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Comment répondre à la violence d’État ?

Du mou­ve­ment des retraites aux révoltes urbaines après la mort de Nahel Mer­zouk, en 2023 les con­tes­ta­tions sociales ont fait l’objet d’une intense répres­sion. Com­ment répon­dre à la vio­lence d’É­tat ? La non-vio­lence est-elle la bonne stratégie ? Débat avec trois femmes impliquées dans les luttes sociales, fémin­istes et écol­o­gistes : Isabelle Cam­bourakis, Wiam Berhouma et Sarah Fer­nan­dez.
Publié le 01/02/2024

Modifié le 16/01/2025

Lucile Ourvaouai pour La Déferlante
Illus­tra­tions Lucile Our­vouai

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°13 Avorter, paru en mars 2024. Con­sul­tez le som­maire.

Wiam Berhouma est pro­fesseure d’anglais man­datée à la com­mis­sion antiraciste de Sud édu­ca­tion, fait par­tie de la com­mis­sion de sud édu­ca­tion 93 et est maire adjointe déléguée à la cul­ture de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis). Mil­i­tante antiraciste depuis une dizaine d’années, elle a par­ticipé à la rédac­tion de l’ouvrage Entr­er en péd­a­gogie antiraciste. D’une lutte syn­di­cale à des out­ils pour l’émancipation (Shed Pub­lish­ing, 2023).

Isabelle Cam­bourakis est libraire dans les Cévennes. Chargée de la col­lec­tion « Sor­cières » aux édi­tions Cam­bourakis, elle mène des recherch­es sur les liens entre luttes écol­o­gistes et fémin­istes. Proche du mou­ve­ment écol­o­giste Les Soulève­ments de la Terre, elle a par­ticipé à la rédac­tion d’On ne dis­sout pas un soulève­ment. 40 voix pour Les Soulève­ments de la Terre (Seuil, 2023).

Sarah Fer­nan­dez est fran­co-chili­enne. En 2013, elle a fondé l’Asso­ci­a­tion d’autodéfense et de ressources pour le choix et l’autonomie des femmes (Arcaf), active à Paris et à Mar­seille, au sein de laque­lle elle enseigne l’autodéfense à des femmes, adultes et ado­les­centes. Elle est égale­ment investie dans le milieu de l’auto-édition et de la radio asso­cia­tive.

Au cours de l’année 2023, le gou­verne­ment et une par­tie des grands médias n’ont cessé de soulign­er la vio­lence des mou­ve­ments soci­aux. Partagez-vous leur con­stat ?

ISABELLE CAMBOURAKIS Il y a tou­jours un enjeu impor­tant autour de la déf­i­ni­tion de la vio­lence poli­tique.

Aujourd’hui, les pra­tiques man­i­fes­tantes sont dis­qual­i­fiées, sys­té­ma­tique­ment dépeintes comme vio­lentes, tan­dis que les vio­lences poli­cières et éta­tiques sont forte­ment niées. On entend beau­coup par­ler de « rad­i­cal­i­sa­tion mil­i­tante », mais on a surtout l’impression que c’est l’État qui se rad­i­calise, en crim­i­nal­isant à tout-va et en bru­tal­isant les per­son­nes qui se mobilisent, notam­ment dans les quartiers pop­u­laires. En 2023, on a assisté au déploiement d’unités poli­cières spé­ciales telles que la Brav‑M et le Raid (1), à une pro­fu­sion de grenades lancées sur la man­i­fes­ta­tion de Sainte-Soline, à la dis­so­lu­tion de col­lec­tifs, à des arresta­tions mas­sives et des mis­es sur écoute général­isées… Il y a une con­fu­sion totale entre ce qui est de la vio­lence et ce qui n’en est pas. Dernière­ment, le min­istre de l’Intérieur, Gérald Dar­manin, a par exem­ple déclaré que la vio­lence con­tre les biens était équiv­a­lente à la vio­lence con­tre les per­son­nes.

WIAM BERHOUMA Lors des révoltes qui ont fait suite à la mort de Nahel Mer­zouk (lire chronolo­gie plus bas), on était totale­ment dans cette dynamique. Per­son­ne ne se réjouit des voitures ou des mag­a­sins brûlés, mais la réponse est pro­por­tion­nelle à la vio­lence que l’État nous impose. On par­le quand même de la perte d’une vie humaine. Nel­son Man­dela dis­ait à juste titre que « c’est l’oppresseur et non l’opprimé qui déter­mine la forme de lutte. Si l’oppresseur utilise la vio­lence, l’opprimé n’aura pas d’autres choix que de répon­dre par la vio­lence. » On a presque assisté au meurtre de Nahel Mer­zouk, en direct, on a eu accès aux images, et mal­gré cela, les procédés habituels ont été util­isés par le pou­voir, qui a dif­fusé une ver­sion men­songère des policiers visant à crim­i­nalis­er la per­son­ne tuée. Ça aus­si, ça par­ticipe de la vio­lence. Le gou­verne­ment a un dis­cours raciste, totale­ment décom­plexé, à tra­vers lequel il assume de réprimer des révoltes dans le sang : la vio­lence du verbe accom­pa­gne la vio­lence du geste.

