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Complotisme et transphobie : l’alliance des haines

Depuis plusieurs années, les sphères trans­pho­bes s’inspirent de plus en plus ouverte­ment des théories con­spir­a­tionnistes, mon­tre cette enquête inédite. Les fauss­es infor­ma­tions véhiculées ont des con­séquences désas­treuses pour les per­son­nes trans.
Publié le 02/02/2024

Modifié le 20/03/2025

Complotisme et transphobie : l'alliance des haines
Lucile Gau­ti­er pour La Défer­lante

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°13 Avorter, paru en mars 2024. Con­sul­tez le som­maire.

En 2018, Clara*, aide-soignante, fait son com­ing out trans. Ses par­ents cherchent d’abord à com­pren­dre ce qui leur échappe. « Ils voulaient des coupables, des respon­s­ables de ce que je vivais », se sou­vient la trente­naire.

Ils ten­tent d’en savoir plus sur le sujet par la télévi­sion, glanent des infor­ma­tions sur les réseaux soci­aux et s’inscrivent à des groupes de parole dans lesquels ils côtoient d’autres par­ents d’enfants trans, tous con­va­in­cus de devoir « les sauver ». Pour Clara, « c’était vrai­ment de la dés­in­for­ma­tion plus que de l’information, et surtout beau­coup de panique ». Après avoir insisté pour con­naître le nom de la psy­chi­a­tre de leur fille, ses par­ents veu­lent à tout prix la ren­con­tr­er. Et trou­vent leur coupable. « Ils ont estimé que ma thérapeute fai­sait par­tie d’une secte, qu’elle était dan­gereuse, que j’étais prise dans un engrenage qui me pous­sait à faire une tran­si­tion pour ses intérêts financiers. » D’une voix calme, Clara se remé­more les dis­putes famil­iales. Puis soupire : « Mon père a même com­paré ma tran­si­tion à l’endoctrinement dans la Jeunesse hitléri­enne. » Dans l’esprit de ses par­ents germe l’idée d’une vaste machi­na­tion, un plan orchestré dans l’ombre, avec un unique objec­tif : « tran­si­fi­er le monde ».

Clara red­oute le jour où sa tran­si­d­en­tité sera con­nue dans le ser­vice hos­pi­tal­ier où elle tra­vaille. Et pour cause. Depuis plusieurs mois, elle assiste, sidérée, à cer­taines dis­cus­sions entre ses col­lègues. Les per­son­nes trans sont qual­i­fiées de « dégénérées » vouées à « per­turber l’équilibre de la société » et à « anéan­tir la civil­i­sa­tion ». Aux com­man­des, un « lob­by », entité aus­si floue que menaçante. « Ces pro­pos, avant, je les voy­ais unique­ment sur Twit­ter. Aujourd’hui, toute cette haine s’est libérée dans la vraie vie… », con­clut Clara, atter­rée.

Depuis plusieurs années, les influenceur·euses com­plo­tistes s’attaquent avec vir­u­lence aux per­son­nes trans. En adop­tant une rhé­torique sim­ple, basée sur la peur, mais ter­ri­ble­ment effi­cace, leurs idées ont infusé dans la société. Allant même jusqu’à influ­encer les activistes anti­trans, à com­mencer par Dora Moutot et Mar­guerite Stern (lire encadré ci-dessous). Cette alliance des haines, ren­for­cée par des polémiques médi­a­tiques, con­tribue à propager de fauss­es infor­ma­tions et a des effets con­crets sur la vie des per­son­nes con­cernées. « La trans­pho­bie, c’est une de nos plus gross­es urgences. Depuis deux ans, nous con­sta­tons que la plus forte hausse des vio­lences LGBT­phobes vise les per­son­nes trans­gen­res », relève Maxime Haes, porte-parole de Stop homo­pho­bie.

Deux militantes antitrans

Anci­enne rédac­trice en chef adjointe de Kon­bi­ni, Dora Moutot est égale­ment autrice. Fig­ure bien con­nue des réseaux soci­aux, elle se revendique du fémin­isme. En 2018, elle lance le compte Insta­gram @tasjoui, sur lequel elle partage des infor­ma­tions sur la sex­u­al­ité exclu­sive­ment cis-fémi­nine et qui va faire grandir sa notoriété. C’est aus­si le point de départ de son activisme anti­trans : face aux cri­tiques qu’elle reçoit, elle s’insurge de ne plus pou­voir dire le mot « femme », et s’imagine être oblig­ée de par­ler de « per­son­nes à vul­ve » et de « pénis de femme », ce qu’elle refuse.

Mar­guerite Stern, elle, est une anci­enne Femen, du nom du groupe fémin­iste d’origine ukraini­enne, créé en 2008. Après avoir quit­té ce col­lec­tif, elle lance le mou­ve­ment des col­lages con­tre les fémini­cides à Paris, en 2019, alors qu’elle vit dans un squat d’artistes. Dès que les col­lages ont inclus les per­son­nes trans­gen­res – et alors qu’elle s’était déjà éloignée du mou­ve­ment –, elle exprime son oppo­si­tion au « trans­ac­tivisme » par une série de posts sur Twit­ter (pub­lié le 22 jan­vi­er 2020).

