révéla­trice du phénomène. En 1893, elle y pho­togra­phie ses amies : Daisy Elliott (ten­ant les anneaux), qui dirige le lieu, et avec qui elle a une courte liai­son, ou Vio­let Ward (à l’extrême gauche, ten­ant un bal­lon), autre com­pagne amoureuse de Daisy Elliott.
Crédit pho­to : Col­lec­tion of His­toric Rich­mond Town

En 1896, Alice Austen réalise les photographies de la brochure Bicycling for Ladies (manuel de bicyclette pour dames) rédigée par Violet Ward, avec qui elle a fondé le club de vélo de Staten Island. Daisy Elliott lui sert de modèle. Sur cette image, elle arbore un pantalon knickers, une tenue dont le port par les femmes suscite les ricanements des conservateurs. Crédit photo : Collection of Historic Richmond Town

En 1896, Alice Austen réalise les pho­togra­phies de la brochure Bicy­cling for Ladies (manuel de bicy­clette pour dames) rédigée par Vio­let Ward, avec qui elle a fondé le club de vélo de Stat­en Island. Daisy Elliott lui sert de mod­èle. Sur cette image, elle arbore un pan­talon knick­ers, une tenue dont le port par les femmes sus­cite les ricane­ments des con­ser­va­teurs.
Crédit pho­to : Col­lec­tion of His­toric Rich­mond Town

Lors d’une visite à son amie d’enfance Julia Bredt durant l’hiver 1892, en Pennsylvanie, Alice Austen capte à travers son objectif l’insouciance de la jeunesse dorée à laquelle elle appartient : Julia et elle posent entourées de jeunes hommes, pour la plupart étudiants, avec lesquels elles flirtent volontiers. Crédit photo : Collection of Historic Richmond Town

Lors d’une vis­ite à son amie d’enfance Julia Bredt durant l’hiver 1892, en Penn­syl­vanie, Alice Austen capte à tra­vers son objec­tif l’insouciance de la jeunesse dorée à laque­lle elle appar­tient : Julia et elle posent entourées de jeunes hommes, pour la plu­part étu­di­ants, avec lesquels elles flir­tent volon­tiers. 
Crédit pho­to : Col­lec­tion of His­toric Rich­mond Town

Madame Snively, Julia et moi au lit (1890). Cet été-là, Alice Austen (à gauche) passe les vacances avec son amie d’enfance Julia Martin (à droite), dans la famille d’Eliza Snively (au centre), jeune mère enfermée dans un mariage malheureux, et qui divorcera un an plus tard.Crédit photo : Collection of Historic Richmond Town

Madame Snive­ly, Julia et moi au lit (1890). Cet été-là, Alice Austen (à gauche) passe les vacances avec son amie d’enfance Julia Mar­tin (à droite), dans la famille d’Eliza Snive­ly (au cen­tre), jeune mère enfer­mée dans un mariage mal­heureux, et qui divorcera un an plus tard.
Crédit pho­to : Col­lec­tion of His­toric Rich­mond Town

Julia Martin, Julia Bredt et moi-même en habit (1891). L’un des clichés les plus connus d’Alice Austen, qui pose au centre. Cette mise en scène des stéréotypes de la masculinité illustre son sens de l’humour subversif : elle tient, de manière suggestive, un parapluie entre les jambes.Crédit photo : Collection of Historic Richmond Town

Julia Mar­tin, Julia Bredt et moi-même en habit (1891). L’un des clichés les plus con­nus d’Alice Austen, qui pose au cen­tre. Cette mise en scène des stéréo­types de la mas­culin­ité illus­tre son sens de l’humour sub­ver­sif : elle tient, de manière sug­ges­tive, un para­pluie entre les jambes.
Crédit pho­to : Col­lec­tion of His­toric Rich­mond Town

The Darned Club (1861), traduit par « Le Club diabolique » dans Une histoire mondiale des femmes photographes de Luce Lebart et Marie Robert (éd. Textuel, 2020). Ce cercle rassemble les meilleures amies d’Alice Austen, parmi lesquelles Trude Eccleston (voir p. 54 et 64). Ce sont de jeunes hommes du voisinage, vexés d’être exclus d’un groupe composé uniquement de femmes, qui lui ont donné ce nom.Crédit photo : Collection of Historic Richmond Town