SARAH FERNANDEZ En ce moment, c’est telle­ment l’horreur à tous les niveaux que j’ai peur de l’impact que cela peut avoir dans des sphères plus intimes, à l’encontre des femmes et des enfants. Plus l’ambiance sociale est vio­lente, plus les repères sont brouil­lés, et plus les vio­lences sont banal­isées. On pour­rait com­par­er ce com­porte­ment de l’État à des sit­u­a­tions de vio­lence intime : il arrive que l’agresseur aug­mente peu à peu le niveau de vio­lence, de façon à faire accepter à la vic­time des choses de plus en plus inac­cept­a­bles. Et sou­vent, après avoir été vio­lent, il se jus­ti­fie en inver­sant la respon­s­abil­ité : « C’est ta faute, tu m’as énervé, tu n’as pas fait ce que je t’avais demandé. » C’est intéres­sant de voir que cette logique se retrou­ve exacte­ment dans des dis­cours policiers et éta­tiques. Si on sent que notre intégrité physique ou sex­uelle est men­acée, on a le droit de frap­per, de se défendre avec son corps. C’est de la légitime défense. Il est néces­saire de décon­stru­ire cet inter­dit : ce n’est pas inter­dit de recourir à la vio­lence quand elle est un moyen de se défendre ; se défendre, ce n’est pas agress­er.

S’inspirant des Brav-M, la gendarmerie a constitué ses propres pelotons motorisés d’intervention (PM2I), sur des quads, lors de la manifestation contre le projet de mégabassines de Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le 25 mars 2023. THIBAUD MORITZ / AFP

S’inspirant des Brav‑M, la gen­darmerie a con­sti­tué ses pro­pres pelo­tons motorisés d’intervention (PM2I), sur des quads, lors de la man­i­fes­ta­tion con­tre le pro­jet de mégabassines de Sainte-Soline (Deux-Sèvres),
le 25 mars 2023.
THIBAUD MORITZ / AFP

Cette accu­sa­tion de vio­lence, vous en avez fait les frais, Wiam Berhouma, avec vos col­lègues de Sud édu­ca­tion 93, à la suite de l’organisation de for­ma­tions syn­di­cales sur le racisme sys­témique…

WIAM BERHOUMA Lorsqu’il était min­istre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blan­quer a porté plainte con­tre notre syn­di­cat à deux repris­es (2). La pre­mière fois, en 2017, il a été applau­di à l’Assemblée nationale lorsqu’il demandait notre dis­so­lu­tion – rares sont les per­son­nal­ités poli­tiques qui s’y sont opposées, et nous avons subi un défer­lement de haine qui per­dure jusqu’à aujourd’hui. Tout ça parce que l’on met­tait en lumière un angle mort : le racisme insti­tu­tion­nel à l’école. De manière générale, les moyens que nous avons à dis­po­si­tion pour lut­ter sont extrême­ment frag­ilisés : aujourd’hui, aller man­i­fester, c’est-à-dire sim­ple­ment exprimer son opin­ion, c’est ris­quer d’être réprimé·e, éborgné·e par la police. Les mou­ve­ments antiracistes, en par­ti­c­uli­er, sont très vite dis­qual­i­fiés, défi­nis comme « vio­lents ». On le voit encore avec le sou­tien à la Pales­tine à la suite des bom­barde­ments de la bande de Gaza à par­tir d’octobre 2023 : un rassem­ble­ment paci­fique, c’est déjà inac­cept­able pour le gou­verne­ment, les médias et une par­tie de la pop­u­la­tion. On l’observe aus­si quand on regarde la façon dont le gou­verne­ment retire aux enfants racisés leur qual­ité d’enfant, en les vio­len­tant ou en les punis­sant sévère­ment s’ils par­lent pen­dant une minute de silence. Ou encore, avec les Hijabeuses, qui lut­tent pour le droit à porter un cou­vre-chef quand elles jouent au foot : quand elles ont décidé de faire un match devant l’Assemblée, c’était une action totale­ment non vio­lente et pour­tant la pré­fec­ture l’a inter­dite. Le fait que des per­son­nes qu’on ne veut pas voir – des femmes musul­manes, des per­son­nes non blanch­es – lut­tent, aient une voix, ne restent pas à la place qu’on leur assigne, pour le gou­verne­ment, c’est déjà de la vio­lence.

Dans ce con­texte, quelles straté­gies faut-il adopter dans les luttes ?