Après avoir choisi d’unir leurs forces, les deux mil­i­tantes lan­cent, au début de 2023, leur mou­ve­ment : Femel­liste. Comme indiqué sur leur site, une femel­liste est « une femme qui recon­naît qu’elle est une femelle humaine », et le mou­ve­ment « se posi­tionne comme force d’opposition face à l’idéologie trans­genre ». Leur man­i­feste a été signé par 1 700 per­son­nes, con­nues ou anonymes, par­mi lesquelles on retrou­ve notam­ment la pédopsy­chi­a­tre et psy­ch­an­a­lyste Car­o­line Eli­ach­eff, coprési­dente de l’observatoire La Petite Sirène.

Cer­tains médias ont une part de respon­s­abil­ité dans ce défer­lement de haine. Comme l’a révélé l’Association des jour­nal­istes les­bi­ennes, gays, bi·e·s, trans et inter­sex­es (AJL), dans une étude (1) pub­liée en févri­er 2023, qua­tre médias en par­ti­c­uli­er – Le Figaro, Le Point, Mar­i­anne et L’Express – mul­ti­plient les arti­cles pour « alert­er l’opinion publique sur la sup­posée dan­gerosité » de la tran­si­d­en­tité. Ces jour­naux con­ser­va­teurs ont pub­lié dans leurs colonnes de nom­breuses tri­bunes et inter­views visant « les dérives » d’une pré­ten­due « idéolo­gie trans­genre ». Des psy­ch­an­a­lystes comme Car­o­line Eli­ach­eff et Céline Mas­son, co-prési­dentes de l’observatoire La Petite Sirène (2), y dénon­cent fréquem­ment le futur « scan­dale san­i­taire » que représen­terait la tran­si­tion des mineur·es. « Aujourd’hui, il y a un back­lash envers les per­son­nes trans, notam­ment dans les médias main­stream. On le con­state par l’emploi de ter­mes qui vien­nent de l’alt-right (3) améri­caine comme “tran­si­d­en­ti­fiés”, “trans­ac­tivistes” ou “lob­by trans” », analyse Karine Espineira, soci­o­logue des médias à l’université Nice-Sophia-Antipo­lis, spé­cial­iste des con­struc­tions médi­a­tiques des tran­si­d­en­tités.

Le complotisme et les complotistes

Les chercheur·euses s’accordent générale­ment pour décrire le com­plo­tisme comme la ten­dance à attribuer abu­sive­ment l’origine d’un événe­ment ou d’un phénomène à l’action con­certée, occulte et malveil­lante d’un petit groupe d’individus ou d’une entité aux con­tours opaques. Exem­ple : « Les francs-maçons sont les seuls respon­s­ables du déclenche­ment de la Révo­lu­tion française. » Ces fameuses « théories du com­plot » per­me­t­tent de don­ner une expli­ca­tion sim­ple, mono­causale et fausse­ment rationnelle à chaque élé­ment défrayant l’actualité : atten­tats, cat­a­stro­phes naturelles, pandémies, guer­res ou encore phénomènes de société et autres buzz médi­a­tiques.

Surtout, le com­plo­tisme se cristallise autour de fig­ures de détes­ta­tion et désigne des cibles : les comploteur·euses. Au fil de l’histoire, cette « minorité agis­sante » a pris bien des vis­ages. Les Juifs et les Juives mais aus­si la franc-maçon­ner­ie, les com­mu­nistes, les homosexuel·les ont régulière­ment été accusé·es (et le sont tou­jours) d’œuvrer en secret dans l’objectif d’asservir le monde.

Reste à définir qui sont les com­plo­tistes. Vaste ques­tion pou­vant être abor­dée sous l’angle de la soci­olo­gie, de la psy­cholo­gie ou de l’orientation poli­tique et à laque­lle il est impos­si­ble de répon­dre en quelques lignes. Dis­tin­guons seule­ment les influenceur·euses com­plo­tistes – qui créent, dif­fusent et ali­mentent sci­em­ment des théories con­spir­a­tionnistes, notam­ment sur les réseaux soci­aux – des « sim­ples croyant·es ». Enfin, cer­taines per­son­nal­ités politi­co-médi­a­tiques flir­tent avec le com­plo­tisme en adop­tant ses codes, voire sa rhé­torique. C’est notam­ment le cas de Dora Moutot et Mar­guerite Stern, men­tion­nées dans notre arti­cle.