The Darned Club (1861), traduit par « Le Club dia­bolique » dans Une his­toire mon­di­ale des femmes pho­tographes de Luce Lebart et Marie Robert (éd. Textuel, 2020). Ce cer­cle rassem­ble les meilleures amies d’Alice Austen, par­mi lesquelles Trude Eccle­ston (voir p. 54 et 64). Ce sont de jeunes hommes du voisi­nage, vexés d’être exclus d’un groupe com­posé unique­ment de femmes, qui lui ont don­né ce nom.
Crédit pho­to : Col­lec­tion of His­toric Rich­mond Town

Gertrude Tate vers 1899 (page de gauche) et dans les années 1930 (en haut à droite). Alice Austen a 31 ans quand elle rencontre, en 1897, Gertrude Tate (1872-1962), institutrice et professeure de danse. Elles vont passer plus de cinq décennies ensemble, vivant toutes deux à partir de 1917 à Clear Comfort, la maison de famille d’Alice Austen. Seuls le grand âge et la maladie vont les séparer : en 1950, Alice est recueillie dans un hospice, tandis que Gertrude va vivre chez sa sœur.Crédit photo : Collection of Alice Austen Museum

Gertrude Tate vers 1899 (page de gauche) et dans les années 1930 (en haut à droite). Alice Austen a 31 ans quand elle ren­con­tre, en 1897, Gertrude Tate (1872–1962), insti­tutrice et pro­fesseure de danse. Elles vont pass­er plus de cinq décen­nies ensem­ble, vivant toutes deux à par­tir de 1917 à Clear Com­fort, la mai­son de famille d’Alice Austen. Seuls le grand âge et la mal­adie vont les sépar­er : en 1950, Alice est recueil­lie dans un hos­pice, tan­dis que Gertrude va vivre chez sa sœur.
Crédit pho­to : Col­lec­tion of Alice Austen Muse­um

Le non et le oui de Trude Ec. à M. Hopper (1892). Devant une pierre tombale où figure l’inscription « Noyes », Alice Austen se joue des postures incontournables de la passion romantique. Elle met en scène Trude Eccleston refusant les avances d’un soupirant – rôle qu’endosse l’un de leurs ami·es, Augustine Hopper –, ou faisant mine d’être, au contraire, attendrie par ses suppliques amoureuses. Crédit photo : Collection of Historic Richmond Town

Le non et le oui de Trude Ec. à M. Hop­per (1892). Devant une pierre tombale où fig­ure l’inscription « Noyes », Alice Austen se joue des pos­tures incon­tourn­ables de la pas­sion roman­tique. Elle met en scène Trude Eccle­ston refu­sant les avances d’un soupi­rant – rôle qu’endosse l’un de leurs ami·es, Augus­tine Hop­per –, ou faisant mine d’être, au con­traire, atten­drie par ses sup­pliques amoureuses.  Crédit pho­to : Col­lec­tion of His­toric Rich­mond Town

 

Autoportrait d’Alice Austen en costume de fée à Clear Comfort, dans les années 1930. Alors qu’elle est dans la soixantaine, sa fantaisie et son goût pour les déguisements demeurent intacts. Mais la mélancolie et l’étrangeté qui se dégagent de l’image disent en creux la lente dégradation des conditions de vie d’Alice Austen et Gertrude Tate du fait de la crise de 1929. Malgré toutes leurs tentatives pour conserver Clear Comfort, la maison doit être cédée en 1944.Crédit photo : Collection of Alice Austen Museum

Auto­por­trait d’Alice Austen en cos­tume de fée à Clear Com­fort, dans les années 1930. Alors qu’elle est dans la soix­an­taine, sa fan­taisie et son goût pour les déguise­ments demeurent intacts. Mais la mélan­col­ie et l’étrangeté qui se déga­gent de l’image dis­ent en creux la lente dégra­da­tion des con­di­tions de vie d’Alice Austen et Gertrude Tate du fait de la crise de 1929. Mal­gré toutes leurs ten­ta­tives pour con­serv­er Clear Com­fort, la mai­son doit être cédée en 1944.
Crédit pho­to : Col­lec­tion of Alice Austen Muse­um

Avorter : Une lutte sans fin

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°13 Avorter, paru en mars 2024. Con­sul­tez le som­maire.

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