WIAM BERHOUMA Il nous faut adopter une forme de rad­i­cal­ité, pro­por­tion­née bien enten­du, à la fois parce qu’on voit bien que les march­es ne suff­isent pas, mais aus­si parce qu’il faut sor­tir de cette injonc­tion per­ma­nente à con­damn­er les jeunes qui brû­lent des voitures. Un de mes col­lègues, con­seiller munic­i­pal à Noisy-le-Sec, Tim­o­th­ée Gau­tierot, a quand même été placé en garde à vue pour avoir déclaré que les révoltes étaient une réponse légitime aux vio­lences poli­cières (3). À un moment, il faut se défaire de ces faux débats sur la vio­lence poli­tique, qui ouvrent la porte à beau­coup de mesures lib­er­ti­cides et occul­tent les vrais prob­lèmes. Si nos modes d’action sont perçus comme vio­lents par l’oppresseur, tant pis.

ISABELLE CAMBOURAKIS Dans le mou­ve­ment éco­lo, si le choix a été fait, entre autres par Les Soulève­ments de la Terre, d’adopter des pra­tiques plus frontales de « désarme­ment » des infra­struc­tures, c’est parce que les march­es, les luttes très juridiques, la vis­i­bil­ité pour­tant plus forte du mou­ve­ment n’avaient abouti absol­u­ment à rien. Les mou­ve­ments soci­aux doivent en per­ma­nence s’adapter au con­texte poli­tique et aux urgences, trou­ver des brèch­es pour faire avancer les choses.

SARAH FERNANDEZ Quoi que l’on fasse, ça sera tou­jours trop vio­lent, trop extrémiste, trop woke, trop non mixte… Nous n’avons pas le pou­voir sur le dis­cours, et par déf­i­ni­tion, aucune forme de rébel­lion con­tre l’ordre établi ne sera jamais bien vue par celui-ci. Mais l’une des straté­gies que l’on pour­rait partager, c’est celle de nom­mer sys­té­ma­tique­ment ce qui est en train de se pass­er, qui est en train d’agresser qui, et de le faire à dif­férents niveaux pour remet­tre les choses à leur place, dans leur con­texte. En 2019, qua­tre artistes chili­ennes du col­lec­tif Las Tesis ont fait une choré­gra­phie dans la rue en chan­tant : « C’est pas ma faute, c’est pas là où j’étais ni com­ment j’étais habil­lée, parce que le vio­leur, c’est toi », pour dénon­cer la cul­pa­bil­ité qu’on fait porter aux vic­times, la dimen­sion sys­témique des vio­lences sex­uelles et la com­plic­ité de la jus­tice, de la police et de l’État. Avec cette action, qui est dev­enue virale, elles ont réus­si à mobilis­er des mil­liers de per­son­nes dans le monde entier !


« La Com­mune de Paris ou la prise de la Bastille sont des référen­tiels pour beau­coup de per­son­nes, et pour­tant, quand les quartiers pop­u­laires se soulèvent, presque tout le monde con­damne. »

Wiam Berhouma


WIAM BERHOUMA Dans l’histoire de France, quels acquis ont été obtenus sans vio­lence ? La Com­mune de Paris ou la prise de la Bastille sont des référen­tiels pour beau­coup de per­son­nes, et, pour­tant, quand les quartiers pop­u­laires se soulèvent – sans tuer per­son­ne, rap­pelons-le –, presque tout le monde con­damne. On manque de rad­i­cal­ité dans nos posi­tions alors qu’on est dans des voies sans issue : on a demandé des récépis­sés de con­trôle d’identité, on a demandé l’arrêt de l’utilisation de tel ou tel dis­posi­tif de main­tien de l’ordre, on a équipé les policiers de caméras… et mal­gré cela, les vio­lences poli­cières et les con­trôles au faciès sont tou­jours aus­si mas­sifs, les procédés tou­jours aus­si racistes. Il existe une pra­tique que je trou­ve très intéres­sante : c’est le cop-watch­ing ou polic­ing the police, qui a été mis en place par les Black Pan­thers aux États-Unis dans les années 1960. Des patrouilles armées étaient organ­isées pour sur­veiller l’action de la police vis-à-vis des per­son­nes noires, pour empêch­er des crimes policiers et désamorcer des sit­u­a­tions vio­lentes. Comme elles étaient armées, cela rétab­lis­sait un rap­port de force et les dom­i­nants ne pou­vaient pas agir comme bon leur sem­blait. C’est un exem­ple d’actions dites vio­lentes qui per­me­t­tent en réal­ité d’éviter des morts. Parce que, aujourd’hui, on en est quand même à se deman­der com­ment se pro­téger de la police pour ne pas mourir.

Est-ce que des mou­ve­ments qui prô­naient la non-vio­lence ont déjà gag­né des batailles sociales et poli­tiques ?