 

Les médias conservateurs, un terreau fertile

Dans les médias d’extrême droite, les attaques sont encore plus vio­lentes. En 2021, l’hebdomadaire Valeurs actuelles fait sa une sur « le délire trans­genre ». Deux ans plus tard, L’Incorrect, média sur la ligne poli­tique de Mar­i­on Maréchal, titre : « Trans, les enfants cobayes ». Dans Causeur, le jour­nal fondé par la polémiste Élis­a­beth Lévy, on préfère s’intéresser à « l’idéologie trans » qui « s’infiltre dans nos écoles », tout en évo­quant des « dérives sec­taires » et un « lob­by trans ». En fil­igrane émerge l’idée selon laque­lle la société serait vic­time d’une « pro­pa­gande trans­gen­riste ». Déjà, en 2021, sur le plateau de Quo­ti­di­en (Groupe TF1) l’historienne et psy­ch­an­a­lyste Élis­a­beth Roudi­nesco déclarait : « Je trou­ve qu’il y a un peu une épidémie aujourd’hui de trans­gen­res, il y en a beau­coup trop. » Il faut rap­pel­er ici que la tran­si­d­en­tité n’est pas une mal­adie qui serait con­tagieuse : la France a d’ailleurs été le pre­mier pays au monde à la retir­er de sa liste des affec­tions psy­chi­a­triques, en 2010 – Rose­lyne Bach­e­lot était alors min­istre de la San­té du gou­verne­ment Fil­lon, sous la prési­dence de Nico­las Sarkozy. Quant aux chiffres, d’après les sites offi­ciels du gou­verne­ment, en jan­vi­er 2022 on esti­mait entre 20 000 et 60 000 le nom­bre de per­son­nes trans en France. Soit entre 0,03 % et 0,09 % de la pop­u­la­tion française.

Même modèle, nouvelle panique morale

Ces dis­cours ne sont pas nou­veaux : ils rap­pel­lent ceux tenus par les opposant·es au mariage pour tous et toutes en 2012 (4). « Un moment de bas­cule sans précé­dent », analyse Rozenn Le Car­boulec, autrice de Les Humilié·es (Équa­teurs, 2023). Pré­ten­due défense des enfants et du mod­èle de la famille nucléaire, crainte de l’effondrement de la civil­i­sa­tion, dénon­ci­a­tion d’une déca­dence qui men­ac­erait les valeurs morales… « Les idées restent les mêmes, elles sont juste plaquées sur de nou­velles cibles », pour­suit la jour­nal­iste. Une panique sim­i­laire avait accom­pa­g­né la loi sur le pacte civ­il de sol­i­dar­ité (pacs), pro­posée en 1990 et adop­tée neuf ans plus tard. « Aujourd’hui, les droits des homosexuel·les, le mariage pour tous et toutes et même l’homoparentalité sont mieux accep­tés qu’avant dans la société. Alors que la tran­si­d­en­tité reste un sujet com­plexe, auquel les gens et pas mal de médias ne con­nais­sent pas grand-chose. Tout cela donne de la matière pour créer des paniques morales », souligne Rozenn Le Car­boulec.
Cer­taines fig­ures poli­tiques se sont égale­ment emparées de la ques­tion, à com­mencer par le fon­da­teur du par­ti d’extrême droite Recon­quête !, Éric Zem­mour. En 2021, sur le plateau d’Europe 1, il avait qual­i­fié la tran­si­d­en­tité de « mode crim­inelle » digne des « expéri­ences du doc­teur Men­gele », du nom de ce médecin nazi coupable de nom­breuses exac­tions sur des détenu·es des camps de con­cen­tra­tion. Un cal­cul poli­tique payant, selon la soci­o­logue Karine Espineira : « Aujourd’hui, la “ques­tion trans” a les mêmes fonc­tions que les débats sur l’immigration : c’est un thème qu’il faut abor­der si on veut obtenir de l’audience. »

Un élé­ment qui n’a pas échap­pé aux sphères com­plo­tistes en quête d’un sec­ond souf­fle post-crise san­i­taire. Au même titre que la guerre en Ukraine, les cam­pagnes vac­ci­nales ou le dérè­gle­ment cli­ma­tique, la tran­si­d­en­tité est dev­enue une obses­sion des désinformateur·ices. En témoigne l’intox déli­rante qui, à la fin de 2021, agite les réseaux soci­aux. Brigitte Macron serait née homme. Cette « affaire Jean-Michel Trogneux » – le nom de son frère, trans­for­mé en dead­name (5) de la pre­mière dame – fait mouche au sein de cer­tains milieux extrémistes, qui y voient la preuve ultime de la « dégénéres­cence » des « élites ». L’ancienne pre­mière dame états-uni­enne Michelle Oba­ma fait égale­ment régulière­ment l’objet de rumeurs de ce type.

Lucile Gautier pour La Déferlante

Lucile Gau­ti­er pour La Défer­lante

Flairant la bonne opéra­tion, les influenceur·euses com­plo­tistes enten­dent bien cap­i­talis­er sur cette thé­ma­tique promet­teuse en la gref­fant à leurs réc­its habituels. C’est le cas du polémiste fran­co-suisse Alain Soral. En décem­bre 2022, le sex­agé­naire dif­fuse un épisode de son émis­sion « mod­este­ment » inti­t­ulée SAPTR, pour Soral a presque tou­jours rai­son. Con­nu pour son anti­sémitisme et ses mul­ti­ples con­damna­tions pour con­tes­ta­tion de crimes con­tre l’humanité ou inci­ta­tion à la haine (6), il s’éloigne de ses marottes habituelles en s’attaquant à « la dérive LGBTQ+ ». Dans son viseur, les « trav­es­tis et les femmes à barbe ». Com­pren­dre : les per­son­nes trans. « Sans doute le sujet le plus impor­tant actuelle­ment, insiste-t-il. Ils ne devien­dront pas des garçons et des filles au sens réel du terme qui est la pos­si­bil­ité d’enfanter pour les uns, et de fécon­der pour les autres. […] On est là dans le pro­jet mon­di­al­iste de la déna­tal­ité (7). » Et de pour­suiv­re : « Qui der­rière a intérêt de tout ça et qui tire les ficelles ? […] Big Phar­ma [lire l’infographie ci-con­tre], marché de l’hormone, marché de la tran­si­tion. »

Alain Soral ne fait ici que gref­fer la tran­si­d­en­tité à des réc­its com­plo­tistes préex­is­tants. Il actu­alise la thé­ma­tique de la « dépop­u­la­tion », terme régulière­ment util­isé par les con­spir­a­tionnistes en référence à de sup­posés plans secrets mis en œuvre par une minorité agis­sante et visant à réduire la démo­gra­phie mon­di­ale.

« L’une des car­ac­téris­tiques des théories du com­plot repose sur l’idée qu’il y aurait une machi­na­tion our­die dans l’ombre, explique Arnaud Alessan­drin, soci­o­logue du genre, de la san­té et des dis­crim­i­na­tions à l’université de Bor­deaux. Con­cer­nant la tran­si­d­en­tité, cer­tains fan­tas­ment un pro­jet com­mun entre l’Éducation nationale, les médecins et les chercheurs pour rem­plac­er les enfants cis­gen­res par des enfants trans­gen­res. » Le psy­cho­logue Mor­gan Noam renchérit : « D’autres par­tent du principe qu’on va les rem­plac­er. Ils esti­ment que les per­son­nes trans veu­lent impos­er une manière de vivre qui viendrait effac­er les fron­tières du genre et inter­dire aux gens de se définir en tant qu’homme, femme ou même hétérosexuel·le. »

Le psychologue Morgan Noam décrypte régulièrement les offensives antitrans dans les médias conservateurs. Ici, dans une vidéo postée sur Instagram en juin 2023 sur le dossier de l’hebdomadaire Marianne « Transgenres, l’offensive identitaire ». Morgan Noam

Le psy­cho­logue Mor­gan Noam décrypte régulière­ment les offen­sives anti­trans dans les médias con­ser­va­teurs. Ici, dans une vidéo postée sur Insta­gram en juin 2023 sur le dossier de l’hebdomadaire Mar­i­anne « Trans­gen­res, l’offensive iden­ti­taire ». Mor­gan Noam

Un « grand rem­place­ment » (lire l’infographie) revis­ité à la sauce LGBT+, en quelque sorte. Cette théorie fumeuse, inven­tée et pop­u­lar­isée par l’écrivain d’extrême droite Renaud Camus, est régulière­ment asso­ciée à la tran­si­d­en­tité. Ain­si, en mars 2023, dans une vidéo inti­t­ulée Aver­tisse­ment : le grand rem­place­ment, le youtubeur relayant des thès­es com­plo­tistes Aldo Sterone (145 000 abonné·es) s’alarme d’un pré­ten­du « géno­cide blanc » se man­i­fes­tant par la pro­mo­tion d’une « idéolo­gie cas­tra­trice » à des­ti­na­tion des « Blancs en âge de repro­duc­tion ». Et con­clut : « C’est un plan qui est our­di con­tre vous, mes amis. » « Après les races, les sex­es », se désole quant à lui Renaud Camus, déplo­rant au pas­sage la « pro­mo­tion échevelée du trans ». La boucle est bouclée.


« On m’a déjà com­paré à un recru­teur dji­hadiste. Cela prou­ve que ces dis­cours influ­en­cent l’opinion publique et se réper­cu­tent dans les bistrots, les repas de famille et, évidem­ment, sur les réseaux soci­aux. »

Mor­gan Noam, psy­cho­logue


Du « lobby gay » au « lobby trans »

De ce gloubi-boul­ga infor­ma­tion­nel, une expres­sion émerge et fait office d’étendard : le « lob­by trans ». Un terme fourre-tout inspiré d’une longue tra­di­tion con­spir­a­tionniste. Après la Sec­onde Guerre mon­di­ale se développe l’idée qu’il exis­terait un « lob­by gay », une « mafia homo­sex­uelle » agis­sant sournoise­ment pour servir ses pro­pres intérêts (lire l’infographie). Par con­séquent, « utilis­er ce terme revient à stig­ma­tis­er un groupe », pré­cise Arnaud Alessan­drin. « La mécanique est sim­i­laire à la rhé­torique anti­sémite sur le lob­by juif, con­tex­tu­alise quant à lui Maxime Haes, porte-parole de Stop homo­pho­bie. Il s’agit de créer un faux con­stat qui prou­verait que des per­son­nes minori­taires, en l’occurrence les LGBT+ ou les Juifs, tirent les ficelles du pou­voir au détri­ment de l’intérêt général. »