ISABELLE CAMBOURAKIS Tout dépend de ce que l’on entend par « gag­n­er ». Je suis très inspirée par le Camp de femmes pour la paix de Green­ham Com­mon, un mou­ve­ment écofémin­iste, non mixte, non vio­lent et anti­mil­i­tariste des années 1980 en Angleterre (4). Ses mil­i­tantes ont réus­si à occu­per une base mil­i­taire pour y empêch­er l’installation de mis­siles nucléaires pen­dant dix-neuf ans à par­tir de 1981, sous le gou­verne­ment de Mar­garet Thatch­er. Sur le papi­er, elles n’ont pas gag­né. Les mis­siles ont fini par quit­ter la base avec la fin de la guerre froide. Mais il faut voir ce que cette occu­pa­tion a pro­duit. Lors d’une action, elles ont été jusqu’à 40 000 à entour­er la base mil­i­taire ! Leur mobil­i­sa­tion a don­né lieu à des ren­con­tres improb­a­bles et a créé des liens intergénéra­tionnels entre des femmes de dif­férents hori­zons qui, sans la non-vio­lence, ne se seraient pas mobil­isées à cette échelle. Dans le mou­ve­ment fémin­iste, à par­tir de la fin des années 1970, la prise de con­science de la dimen­sion sys­témique des vio­lences patri­ar­cales et sex­uelles amène une volon­té d’utiliser la non-vio­lence comme out­il de dépa­tri­ar­cal­i­sa­tion des vies. À Green­ham Com­mon, ce choix ouvre la porte à une grande créa­tiv­ité dans les actions directes, pour rem­plac­er les pra­tiques de con­fronta­tion tra­di­tion­nelles. Cette créa­tiv­ité, c’est d’abord le choix d’agir en non-mix­ité. Elles inven­tent des pra­tiques d’occupation, y com­pris artis­tiques et utopiques, dans l’idée de créer un lieu d’émancipation qui puisse être un con­tre-mod­èle à la société mil­i­tariste, patri­ar­cale et cap­i­tal­iste.

WIAM BERHOUMA Pour la lutte antiraciste, la ques­tion de la non-vio­lence devient vite une impasse, tant le racisme d’État est enrac­iné. La marche des Algérien·nes du 17 octo­bre 1961 à Paris était une marche paci­fique, non vio­lente, elle a pour­tant don­né lieu à une répres­sion sanglante, un véri­ta­ble mas­sacre, avec plus d’une cen­taine de per­son­nes tuées par balles ou jetées dans la Seine. Encore aujourd’hui, je me demande à quel point l’injonction à la non-vio­lence peut servir le dis­cours du gou­verne­ment. Ça lui per­met de dire : « On a autorisé cette man­i­fes­ta­tion, regardez à quel point on per­met la libre expres­sion des reven­di­ca­tions mil­i­tantes », tout en reje­tant une série d’autres actions, con­sid­érées comme trop rad­i­cales.

ISABELLE CAMBOURAKIS Cer­taines mil­i­tantes de Green­ham ont quand même fait de la prison et ont été tabassées par la police, mais il y avait une forme de respect parce que c’étaient des femmes et parce qu’elles avaient util­isé la non-vio­lence. Aujourd’hui, c’est dif­fi­cile de voir com­ment la non-vio­lence peut être un out­il effi­cace. En France, les actions, y com­pris sym­bol­iques, des mou­ve­ments éco­los non vio­lents comme Dernière Réno­va­tion ne sont pas com­pris­es et sont réprimées. Médi­a­tique­ment, elles ne sont pas mieux reçues que les actions de sab­o­tage ou de déman­tèle­ment de Sainte-Soline – au moins dans ce cas, il y a eu un mou­ve­ment d’adhésion et de sou­tien mas­sif à gauche (5). Quand, sur le mod­èle des Faucheurs volon­taires, les militant·es des Soulève­ments de la Terre se sont ensuite attaqué·es à des exploita­tions de maraîchage indus­triel dans la région nan­taise, on a assisté à une lev­ée de boucliers de per­son­nes hor­ri­fiées par le fait que l’on touche à des plantes.

Interpellation de dizaines de lycéen·nes à Mantes-la-Jolie (Yvelines), le 6 décembre 2018. Dans la vidéo, devenue virale, on entend : « Voilà une classe qui se tient sage. » Capture d’écran de la vidéo originale issue du compte X @Obs_Violences

Inter­pel­la­tion de dizaines de lycéen·nes à Mantes-la-Jolie (Yve­lines), le 6 décem­bre 2018. Dans la vidéo, dev­enue virale, on entend : « Voilà une classe qui se tient sage. »
Cap­ture d’écran de la vidéo orig­i­nale issue du compte X @Obs_Violences

Dans la lutte fémin­iste con­tre les vio­lences sex­istes et sex­uelles, il y a un courant impor­tant qui réclame des peines plus lour­des ou encore des moyens éten­dus pour la jus­tice et la police. N’est-ce pas une impasse que de faire appel à des insti­tu­tions judi­ci­aires et poli­cières répres­sives ? Y a‑t-il une réflex­ion autour d’autres solu­tions ?