« Avec cette idée de lob­by, on imag­ine que les per­son­nes trans pèsent sur la poli­tique du gou­verne­ment et la société dans son ensem­ble pour met­tre en péril les insti­tu­tions et les valeurs morales chré­ti­ennes, influ­encer les enfants ou même vol­er l’identité des femmes, analyse Mor­gan Noam. Nous, les trans, seri­ons en train de nous empar­er du monde pour impos­er notre idéolo­gie. » Dans les faits, la réal­ité est bien dif­férente. « L’idée selon laque­lle de plus en plus de gens seraient poussés à faire leur tran­si­tion est absurde, renchérit Tal Mades­ta, jour­nal­iste indépen­dant et auteur de La Fin des mon­stres. Réc­it d’une tra­jec­toire trans (La Défer­lante Édi­tions). Aujourd’hui, en France, tran­si­tion­ner c’est ris­quer de se couper de sa famille, ne pas trou­ver d’emploi ou de loge­ment, être sur­ex­posé aux vio­lences de toutes sortes, s’engager dans des par­cours médi­caux et chirur­gi­caux qui pren­nent des années et coû­tent des dizaines de mil­liers d’euros… »


« Les femmes trans sont présen­tées comme des “pré­da­teurs”. Mar­guerite Stern et Dora Moutot ont con­stru­it tout leur dis­cours sur ce pos­tu­lat. »

Karine Espineira, soci­o­logue


Ces dis­cours ne restent pas can­ton­nés aux sphères pure­ment com­plo­tistes. L’idée d’un com­plot trans infuse chez les militant·es anti-trans, à com­mencer par les plus vin­dica­tives : Dora Moutot et Mar­guerite Stern (lire l’encadréci-dessus). En 2020, cette dernière s’en pre­nait déjà au « trans­ac­tivisme », qu’elle qual­i­fi­ait de « nou­velle ten­ta­tive mas­cu­line pour empêch­er les femmes de s’exprimer ». Mar­guerite Stern en est per­suadée : les femmes trans veu­lent « infil­tr­er » les luttes fémin­istes, les pris­ons et les com­péti­tions sportives, et elle ne cesse de s’en insurg­er, sur X ou dans la presse au tra­vers de tri­bunes. « En plus d’être soupçon­nées de vouloir rem­plac­er les femmes [cis], les femmes trans sont présen­tées comme des “pré­da­teurs”, pré­cise la soci­o­logue Karine Espineira. Mar­guerite Stern et Dora Moutot ont con­stru­it tout leur dis­cours sur ce pos­tu­lat. » Moins pris à par­ti par les deux influ­enceuses, les hommes trans incar­n­eraient quant à eux « la fig­ure du traître », analyse Lex­ie, autrice (Une his­toire de gen­res, Marabout, 2021) et créa­trice du compte Insta­gram @aggressively_trans : « C’est la femme qui a décidé de rejoin­dre le camp des priv­ilégiés, ou la fig­ure du faible qui s’est fait con­t­a­min­er par les dis­cours de la femme trans. » Une idée que l’on retrou­ve en jan­vi­er 2023 dans le man­i­feste qui lance le mou­ve­ment Femel­liste, une pro­fes­sion de foi en qua­torze points de Dora Moutot et Mar­guerite Stern. Selon ce texte, « l’idéologie trans­genre » serait une thérapie de con­ver­sion qui pousserait les « les­bi­ennes à penser qu’elles se sen­ti­raient mieux en tant qu’homme hétéro » et les « hommes gays très “féminins” qu’ils seraient plus heureux en tant que femme ».

Au même titre que les com­plo­tistes, Dora Moutot et Mar­guerite Stern font de la tran­si­d­en­tité une men­ace civil­i­sa­tion­nelle.

En guerre contre une « idéologie »

« Méfiez-vous, l’idéologie trans est plus qu’une mode, c’est un pro­jet poli­tique mon­di­al », écrit, par exem­ple, Mar­guerite Stern sur X le 9 sep­tem­bre 2023. De son côté, dans ses sto­ries Insta­gram, Dora Moutot dénonce un « lob­by trans », une « coali­tion » d’associations : celles qui ont dénon­cé les pro­pos qu’elle a tenus dans l’émission « Quelle époque ! » sur France 2 en octo­bre 2022. Elle avait, à l’occasion d’une inter­view par Léa Salamé, qual­i­fié la mairesse trans Marie Cau d’« homme trans­féminin ».