ISABELLE CAMBOURAKIS Le mou­ve­ment fémin­iste en France n’est pas mono­lithique sur cette ques­tion, et ne l’a jamais été. Quand la ques­tion de la judi­cia­ri­sa­tion du viol est apparue dans les années 1970, il y a eu de grands débats. Une par­tie du mou­ve­ment ne demandait ni plus de police ni la prison sys­té­ma­tique pour les agresseurs. La cri­tique du sys­tème péni­ten­ti­aire était forte­ment présente dans les milieux mil­i­tants, même si on n’a pas eu de mou­ve­ment abo­li­tion­niste pénal (6) impor­tant, à la dif­férence des États-Unis. À cette époque aus­si, l’autodéfense a émergé comme une réponse effi­cace aux vio­lences. Françoise d’Eaubonne soulig­nait par exem­ple la néces­sité d’une prise en charge col­lec­tive et rad­i­cale des vio­lences sex­uelles et sex­istes et fai­sait sou­vent référence aux Dolle Mina, un groupe fémin­iste néer­landais qui pous­sait les harceleurs et les vio­leurs dans les canaux d’Amsterdam. Aujourd’hui, le courant abo­li­tion­niste pénal et polici­er se dif­fuse de plus en plus en France, en par­ti­c­uli­er grâce aux réflex­ions sur la jus­tice trans­for­ma­trice (7). De toute façon, au vu de l’état de la police et de la jus­tice, il faut bien trou­ver d’autres chem­ine­ments.

WIAM BERHOUMA Je ne sais même plus à quoi sert la police aujourd’hui, si ce n’est à main­tenir le sys­tème et les intérêts des dominant·es. On voit bien qu’elle est davan­tage syn­onyme de répres­sion que de pro­tec­tion aux yeux d’une majorité de per­son­nes, notam­ment dans les quartiers pop­u­laires. On devrait l’abolir et réfléchir col­lec­tive­ment à quelque chose qui per­me­tte vrai­ment de servir et de pro­téger les pop­u­la­tions.


« Au Chili, l’idée d’une jus­tice fémin­iste avec des approches anti-puni­tives et com­mu­nau­taires se développe, et c’est pas­sion­nant. »

Sarah Fer­nan­dez


SARAH FERNANDEZ Effec­tive­ment… En tant que for­ma­trice d’autodéfense, je me demande à quel point la peur de la police décourage une bonne par­tie des femmes à aller porter plainte en cas de vio­lences sex­uelles. Mais aus­si parce qu’il y a plein d’endroits où elle n’est pas présente – les quartiers pop­u­laires, les zones péri­ur­baines ou la cam­pagne –, parce qu’il n’y a plus de fonc­tion­naires, ou tout sim­ple­ment parce qu’on se dit que la police ne va pas se déplac­er pour une agres­sion. Au Chili aus­si, l’idée d’une jus­tice fémin­iste avec des approches anti-puni­tives et com­mu­nau­taires se développe, et c’est pas­sion­nant. Mais en se focal­isant beau­coup sur la puni­tion des agresseurs, on éclipse la ques­tion des vic­times. On oublie de leur redonner du pou­voir, de leur don­ner accès à leurs droits et à des ressources pour se défendre, pour rompre leur isole­ment. Y com­pris des ressources matérielles, car il y a beau­coup de femmes qui ne peu­vent pas s’échapper d’une sit­u­a­tion vio­lente, sim­ple­ment parce qu’elles ne peu­vent pas lâch­er un boulot ou un apparte­ment. Nom­breuses sont d’ailleurs celles qui se retrou­vent en grande pré­car­ité de loge­ment par suite d’une sépa­ra­tion. Les vio­lences sex­istes et sex­uelles ne sont pas anodines, elles ont un impact fort sur notre vie pro­fes­sion­nelle, famil­iale, sociale. Pen­dant la mobil­i­sa­tion con­tre la réforme des retraites, on a par­lé des femmes qui voient leur car­rière hachée à cause des grossess­es, des enfants, des temps par­tiels, mais il y a aus­si la ques­tion des vio­lences, qui font qu’une par­tie d’entre elles quit­tent un emploi ou arrê­tent leurs études.

ISABELLE CAMBOURAKIS Aujourd’hui, dans cette société extrême­ment vio­lente, il y a un vrai besoin de s’organiser autour de pra­tiques qui font du bien et créent de la sol­i­dar­ité. De plus en plus d’outils autour du soin, de la répa­ra­tion, de l’aide mutuelle ou de la san­té com­mu­nau­taire se dif­fusent, notam­ment dans les milieux mil­i­tants antiracistes états-uniens, ou à tra­vers des travaux comme ceux d’Adrienne Maree Brown ou Dean Spade (8).