Elle relie ce pré­ten­du lob­by à une autre anti­enne com­plo­tiste : l’industrie phar­ma­ceu­tique : « Le lob­by trans et l’industrie phar­ma ont tout intérêt à ce que des goss­es tran­si­tion­nent tôt dans la vie… Pourquoi ? Parce que tu prends des blo­queurs de puberté, ensuite tu prends des hor­mones et tu es client à vie. » Une « source de revenus » assurée sur les « qua­tre-vingts prochaines années », « un busi­ness plan roy­al ! » s’exclame-t-elle dans une sto­ry en juil­let 2023, réac­tu­al­isant un argu­men­taire cher aux com­plo­tistes (lire l’infographie). Non seule­ment Stern et Moutot imag­i­nent que « cer­tains pol­lu­ants et per­tur­ba­teurs endocriniens seraient […] en lien avec le nom­bre crois­sant de dys­pho­ries de genre », mais elles appel­lent aus­si les jour­nal­istes à enquêter sur « les liens entre l’industrie phar­ma­ceu­tique, les fonds d’investissement et les asso­ci­a­tions qui promeu­vent cette idéolo­gie ». Par­mi les per­son­nes pris­es pour cibles, un nom revient à plusieurs repris­es chez Dora Moutot : George Soros, fon­da­teur de l’Open Soci­ety Foun­da­tions. Ce mil­liar­daire et phil­an­thrope juif est régulière­ment accusé de financer tout type de lob­bys : les con­spir­a­tionnistes en ont fait un de leurs boucs émis­saires favoris. Une des sources de Dora Moutot ? La jour­nal­iste Jen­nifer Bilek, dont elle a partagé un arti­cle sur X en août 2022. Prob­lème : l’Américaine est con­nue pour ses pris­es de posi­tion anti­sémites et com­plo­tistes (8).

Pour faire con­naître leurs théories, les femel­listes ont prof­ité de la notoriété de médias comme Mar­i­anne, Le Figaro, L’Express, Le Point, Sud radio, mais aus­si Valeurs actuelles, L’Incorrect, Causeur, ou encore la chaîne YouTube Livre noir, qui les invi­tent régulière­ment. Les qua­tre derniers, moins con­nus du grand pub­lic, se situent à l’extrême droite. Une expo­si­tion médi­a­tique qui n’empêche pas Dora Moutot, ex-rédac­trice en chef adjointe de Kon­bi­ni, de pester con­tre « la notion gran­dis­sante de délit d’opinion » dans les médias main­stream. Un autre point com­mun avec les sphères com­plo­tistes, tou­jours promptes à dénon­cer la cen­sure dont elles seraient les vic­times.

Main dans la main avec l’extrême droite

Dis­cours sim­i­laires, rhé­torique iden­tique : Dora Moutot et Mar­guerite Stern ont d’autres points com­muns avec les con­spir­a­tionnistes. « Elles sont main dans la main avec l’extrême droite et les mou­ve­ments anti-droits. Ça donne l’impression qu’elles sont prêtes à sac­ri­fi­er leurs pré­ten­dues valeurs fémin­istes pour se faire enten­dre », décrypte Pauline Fer­rari, jour­nal­iste indépen­dante spé­cial­isée dans les ques­tions de genre et les nou­velles tech­nolo­gies, qui a par­ticipé à l’étude de l’AJL sur les tran­si­d­en­tités. Elles n’hésitent d’ailleurs pas à citer des fig­ures con­ser­va­tri­ces sur leurs réseaux : Joe Rogan, pod­cas­teur états-unien qui invite dans son émis­sion les con­spir­a­tionnistes les plus con­nus du pays ; Ben Shapiro, cofon­da­teur du média con­ser­va­teur The Dai­ly Wire ; Jor­dan Peter­son, psy­cho­logue et polémiste améri­cain proche de l’alt-right et qui n’a jamais caché son posi­tion­nement anti­trans ; Matt Walsh, activiste con­ser­va­teur améri­cain trans­pho­be par­ti­san de la restric­tion du droit à l’avortement… Un pêle-mêle de com­plo­tistes notoires et de mas­culin­istes (9). Cer­tains de ces derniers sont d’ailleurs dans les petits papiers des femel­listes, à com­mencer par Thier­ry Casas­no­vas, pro­mo­teur du crudi­vorisme et maintes fois épinglé par la Mis­sion inter­min­istérielle de vig­i­lance et de lutte con­tre les dérives sec­taires (Miviludes) (10), auprès de qui Dora Moutot est allée chercher con­seil pour soulager une mal­adie chronique de l’intestin grêle.

Mar­guerite Stern, de son côté, n’hésite pas à chanter sur X les louanges de Julien Rochedy, ancien directeur du Front nation­al de la jeunesse, qui a créé l’école Major en 2018, en pleine ère #MeToo, pour les hommes qui veu­lent « l’être et le rester » et ne pas devenir « une femme comme les autres ». En octo­bre 2023, la mil­i­tante dénonçait sur X la con­damna­tion de Paul Car­ton, ex-leadeur, à Rennes, du mou­ve­ment roy­al­iste d’extrême droite Action française, à qua­tre mois d’emprisonnement. Il avait recon­nu avoir man­i­festé sans autori­sa­tion con­tre une lec­ture de drag queen à des enfants, en scan­dant notam­ment : « Moins de trans, plus de France ». « Le pro­jet trans est un pro­jet poli­tique. Il avance très bien. Les puni­tions tombent. Il faut se réveiller, messieurs dames », con­clu­ait Mar­guerite Stern.