Des dispositifs légaux qui criminalisent les mouvements sociaux

Dans La Démoc­ra­tie en état d’urgence. Quand l’exception devient per­ma­nente (Seuil, 2022), la juriste Stéphanie Hen­nette-Vauchez rap­pelle que, entre les atten­tats de novem­bre 2015 et la fin de l’année 2021, la France a passé plus de la moitié du temps sous état d’urgence, ter­ror­iste ou san­i­taire  : 44 mois sur 75, durant lesquels le gou­verne­ment a dis­posé de pou­voirs exor­bi­tants, ayant un impact impor­tant sur les lib­ertés et l’état de droit. La juriste a ain­si recen­sé « plus de dix mille mesures atten­ta­toires aux lib­ertés – perqui­si­tions admin­is­tra­tives, assig­na­tions à rési­dence, con­trôles d’identité, inter­dic­tions de man­i­fester » entre 2015 et 2017. Deux ans plus tard, l’État impo­sait un con­fine­ment avec attes­ta­tions de sor­tie et un cou­vre-feu de huit mois, tout en légiférant par voie d’ordonnances dans une large var­iété de domaines.

Les gou­verne­ments suc­ces­sifs ont fait entr­er dans le droit com­mun toute une série de mesures pro­pres à l’état d’urgence et pas moins de huit lois antiter­ror­istes ont été votées, ain­si qu’une loi « anti-casseurs » en 2019, et une loi sur la sécu­rité glob­ale en 2020. Pour Sophie Hen­nette-Vauchez, « l’État de droit n’a pas réus­si à domes­ti­quer l’état d’urgence : il s’est au con­traire adap­té à la logique de restric­tion des droits et lib­ertés con­tenue dans l’état d’urgence ». Ces mesures entra­vent aujourd’hui la lib­erté de man­i­fester, d’informer, de s’opposer à des réformes et con­tribuent à la crim­i­nal­i­sa­tion crois­sante des per­son­nes qui se mobilisent. Régulière­ment, des asso­ci­a­tions, des col­lec­tifs ou des syn­di­cats font l’objet de polémiques, et leur exis­tence est men­acée, quand ils ne sont pas directe­ment dis­sous (comme le Col­lec­tif con­tre l’islamophobie en France, en décem­bre 2020, ou Les Soulève­ments de la Terre, en juin 2023 – dis­so­lu­tion annulée par le Con­seil d’État en novem­bre 2023). Enfin, « l’usage exces­sif de la force » à l’encontre des manifestant·es alarme insti­tu­tions et ONG inter­na­tionales, qui soulig­nent que la rad­i­cal­ité de cer­tains mou­ve­ments ne jus­ti­fie pas une répres­sion aus­si vio­lente.

SARAH FERNANDEZ En effet, l’une des con­séquences des vio­lences, qu’elles soient d’État ou intimes, c’est la destruc­tion des liens soci­aux et l’isolement des vic­times. Quand, à un niveau éta­tique, on force à l’exil, on empris­onne, on tue, ou bien à un niveau plus indi­vidu­el, quand des femmes, des per­son­nes racisées, des per­son­nes LGBT+ déser­tent des espaces poli­tiques parce qu’elles n’ont pas envie d’y crois­er un agresseur ou parce qu’elles n’en peu­vent plus des dis­crim­i­na­tions quo­ti­di­ennes, cela par­ticipe de cet isole­ment. Tout en sachant que beau­coup arrivent dans le mil­i­tan­tisme avec des vécus impor­tants de vio­lence déjà subie. Pour que les espaces de luttes puis­sent être acces­si­bles et ne lais­sent per­son­ne sur le côté, il est néces­saire de se deman­der com­ment on est impacté·es par les vio­lences et de tra­vailler sur les agres­sions sex­istes, racistes, validistes, LGBT­phobes au sein de ces milieux. Il y a de plus en plus de réflex­ions sur les pra­tiques de soin au sens large, c’est-à-dire la façon dont on se retrou­ve, dont on s’écoute, dont on val­orise les com­pé­tences néces­saires pour mon­ter un jardin col­lec­tif, s’occuper des gens, ou créer des struc­tures inter­net fémin­istes auto­gérées, par exem­ple. Ces espaces de lien social qui se créent ici et là m’inspirent beau­coup.

Vio­lences sex­istes et sex­uelles, racisme sys­témique, inac­tion cli­ma­tique…, les raisons de la colère sont nom­breuses. Observez-vous, autour de vous, des vel­léités d’illégalisme, de vio­lence physique, de sab­o­tage ?

ISABELLE CAMBOURAKIS L’été dernier, au Larzac, j’ai par­ticipé à deux tables ron­des sur le choix entre vio­lence et non-vio­lence, dont une sur la place des femmes dans dif­férents types d’actions. La ques­tion de la vio­lence est une sorte de ser­pent de mer dans le mou­ve­ment éco­lo, mais en ce moment, il y a une poli­ti­sa­tion de la vio­lence des femmes, avec un désir de décon­stru­ire l’essentialisation d’une non-vio­lence « fémi­nine », de ne plus être assignées aux espaces de soin et à la base arrière, de s’emparer de modes d’action frontaux, tout en dis­cu­tant le vir­il­isme qui imprègne cer­taines actions. Dans les mou­ve­ments anti­spé­cistes par exem­ple, où les actions directes choisies peu­vent être assez rad­i­cales, il y a beau­coup de femmes. On le voit ailleurs : le black bloc est bien plus mixte qu’il ne l’était à une cer­taine époque (9). Mais en même temps, il y a une poli­ti­sa­tion du soin, et notam­ment une cri­tique de ce que coûte le choix de la con­fronta­tion dans un con­texte si répres­sif que des cama­rades se retrou­vent en prison ou grave­ment blessé·es.


« En ce moment, on observe une poli­ti­sa­tion de la vio­lence des femmes, avec un désir de décon­stru­ire l’essentialisation d’une non-vio­lence “fémi­nine”, de ne plus être assignées aux espaces de soin et à la base arrière. »

Isabelle Cam­bourakis


SARAH FERNANDEZ Je n’ai pas la sen­sa­tion que les femmes qui vien­nent en stage d’autodéfense sont plus énervées qu’avant. Depuis #MeToo et la libéra­tion de la parole et de l’écoute sur l’inceste, il est beau­coup moins rare aujourd’hui d’entendre des par­tic­i­pantes racon­ter des vécus de vio­lence car­ac­térisée lors du pre­mier tour de présen­ta­tion. Dans les stages, on ne donne pas de règles, on informe au sujet de la loi sur la légitime défense, sur ses con­séquences. Ensuite, cha­cune fait ses choix. Mais j’observe que les femmes n’ont générale­ment pas envie d’utiliser la vio­lence. Bien sûr, il peut y avoir des moments d’effusion où on fait des blagues du genre « le pre­mier qui me saoule, ça va mal se pass­er pour lui » ou « main­tenant, on va défon­cer tout le monde ». Mais l’irascibilité extrême est sou­vent la con­séquence de la vio­lence subie. À par­tir du moment où on trou­ve un espace de con­fi­ance, de sécu­rité, on est sou­vent moins énervé·e mais aus­si plus disponible pour s’organiser de manière con­struc­tive, pour soi et pour se défendre peut-être à une plus grande échelle. D’autant que cer­tains com­bats deman­dent du temps, comme se sépar­er d’un parte­naire vio­lent, par exem­ple. Le stage d’autodéfense est un espace où l’on peut laiss­er jail­lir, libér­er des formes d’énergie et de colère con­sid­érées comme quelque chose de vio­lent et d’un peu fou. À la fin, c’est plutôt moi qui suis en colère parce que je suis aux pre­mières loges de ce que les vio­lences font aux femmes. Voir les con­séquences que ça a sur elles, sur leur corps, leur manque d’assurance, leur sen­ti­ment d’illégitimité…, ça m’affecte for­cé­ment.

WIAM BERHOUMA Face au racisme sys­témique, il y a des volon­tés de s’organiser et de résis­ter dès le plus jeune âge. Sur la ques­tion de l’orientation sco­laire par exem­ple, un élève qui fait appel de ce qui a été choisi pour lui, ça embête les per­son­nels de l’éducation, mais en fait, c’est une forme de résis­tance à une machine qui ori­ente mécanique­ment des êtres humains pour répon­dre à des besoins cap­i­tal­istes et combler des vides dans le secteur de l’emploi. En tant qu’enseignante, je trou­ve que les péd­a­go­gies alter­na­tives de bell hooks ou Freinet sont de bons moyens de lutte con­tre la vio­lence sys­témique dans l’éducation. Parce qu’il y a celles et ceux qui meurent des mains de la police, mais il y a aus­si les vic­times indi­rectes liées à un sys­tème qui fait croire à la méri­to­cratie, à l’égalité des chances, au fait que, si on n’y arrive pas, c’est notre faute. Dès le plus jeune âge, cet écrase­ment tue les gens à petit feu, nuit à leur san­té men­tale et peut con­duire à des sui­cides, on le voit en par­ti­c­uli­er en Seine-Saint-Denis ou dans les ex-colonies départe­men­tal­isées. Si on prend le cas des vio­lences poli­cières, il y a de fortes envies de répon­dre de manière beau­coup plus vio­lente, et la colère est totale­ment légitime. Bien sûr que, indi­vidu­elle­ment, per­son­ne ne souhaite la vio­lence, et sou­vent, les per­son­nes qui lut­tent de manière plus « vio­lente » sont les pre­mières à y per­dre. En tant que prof·es, c’est dif­fi­cile de com­pos­er parce qu’on a envie d’éviter aux jeunes de se met­tre en dan­ger, de les pro­téger, qu’on ne veut pas les voir mourir des mains de la police… mais que peut-on leur dire quand ils et elles nous répon­dent que subir toutes ces injus­tices ce n’est pas non plus une vie ? •

Une intensification de la répression policière

Automne-hiver 2018–2019

Le mou­ve­ment des Gilets jaunes sus­cite une impor­tante répres­sion poli­cière et judi­ci­aire. Selon Amnesty Inter­na­tion­al : 2 500 blessé·es côté manifestant·es, dont 24 ont été éborgné·es et 5 ont eu la main arrachée. En décem­bre 2018, Zineb Redouane, 80 ans, est tuée à Mar­seille par une grenade lacry­mogène tombée dans son apparte­ment.