Les deux activistes dénon­cent régulière­ment la cen­sure et la répres­sion dont elles seraient vic­times, pour­tant elles béné­fi­cient d’appuis poli­tiques. À la suite de la polémique autour de l’affiche du Plan­ning famil­ial (11), elles sont toutes deux reçues par Aurore Bergé, alors députée et prési­dente du groupe Renais­sance à l’Assemblée nationale, dev­enue en jan­vi­er 2024 min­istre de l’Égalité entre les femmes et les hommes, mais aus­si par la députée Car­o­line Yadan (Renais­sance). Une insti­tu­tion­nal­i­sa­tion des dis­cours trans­pho­bes « par­ti­c­ulière­ment alar­mante », estime Rozenn Le Car­boulec.

Affiche de sensibilisation du Planning familial représentant un homme enceint, réalisée en 2022 par Laurier The Fox.LAURIER THE FOX / PLANNING FAMILIAL

Affiche de sen­si­bil­i­sa­tion du Plan­ning famil­ial représen­tant un homme enceint, réal­isée en 2022 par Lau­ri­er The Fox. LAURIER THE FOX / PLANNING FAMILIAL

Sur Internet, une violence de plus en plus brutale

Ces pro­pos ne sont pas sans con­séquences. Pour Arnaud Alessan­drin, les théories du com­plot grav­i­tant autour de la thé­ma­tique de la tran­si­d­en­tité sont « des élé­ments argu­men­tat­ifs qui vien­nent, a pos­te­ri­ori, légitimer les actions et les représen­ta­tions trans­pho­bes, les dur­cir, les sédi­menter, les cristallis­er », notam­ment au sein de l’entourage proche des concerné·es.

Sur son compte Instagram @aggressively_trans, l’autrice Lexie démystifie les parcours des personnes trans.LEXIE / AGGRESSIVELY_TRANS

Sur son compte Insta­gram @aggressively_trans, l’autrice Lex­ie démys­ti­fie les par­cours des per­son­nes trans. LEXIE / AGGRESSIVELY_TRANS

Les dis­cours haineux propul­sés par les cer­cles de dés­in­for­ma­tion et les militant·es anti­trans con­tribuent à légitimer la trans­pho­bie. « On m’a déjà com­paré à un recru­teur dji­hadiste, racon­te Mor­gan Noam. Cela prou­ve que ces dis­cours influ­en­cent l’opinion publique et se réper­cu­tent dans les bistrots, les repas de famille et, évidem­ment, sur les réseaux soci­aux. » Sans sur­prise, Inter­net est devenu, au fil des années, le lieu où s’exprime cette vio­lence de la manière la plus bru­tale. Maxime Haes en a fait les frais. À la suite d’une polémique qui a défrayé l’actualité en sep­tem­bre 2023, le porte-parole de Stop homo­pho­bie est invité sur le plateau de BFMTV pour dis­cuter de la prise en charge des per­son­nes trans par les instances médi­cales, en par­ti­c­uli­er les gyné­co­logues. Dans les jours qui suiv­ent, il reçoit sur les réseaux soci­aux pas moins de 25 000 mes­sages mêlant trans­pho­bie, insultes et men­aces. Pour­tant habitué au cyber­har­cèle­ment, il reste par­ti­c­ulière­ment mar­qué par cet épisode. « Je me suis ren­du compte de ce que vivaient les per­son­nes trans au quo­ti­di­en. J’ai per­du qua­tre kilos. Un gamin qui vit ça, il se flingue. Un ado qui vit ça, il se flingue. Un adulte qui n’a jamais vécu de har­cèle­ment et qui vit ça, il se flingue. »


« Quand on se retrou­ve, allongée au sol, à se pren­dre des coups de pied dans la mâchoire, on se dit que, oui, ces dis­cours en ligne ne peu­vent qu’avoir des con­séquences dans la vie réelle. »

Lex­ie


« Sur mon compte @aggressively_trans, on m’a déjà envoyé des pavés pour me décrire les muti­la­tions qu’on voulait me faire subir, racon­te Lex­ie. Tous ces dis­cours ont pour­ri ma san­té men­tale. Lire tous les jours que je serais “un pédophile”, et savoir que cer­tains pensent immé­di­ate­ment cela en me voy­ant, a un impact très con­cret sur mon estime de moi. » Aujourd’hui, elle craint de sor­tir de chez elle. « J’ai quand même été agressée dans la rue par des per­son­nes qui m’ont recon­nue. Et quand on se retrou­ve, allongée au sol, à se pren­dre des coups de pied dans la mâchoire, on se dit que, oui, ces dis­cours en ligne ne peu­vent qu’avoir des con­séquences dans la vie réelle. » Une crainte partagée par l’ensemble des per­son­nes inter­rogées pour cette enquête, toutes con­va­in­cues que les avancées sociales et juridiques en faveur de l’autodétermination des per­son­nes trans – dif­fi­cile­ment acquis­es – sont de plus en plus men­acées en France, et déjà réduites ou sup­primées ailleurs. Ain­si aux États-Unis, où plusieurs États ont déjà restreint leurs droits  ; en Russie, où à l’été 2023 les député·es ont adop­té une loi inter­dis­ant les tran­si­tions. Quant à Javier Milei, prési­dent d’extrême droite élu en novem­bre 2023 en Argen­tine – pre­mier pays au monde à avoir adop­té, en 2012, la loi d’identité de genre et donc le change­ment d’état civ­il –, il promet de com­bat­tre le « lob­by LGBT » et d’interdire le quo­ta per­me­t­tant aux per­son­nes trans d’accéder à des emplois publics. •

Making of

Cette enquête est née d’un con­stat, en août 2022, établi à la suite de la polémique sur l’affiche du Plan­ning famil­ial. À l’époque, des con­nex­ions s’opèrent entre cer­taines sphères extrémistes – notam­ment com­plo­tistes – et des militant·es anti­trans. Après dix mois de veille, nous avons ter­miné son écri­t­ure en décem­bre 2023.

Con­tac­tée par mail, Dora Moutot n’a pas don­né suite à nos deman­des d’entretien. Le 15 novem­bre 2023, elle expli­quait sur X en avoir « marre de par­ticiper au bruit ambiant » et avoir « besoin de silence ». Mar­guerite Stern a quant à elle éludé nos ques­tions, puis a pub­lié sur son compte Insta­gram les cap­tures d’écran de nos échanges. S’adressant aux « jour­nal­istes de gauche qui fliquent [leurs] moin­dres faits et gestes avec Dora », elle explique que, pour obtenir une réponse, « il ne faut pas [l]’accuser à l’avance d’être com­plo­tiste, d’extrême droite blabla. Sinon ça ne [lui] donne pas envie de répon­dre. »

Per­rine Bon­temps et Vic­tor Mot­tin

 


(1) L’étude « Tran­si­d­en­tités : de l’invisibilisation à l’obsession médi­a­tique », analyse les paru­tions en ligne de 21 médias entre août et novem­bre 2022.

(2) Cette asso­ci­a­tion est jugée trans­pho­be par de nom­breuses organ­i­sa­tions LGBT+, qui dénon­cent son lob­by­ing pour empêch­er, sous cou­vert de « pro­tec­tion de l’enfance », des tran­si­tions de mineur·es.

(3) L’alternative right (« droite alter­na­tive ») est une mou­vance de l’extrême droite états-uni­enne qui défend le supré­macisme blanc.

(4) Lire notre arti­cle dans La Défer­lante, no 12, novem­bre 2023.

(5) Le dead­name est le prénom don­né à la nais­sance mais aban­don­né par la per­son­ne pour choisir un nou­veau prénom qui cor­re­spond mieux à son iden­tité de genre.

(6) Dernière en date à l’heure où nous écrivons cet arti­cle : en octo­bre 2023, le tri­bunal can­ton­al vau­dois a con­damné en appel Alain Soral à soix­ante jours de prison ferme pour avoir traité de « grosse les­bi­enne » une jour­nal­iste suisse.

(7) Depuis 2016, les per­son­nes trans n’ont plus à jus­ti­fi­er du « car­ac­tère irréversible » de leur tran­si­tion pour obtenir leur change­ment d’état civ­il. Autrement dit, une per­son­ne trans n’est pas oblig­a­toire­ment stérile. Il est à not­er ici que de nom­breux obsta­cles juridiques empêchent les per­son­nes trans de faire famille : elles n’ont, encore aujourd’hui, pas le droit de béné­fici­er de la PMA, et ren­con­trent d’importants prob­lèmes d’établissement de leur fil­i­a­tion à l’état civ­il. Lire à ce sujet l’enquête de Rozenn Le Car­boulec et Tal Mades­ta dans Medi­a­part : PMA pour les per­son­nes trans : le grand flou, 5 novem­bre 2023.

(8) Lire à ce sujet l’article en ligne de l’ONG Anti-Defama­tion League (ADL), « Anti­semitism & Anti-LGBTQ+ Hate Con­verge in Extrem­ist and Con­spir­a­to­r­i­al Beliefs », 24 jan­vi­er 2023.

(9) L’idéologie mas­culin­iste, qui com­bat le fémin­isme, est à l’origine de plusieurs atten­tats, dont celui de l’École poly­tech­nique de Mon­tréal en 1989 qui causa la mort de qua­torze femmes – lire La Défer­lante no 4.

(10) Samuel Lau­rent, « Thier­ry Casas­no­vas, le déclin de l’empire du gourou du crudi­vorisme », Le Monde, 7 avril 2023.

(11) À l’été 2022, à la suite de la dif­fu­sion d’une affiche mon­trant un homme trans enceint (voir page 38), un déluge de haine trans­pho­be s’abat sur le Plan­ning famil­ial, relayée notam­ment par les élu·es de droite et d’extrême droite.

Les mots importants

Théorie du genre

« Théorie du gen­der », « théorie du genre sex­uel »...

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Perrine Bontemps

Journaliste pigiste pour la presse écrite et le podcast, elle est spécialisée dans les sujets sociétaux, en particulier les questions de genre. Voir tous ses articles

Victor Mottin

Journaliste, il travaille depuis plusieurs années sur les sphères complotistes, notamment au sein de l'Observatoire du conspirationnisme. Il collabore régulièrement avec la revue Usbek & Rica. Voir tous ses articles

Avorter : Une lutte sans fin

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°13 Avorter, paru en mars 2024. Con­sul­tez le som­maire.


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