Janvier-avril 2023

Mobil­i­sa­tion mas­sive con­tre la réforme des retraites, avec des journées de grève comp­tant jusqu’à plus de 3 mil­lions de manifestant·es. De nom­breuses actions de blocage (routes, raf­finer­ies, coupures d’électricité, etc.) sont organ­isées, réprimées à coups de matraque et de gaz lacry­mogène par la police. Plus de 400 syn­di­cal­istes de la CGT seront ensuite poursuivi·es en jus­tice.

25 mars 2023

Man­i­fes­ta­tion écol­o­giste de 30 000 per­son­nes con­tre un pro­jet de mégabassines à Sainte-Soline. La brigade de répres­sion de l’action vio­lente motorisée (Brav‑M) est déployée, plus de 5 000 grenades sont tirées en l’espace de deux heures, 200 per­son­nes sont blessées, dont 40 griève­ment.

27 juin-juillet 2023

Mort de Nahel Mer­zouk, 17 ans, tué par un polici­er lors d’un con­trôle routi­er à Nan­terre (Hauts-de-Seine). S’ensuivent deux semaines de révoltes urbaines très sévère­ment réprimées : plusieurs per­son­nes ont été grave­ment blessées, et, à Mar­seille, Mohamed Ben­driss a été atteint par deux tirs de LBD. Près de 3 500 per­son­nes, mineures pour moitié, sont inter­pel­lées et écopent de très lour­des peines au regard des faits.

Entre­tien réal­isé en visio­con­férence le 13 octo­bre 2023 par Mathilde Blézat, jour­nal­iste indépen­dante, autrice de Pour l’autodéfense fémin­iste (La Dernière Let­tre, 2022). Arti­cle édité par Diane Milel­li.


(1) Brav‑M : brigade de répres­sion de l’action vio­lente motorisée. Raid : unité d’élite de la Police nationale, acronyme de Recherche, assis­tance, inter­ven­tion, dis­sua­sion.

(2) En novem­bre 2017, Jean-Michel Blan­quer porte plainte pour « diffama­tion » con­tre Sud édu­ca­tion 93 pour avoir util­isé le terme de « racisme d’État ». En avril 2018, il saisit le pro­cureur de la République au motif que le syn­di­cat aurait fait preuve de « dis­crim­i­na­tion » en organ­isant des ate­liers non mixtes. Deux plaintes classées sans suite.

(3) Le 9 juil­let, l’élu pub­li­ait sur Insta­gram la vidéo d’une inter­pel­la­tion vio­lente, assor­tie du com­men­taire : « Pas d’appel au calme. La France mérite plus d’émeutes. »

(4) Lire à ce sujet l’article de Sophie Bout­boul dans le no4 de La Défer­lante, décem­bre 2021.

(5) La tri­bune « Nous sommes les Soulève­ments de la Terre » pub­liée le 30 mars 2023 en réac­tion à l’annonce de dis­so­lu­tion du mou­ve­ment par le min­istre de l’Intérieur a été signée par plus de 7 5 000 per­son­nes.

(6) Ce courant poli­tique vise l’abolition de la prison et du sys­tème pénal.

(7) Les con­cepts de jus­tice « trans­for­ma­trice », « trans­for­ma­tive » ou « restau­ra­tive », font référence à des pra­tiques con­sis­tant à écouter les vic­times, les agresseurs et les per­son­nes témoins, et à trou­ver des out­ils pour répar­er les liens et com­pren­dre le con­texte dans lequel l’agression a eu lieu.

(8) Adri­enne Maree Brown est une écrivaine et mil­i­tante fémin­iste noire états-uni­enne, proche de Black Lives Mat­ter et du mou­ve­ment abo­li­tion­niste pénal. Dean Spade, avo­cat et activiste trans, milite pour les droits des per­son­nes trans.

(9) Lire l’article d’Elsa Gam­bin, « T’as jamais vu une femme qui se bat ? », La Défer­lante no3, sep­tem­bre 2021.

Mathilde Blézat

Journaliste indépendante basée à Marseille, elle est coautrice du manuel féministe Notre corps nous mêmes (Hors d’atteinte 2020) et cofondatrice de la revue Panthère première. En février 2022, elle a publié Pour l’autodéfense féministe (Editions de la dernière lettre). Voir tous ses articles

Avorter : Une lutte sans fin

Retrou­vez cet arti­cle dans la revue La Défer­lante n°13 Avorter, paru en mars 2024. Con­sul­tez le som­maire.


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